Le 25 janvier 1938 on a cru au Portugal, en Europe, à la fin du monde

[pro_ad_display_adzone id=”37510″]

 

Des souvenirs remontent, des dires de nos parents refont surface, c’est le cas de l’histoire/évènement que nous allons vous raconter.

Notre père avait 13 ans, le souvenir lui est resté, toutefois, quel jour, quel année s’était-il produit? Il ne pouvait préciser.

Nous venons de le découvrir, par nos lectures des journaux de la première moitié du XXème siècle. L’événement s’est produit en fin de journée du 25 janvier, nuit du 25 au 26 janvier 1938: une aurore boréale.

Une aurore boréale particulière: elle a couvert toute l’Europe, notamment la France et le Portugal, et même le nord de l’Afrique.

Notre père disait: «Le ciel est devenu tout rouge, c’était la fin de la journée, les personnes du village ont cru à un incendie, un incendie céleste, un incendie qui annonçait la fin du monde, les cloches ont sonné, tous les habitants ont commencé à courir pour se réfugier dans l’église, pour prier».

Ce phénomène, pas étrange mais extraordinaire par son ampleur, s’est produit il y a très exactement 84 ans.

Dans le Jornal de Notícias du lendemain, on pouvait lire: «…au centre-ville de Lisboa, la plupart des gens pensaient que c’était le reflet d’un immense incendie et les pompiers ont eu beaucoup de travail pour expliquer aux innombrables personnes qui les ont appelés qu’il n’y avait pas d’incendie». Ceux qui se sont rendus sur les hauts lieux (Santa Catarina, Estrela, Graça) ont à la fois admis la thèse du «feu géant» et cru à un «phénomène surnaturel», avec de nombreux commentaires «traduisant émotion et effroi». À Casal Ventoso, «la nouvelle de l’événement singulier se répandit rapidement, de pièce en pièce, et des femmes et des enfants, certains en vêtements étriqués, s’y rassemblèrent, à Meia Laranja, attendant anxieusement la fin du monde, qui supposait une annonce infaillible qui tache rouge, qui s’était répandue sur le ciel étoilé comme une grande tache de sang».

Plus récemment Nuno dos Santos décrivait ce qui lui a raconté sa tante Ester: «maintenant, face à ce scénario, il leur restait à chercher le salut dans l’église. Le père João da Lampaça, d’une autre culture, a essayé de les calmer, leur disant que c’était un phénomène de la nature, mais ils voulaient recevoir leur absolution, afin qu’ils puissent entrer purs dans le royaume de Dieu. Les moments vécus dans l’église étaient terrifiants, il y avait des familles entières qui s’étreignaient en pleurant et en priant, d’autres montaient aux autels et étreignaient les saints, pensant qu’ainsi, ils seraient mieux entendus. Une femme a retiré les cerceaux de ses oreilles et les a donnés à Notre Dame, bien qu’elle les ait récupérés le lendemain, lorsqu’elle s’est rendu compte que le monde avait repris son cycle de vie normal».

Dans SAO/NASA Astrophysics, un article de Backer S. parle de «l’Aurore du 25-26 1938» dans ces termes: «Ce phénomène, particulièrement rare sous nos latitudes, a été également perçu entre 19h30 et 21h00… il a été vu en Grande Bretagne, Bavière, en Suisse, en Autriche, au Portugal… la station magnétique belge de Manhay a enregistré des perturbations extraordinaires qui ont accompagné l’aurore… les communications hertziennes ont été également perturbées dans une grande partie du globe».

Tous les journaux de France du 27 janvier et des jours qui ont suivi ont parlé de ce phénomène étrange, plus normal dans les pays nordiques, motif de tourisme en cette époque de l’année.

Voilà quelques uns des titres de presse de l’époque. Dans Paris Soir du 27 janvier 1938: «Une gigantesque aurore boréale a illuminé cette nuit tout le ciel d’Europe», l’Excelsior du même jour titrait «L’aurore boréale qui a illuminé le ciel européen a intrigué le savants du monde entier», Republica titrait: «Dans le ciel d’Europe une aurore boréale alluma un grand incendie». La Dépêche du Berry annonçait sobrement: «Une aurore boréale a été observée hier soir», les Échos d’Alger écrivait «Les Algériens qui, mardi soir, en même temps que la plupart de pays d’Europe, ont observé une aurore boréale». Un témoin dans La Dépêche du 8 février racontait: «J’ai vu pleuvoir en plein soleil, sans nuage dans le ciel».

Tenez, en 1938 on parlait déjà du climat, un des titres de la Gazette de Bayonne et Biarritz affirmait: «C’est la faute de l’aurore boréale, si la température est parfois troublée en ce moment».

Quand des choses de ce type arrivent, on a toujours des donneurs de leçons, spécialistes de la peur: «Après l’aurore boréale: les sombres prophéties d’une pythonisse du Finistère jettent l’émoi dans la région briochine», information de l’Ouest Éclair du 29 janvier.

L’aurore boréale du 25-26 janvier 1938 a été un phénomène rare, toutefois, dans le Petit Gironde du 3 février 1938 évoquait un témoignage d’époque: «Aurores en série: nous rentrions du vignoble, la journée fini, brusquement le firmament s’illumina de clarté merveilleuse» témoignage daté de 1869.

D’autres aurores ont suivi celle du 25-26 janvier. Toutefois, les témoins expérimentés ont moins réagi. L’Ouest Éclair du 13 mai 1938 titrait: «Une nouvelle aurore boréale a été observée en Europe», cela fut le 11 mai.

Phénomène étrange, phénomène qui fascine, qui n’en rêve pas d’en voir?

Ces dernières années, nous avons eu, dans nos pays, l’occasion de voir le soleil prendre une couleur étrange et nos voitures le lendemain recouvertes de sable: un phénomène venue plutôt du sud en été, du Sahel.

 

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]