La position de la Franc Maçonnerie Portugaise pendant la I Guerre mondiale

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La publication d’articles et autres publications sur le thème de la I Guerre mondiale et de la participation portugaise à celle-ci ont pris une ampleur importante depuis les cérémonies du Centenaire de la dite Grande Guerre, LusoJornal étant très actif avec de nombreux articles traités dans ses colonnes.

Ces dernières années ont également été édités plusieurs ouvrages avec un caractère plutôt mémorialiste.

De nos lectures estivales, soulignons le livre de António Ventura : «A Maçonaria portuguesa e a Grande guerra (1914-1918)» aux éditions Nova Vega.

Dans la présentation de l’ouvrage nous pouvons lire : «Fidèle aux grandes valeurs instituées, la Franc-maçonnerie a toujours eu une influence dans des événements historiques remarquables. La I Guerre mondiale (1914-1918) en fait partie. Sur le plan individuel, comme le prescrivait son obédience, elle a également pris position par rapport à ce conflit. Il y avait ceux qui étaient favorables à la participation portugaise via le maintien des colonies, alors sous attaque allemande, et ceux qui, conscients de nos faibles moyens militaires, y étaient opposés. Dualité de positions à l’image de la pensée du Portugal, déjà sous l’égide de la jeune République, souhaitant, d’une part, s’affirmer sur la scène internationale et, d’autre part, craignant qu’il ne soit pas à la hauteur de participer la guerre, comme, en fait, pensait l’Angleterre. En représailles à l’emprisonnement de navires germaniques ancrés dans les ports portugais, l’Allemagne nous déclara la guerre et ainsi notre participation à ce conflit mondial fut définitivement décidée».

S’il y a bien un auteur documenté et connaisseur en la matière, c’est bien António Ventura, l’auteur de l’ouvrage.

António Ventura est titulaire d’un doctorat en histoire contemporaine. Professeur au Département d’Histoire de la Faculté des Lettres de l’Université de Lisboa et dans le Numéro Académique de l’Académie Portugaise d’Histoire, il est l’auteur d’une vaste bibliographie sur l’Histoire Contemporaine, avec plus de 300 ouvrages publiés. Il a collaboré à plusieurs publications périodiques nationales et étrangères et a donné des conférences et participé à des congrès scientifiques en Espagne, France, Italie, Suisse, États-Unis d’Amérique, Canada, Macao, Chine, Luxembourg, Pologne, Mexique, Belgique et Russie.

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Petit rappel sur la Franc-Maçonnerie. Elle a été créée en Angleterre en 1717 et a fait ses premiers pas au Portugal en 1727, grâce à un catholique anglais qui a fondé la 1ère Loge à Lisboa, toutefois la Franc Maçonnerie portugaise ne prend de l’ampleur qu’au début du XIX siècle avec la création du Grande Oriente Lusitano, en 1802, réunissant dans son sein des Laïques, des Socialistes et des Républicains.

Le côté discret de l’institution a conduit à ce que Salazar l’interdise au Portugal dès 1935. On trouve parmi les grands défenseurs de la Franc Maçonnerie au Portugal, l’écrivain-poète Fernando Pessoa.

La vie de cette institution au Portugal n’est devenue «normale» qu’après le 25 avril 1974.

Signalons la publication du journal «A vanguarda» (lire ICI), quotidien républicain indépendant, comme il se nomme. Il a eu une grande influence dans la propagation des idées républicaines, son Directeur étant Magalhães Lima.

Tout ceci conduira à l’implantation de la 1ère République, le 5 octobre 1910.

Témoignant de l’influence de la Franc Maçonnerie Portugaise au début de la République, citons quelques chiffres, très éloquents : entre 1910 et 1926, près de 50% des Ministres, Sénateurs et Députés étaient Maçons, 3 des 7 Présidents de la République, 19 des 31 Chefs de Gouvernement, de la période, furent Fronts Maçons.

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Le livre d’António Ventura aborde plutôt les positions, sur le thème de la I Guerre, aussi bien des institutions que celles individuelles, la Guerre ayant éclaté, par ailleurs, à un moment où la Franc Maçonnerie portugaise traversait un grave conflit interne qui a conduit à sa scission.

Le GOLU, Grande Oriente Lusitano Unido, a pris, dès le début de la Guerre, une position claire, manifestant un total appui aux Alliés. Thème qu’António Ventura aborde, dans le 1er chapitre de son livre en citant beaucoup de communiqués, conférences et en donnant des exemples, tel que l’action de l’atelier Carolina Ângelo et la création de la Cruzada das Mulheres Portuguesas. Le GODU et son vénérable, Magalhães Lima, n’ont cessé de nouer des relations avec d’autres institutions mondiales, n’hésitant pas à voyager pour mieux affirmer sa position.

Dans le 2ème chapitre est abordé le Suprême Conseil du 33ème degré du REAA Luso-Ecossais, l’institution et sa position sur la Guerre. Il en ressort que le Suprême Conseil a eu, d’une façon générale, à peu près une attitude semblable à celle du GOLU, toutefois moins visible, le thème étant également moins traité dans ses réunions. Un de ses membres, António Germano Ribeiro de Carvalho, a participé d’une façon très active dans la campagne de Flandres. Des réflexions écrites d’un de ses membres, le Capitaine médecin Ramon Nonato de la Féria, présent en Flandres, ne laissent aucun doute sur la position du Suprême Conseil.

Le troisième chapitre est consacré au 1er centenaire de la mort de Gomes Freire de Andrade, qui fut lâchement assassiné en octobre 1817. Gomes Freire de Andrade a été l’un des fondateurs du Grand Oriente Lusitano. Ce Général a eu un vie très riche, ayant servi les troupes portugaises, russes, italiennes et françaises au gré des guerres et de ses convictions politiques.

La responsabilité du crime de la mort de Gomes Freire de Andrade est attribuée au, Maréchal anglais Beresford, qui accusait le Général de sentiment antibritannique et ce depuis l’Ultimatum de 1890. Pour le centenaire de sa mort, un programme très complet et vaste fut mis en place entre le 17 et le 28 octobre 1918. Le 17 après-midi, dans toutes les écoles de tous niveaux, le nom de Gomes Freire de Andrade fut évoqué, le 18 octobre fut même déclaré férié en 1918.

Des centaines de Maçons portugais ont participé à la Grande Guerre. Ils étaient, en majorité, membres du Commandement, l’institution étant, d’une certaine façon élitiste, peut-être un peu, malgré elle.

Ne pouvant pas parler de tous les Francs Maçons qui ont participé à la Guerre, António Ventura a choisi d’évoquer tous ceux qui y ont été victimes en combat ou à la suite de maladies : 7 sont morts en Angola, 5 au Moçambique, un au Portugal, un au Cabo Verde, un dans un sous-marin, un dans un bateau et 4 en Flandres. Parmi les 20, 6 sont morts de maladie et un de motif inconnu.

Les quatre Francs Maçons morts en France sont Eduardo da Fonseca Guerreiro, décédé le 10 avril 1918 de ses blessures, Júlio Soares Serrão da Silva Machado, le 9 avril 1918, pendant la Bataille de La Lys, Joaquim Magno, de maladie et Óscar Monteiro Torres, l’unique aviateur portugais mort en combat (lire ICI).

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