Les relations commerciales entre le Portugal et le Nord de la France dans les années 1905-1935 et un jugement très étonnant

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Les relations entre le Portugal et la France remontent à de nombreux siècles: relations royales par des mariages, relations économiques… Les portugais venaient déjà sur Lille au moment de la Grande Braderie dès le moyen âge, après avoir débarqué au port d’Anvers (1).

La Braderie de Lille se déroulera cette année les 3 et 4 septembre prochain.

 

Petite curiosité: au milieu du XVIIIème siècle, un bistrot situé dans ce qu’on appelle actuellement la rue Esquermoise, avait comme nom «Le Portugais».

Nos recherches nous ont conduit à ce que nous portions une attention particulière à ce qui s’est passé entre le Portugal et le Nord de la France au niveau commercial grâce à des articles de journaux de l’époque.

Nous avons repéré quelques informations dans des journaux anciens de la première moitié du XXème siècle, qui, sans être exhaustives, donnent des repères sur les échanges commerciaux entre le Portugal et la France, des petites histoires pour l’histoire des relations entre un pays, le Portugal, et une région, le Nord de la France.

 

L’Europe n’était pas encore en guerre, le premier chemin de fer était ouvert au public depuis un siècle, le Surrey Railway a été mis en service en 1802, il était tracté par des chevaux. Deux ans plus tard arrivait la première locomotive à vapeur. Des liaisons internationales avaient déjà lieu quand, le 27 mars 1912, le Journal Égalité de Roubaix Tourcoing écrivait: «Le transport des Peignés à destination du Portugal: La Chambre de commerce a reçu de la Compagnie du Chemin de fer de Paris-Orléans une demande pour faciliter l’exportation sur le Portugal des laines peignées en provenance du Nord de la France. Les Compagnies de chemins de fer intéressées viennent de mettre en application un nouveau tarif direct franco-hispano-portugais P.V. 420, qui offre sur l’ensemble des parcours des prix totaux sensiblement plus réduits que ceux résultant de la soudure des tarifs antérieurement applicables. Ainsi, le prix du wagon complet de 5.000 kilos ressortirait à 426,20 francs, tous frais accessoires compris, de Tourcoing à Lisboa. Ce nouveau tarif est à la disposition des intéressés qui voudraient en prendre connaissance, au Secrétariat de la Chambre de Commerce, place Charles Roussel».

 

La I Guerre mondiale arrive et quelques années plus tard, le 28 avril 1927, le journal Égalité de Roubaix-Tourcoing évoquait la participation des étrangers à la Foire de Lille: «Au lendemain de la clôture de la troisième Foire Commerciale de Lille, grande manifestation économique septentrionale, on a comptabilisé au total 2.300 exposants dont 198 étrangers: 48 belges, 6 anglais, 7 italiens, 81 polonais, 28 tchèques, 2 portugais… il est certain que son adhésion à l’Union des Foires Internationales sera homologuée cette année. Notons, dans l’espace de 15 jours, la visite du Président de la République et des Ministres et Ambassadeurs de plusieurs grandes nations.

 

Le 27 juillet 1927, le journal Égalité de Roubaix-Tourcoing signale en première page la visite d’un certain nombre d’ingénieurs chimistes et des mines, élèves de l’Instituto Superior Técnico de Lisboa, sous la conduite du professeur Lapierre. Ils quittent Lisboa le 31 juillet pour se rendre en France, où ils visiteront successivement Bordeaux, Paris et les régions industrielles du Nord et de l’Est de la France.

 

Le 23 septembre 1930 l’Égalité de Roubaix signalait la visite de M. Gonichon, Attaché commercial au Portugal de passage à Tourcoing, lequel se tiendra à la Chambre de commerce, place Charles Roussel, de 10h00 à midi et de 14h30 à 17h30, à la disposition des industriels sur le marché au Portugal.

 

Le 13 avril 1933 dans le journal Le Grand Nord et faisant suite à la manifestation franco-portugaise lors du 15ème anniversaire de la Bataille de La Lys, pendant le repas officiel, le Commandant Lello Portella, dans son discours, dira que son pays «a le désir de participer officiellement à la Foire Internationale de Lille, en y exposant les produits naturels: vins, conserves, produits coloniaux, textile…

Il déclare que la Délégation du Portugal, en accord avec le Consul Lantoine, était disposée à envisager, pour l’année prochaine, un effort dans ce sens. M. Edouard Bouchery leva son verre à la future participation portugaise à la Foire de Lille et au développement des échanges entre les deux pays».

 

Le 4 octobre 1934, le Journal Égalité titrait: «Pour un rapprochement économique entre le Portugal et le Nord de la France, une visite de M. Bouchery, Commissaire général de la Foire de Lille au Ministre du Commerce à Lisboa».

On pouvait lire dans l’article que «les rapports commerciaux entre les deux pays étaient restés assez limités, alors que l’Angleterre a depuis toujours occupé une place primordiale sur le marché portugais. Mais on sait que des accords commerciaux ont été récemment signés.

Aussi, le Commissaire-générale de la Foire de Lille avait-il jugé opportun, lors de l’exposition coloniale de Porto, de se rendre à Lisboa en vue d’étudier, sur place, les moyens de rapprochement économiques.

On sait que le Portugal est notamment grand producteur de Porto, liège et conserves… il est souhaitable que l’industrie textile du Nord de la France puisse parvenir, grâce aux nouveaux accords, à concurrencer l’étranger sur le marché portugais.

Notre concitoyen a demandé au Ministre de vouloir bien venir lui-même visiter la Foire, en avril prochain, et d’y conduire une délégation des industriels et commerçants du pays…», le Ministre portugais a promis de s’efforcer d’organiser une représentation pour venir à la Foire de Lille.

 

Petite anecdote, qui nous fait sortir un peu du sujet, quoique. Fin des années 1920, 1930 sur les journaux français on fait la promotion d’un vin de Porto, marque qui encore de nos jours fait sa publicité sur les abris-bus juste avant les fêtes de Noël.

L’information est étonnante et surtout le jugement du tribunal est presque à mourir de rire à notre époque.

Le journal Égalité de Roubaix-Tourcoing du 16 juin 1928 titrait: «On peut vendre du Porto sans en authentifier l’origine». Le journal poursuivait: «un intéressant jugement de la Cour d’appel de Douai». Voici l’information telle que donnée à l’époque: «La Cour d’appel de Douai a débouté la Chambre de Commerce Portugaise de Paris, qui se portait partie civile dans un procès intenté aux marchands de vin en gros qui vendent des Porto et Madère sans authentifier leur origine. Si la Cour avait admis la prétention des Portugais, son arrêt aurait entraîné des conséquences incalculables. Il paraît, en effet, que le véritable Porto ne suffirait pas à assurer la consommation de ce nectar dans le monde entier pour une seule journée par an. Des vins vendus sous l’étiquette Porto ont pour la plupart une autre origine et la Chambre de Commerce Portugaise aurait ainsi pu faire saisir un stock considérable. Elle seule aurait des autorisations à vendre du Porto, non plus en fût, mais en flacon. Les magistrats français n’ont pas admis ces prétentions».

Etonnant non? Des conséquences incalculables… le véritable Porto consommé en une seule journée au monde? Autres temps, autres décisions! Ça prête à rire? Les imitations, les contrefaçons n’ont peut-être jamais été aussi d’actualité que par les temps qui courent, non?

 

Note:

(1) https://lusojornal.com/le-portugal-et-le-nord-de-la-france-les-flandres-une-longue-histoire/

 

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