Le rôle des ‘Sapadores do Caminho de Ferro Portugueses’ durant la I Guerre mondiale – 1


Le Maire d’Aubigny-en-Artois écrit au Commandant Raul Esteves du Bataillon Portugais de Sapeurs de Chemins de Fer en cantonnement à Aubigny-en-Artois : «Je suis heureux d’avoir constaté le courage et le dévouement dont vous avez fait preuve, ainsi que vos officiers et soldats, pour venir en aide aux malheureux habitants sinistrés par suite du bombardement d’Aubigny par torpilles, dans la nuit du 15 au 16 mars 1918. Avec empressement et spontanément, vous avez envoyé des équipes de soldats sur les toits pour boucher les ouvertures créées par le bombardement : immédiatement vous avez fait réparer les portes, les fenêtres, etc. Vous avez voulu donner satisfaction à tous…», signé E. Ansart, Maire.

La Diocèse d’Arras, en date du 6 septembre 1918, écrit au Commandant : «Bien que je n’aie aucune mission officielle, je tiens cependant à vous féliciter, ainsi que MM. les officiers et les soldats du Bataillon Portugais pour les services rendus à la suite du bombardement. Je vous ai vu tous à l’œuvre et j’ai admiré votre sang-froid, le calme et aussi la grande délicatesse de tous en cette triste occasion. Je puis ajouter que la population d’Aubigny est unanime à faire l’éloge des troupes portugaises en cette circonstance ; de divers côtés j’en ai eu l’écho…», signé E. Perret, Doyen d’Aubigny.

Le Maire d’Aubigny, E. Ansart, en date du 11 septembre 1918 écrit : «Le Maire d’Aubigny remercie mille fois Monsieur le Commandant de la Section Portugaise cantonnée à Aubigny, de tout ce qu’il a bien voulu faire pour rendre service aux malheureuses personnes qui ont eu leurs maisons démolies ou à demi-démolies par le bombardement aérien du 4 septembre. Les portugais, grâce à leur commandent et à leurs officiers, laisseront à Aubigny une réputation inoubliable pour leurs services rendus aux familles ainsi éprouvées».

D’autres louanges, d’autres remerciements ont été reçus à d’autres occasions, venues d’autres institutions, voire du Commandement anglais, concernant le rôle des Sapadores do Caminho de Ferro Portugueses.

Les Sapadores do Caminho de Ferro Portugueses ont construit des lignes de chemins de fer, reconstruit à la suite de bombardements, ont sauvé et aidé des populations françaises et belges en dehors d’Aubigny-en-Artois, nous y reviendrons.

La ville d’Aubigny-en-Artois est proche d’Arras. Cette proximité d’Arras et le rôle de ces soldats dans les environs de la ville n’explique-t-elle pas, en partie, la création du Consulat portugais d’Arras après la fin de la guerre, et le fait que Louis Lantoine devienne Consul du Portugal à Arras et qu’il prenne la décision de tout faire pour honorer la mémoire du Corps Expéditionnaire Portugaise, en forme de remerciement?

Les hommages rendus, dont nous faisons ici l’écho, prouvent le rôle de ces soldats portugais, spécialistes du travail dans les chemins de fer, le plus souvent œuvrant en dehors du front portugais.

Rappelons ici le rôle que les chemins de fer ont joué pendant la I Guerre mondiale, notamment sur le front européen, où l’affirmation de la guerre des tranchées les a rendus indispensables au transport des soldats et du matériel de guerre, ainsi qu’au ravitaillement des populations. L’administration et l’entretien de transports de cette nature, assez exigeants et complexes, dans des territoires de guerre ouverte, ont été confiés à des bataillons techniques spécialisés, avec préparation militaire, capables d’assurer la construction, la réparation et la circulation du matériel roulant.

Les Sapadores do Caminho de Ferro Portugueses étaient constitués initialement par 1.248 soldats et 40 officiers, sous le commandement de Raúl Esteves. Les Sapadores étaient des soldats autonomes du Corps Expéditionnaire Portugais et placés sous la dépendance directe du Haut-Commandement britannique. Initialement composée de quatre compagnies, subdivisées en cinq sections, cet ensemble de soldats fut ensuite restructuré afin de mieux répondre aux besoins du temps de guerre.

Le Bataillon de Sapeurs ferroviaires portugais a été chargé d’exploiter la Gare de dépôt de Rouxmesnil et d’administrer les lignes d’Yron à Conteville, d’Abbeville à Conteville et Candas, de Provin à Bergues, de Conchil à Authie et Vrom et de Béthune à La Gorgue. Il accomplit également d’autres tâches techniques, telles que la réparation de ponts, la construction d’entrepôts, de quais et la réparation ou le levage de lignes soumises à de fréquents bombardements.

Les statistiques, à la fin du conflit, sur la participation des Sapadores do Caminho de Ferro Portugueses peuvent se résumer ainsi : 56 officiers, 1.588 soldats, soit 1.644 hommes au total, 120 chevaux, 25 véhicules, 15 voitures, 4 motocyclettes et 14 vélos.

Le thème ici traité est, pour nous, relativement nouveau dans nos recherches sur la participation portugaise à la Grande Guerre, sujet à l’origine de plusieurs autres publications à venir dans LusoJornal.