Le Portugal et le Nord de la France (Les Flandres): une longue histoire

A l’approche du 27 juillet, date à laquelle seront fêtés les 805 ans de la Bataille de Bouvines, nous profitons pour évoquer ici les relations historiques qui lient le Portugal au Nord de la France, appelée autrefois les Flandres.

Les relations entre le Portugal et les Flandres remontent aux prémices de l’histoire du Portugal.

On trouve les premières traces, dans l’aide des croisés flamands pour la libération de Lisboa des mains des Sarrasins en 1147. Leur aide fut déterminante.

Les liens ont été renforcés avec la Flandre, en août 1183, lors du mariage de Mathilde du Portugal (1157-1218), connue aussi sous le nom de «Teresa du Portugal», Comtesse de Savoie et de Maurienne, 4ème fille du premier Roi du Portugal, Afonso Henriques, avec Filipe 1er d’Alsace. Devenue veuve en août 1191, elle assurera la régence du compté.

En 1195 elle passe avec le Roi de France, Philippe II, un accord selon lequel la ville de Douai reviendra à la couronne après son décès.

Elle intercède favorablement auprès du Roi de France dans le projet de mariage entre Fernando Sanches (1188-1233) son neveu et troisième fils du Roi Don Sancho, et sa petite nièce par alliance, Jeanne de Constantinople (1194 ou 1200-1244), fille de Balduin IX, Comtesse de Flandres et du Hainaut.

Le 6 mai 1218, Mathilde du Portugal trouve la mort à la suite d’une chute. Elle tombe de son chariot dans un marais, près de Furnes, en Belgique.

Fernando Sanches sera surnommé Ferrand de Flandres, il participa à plusieurs batailles. Il fut capturé le 27 juillet 1214 lors de la Bataille de Bouvines. Enchaîné, transporté en cage jusqu’à Paris, il est enfermé dans les cachots du Louvre. Ferrand ne quittera cette prison que le 6 janvier 1227 après que Blanche de Castille aie reçu la moitié de la rançon de cinquante mille livres parisis exigée pour sa liberté et réunie par Jeanne, son épouse. Il lui a été exigé de laisser en gage les villes de Douai, Lille et L’Écluse dans l’attente du paiement du reste de la rançon. Il doit également jurer fidélité au Roi Louis VIII.

Le Roi Louis joua en rôle très important auprès du Pape Honoruis III, en obtenant l’autorisation du remariage de Jeanne avec Ferrand. Jeanne étant déjà mariée, le Pape annula celui-ci pour raison de consanguinité. Il faut dire que l’intérêt de cette alliance était d’éviter le remariage de la Comtesse de Flandre et Pierre Mauclerc, Duc de Bretagne. De cette union pourrait naître un territoire qui prendrait en tenaille le domaine royal.

Dans l’histoire des deux territoires qui sont la Flandre et le Portugal, le mariage entre Isabel du Portugal et Filipe le Bon aura un grand retentissement au niveau diplomatique, politique, économique et sur bien d’autres aspects. Filipe avait déjà été marié et épousa Isabel en troisièmes noces.

Pour que cette alliance puisse aboutir, il a fallu parlementer à différents niveaux. Filipe III de Bourgogne, après deux mariages et n’ayant pas de descendance, envoya au Portugal, en 1428, une ambassade flamande pour lui retrouver une nouvelle épouse. A la tête de cette ambassade on trouvait Jean, Seigneur de Roubaix et Erzelles. Ils arrivent à un accord concernant le mariage entre Filipe et la princesse portugaise. En moins de deux semaines, le contrat a été conclu dans la ville de Sintra et rectifié par acte notarial le 24 juin. La Cérémonie religieuse présidée par l’évêque de Tournai, Jean de Thoisi, aura lieu le 7 janvier 1430.

De leur union naquit Charles Le Téméraire (1433-1477).

Le souvenir d’Isabel du Portugal est bien présent en Flandre encore de nos jours. Isabel fut une figure fondamentale dans l’administration de l’état de Bourgogne, en tant que diplomate, ainsi que dans le domaine financier, juridique, politique et religieux.

La période 1384-1449 est celle du début du rapprochement commercial entre le Portugal et la Flandre, échanges qui vont croître entre 1450 et 1476. De 1477 à 1521 le rôle du Portugal en tant que nation prend de l’importance à Bruges, toutefois, dès 1480 le commerce par bateau avec cette ville s’effondre au détriment du port d’Anvers.

C’est d’Anvers qu’arriveront les premiers marchants portugais qui viendront au moyen âge vendre marchandises sur la braderie de Lille.

Nous trouvons des traces de la présence portugaise à Lille sur l’une des façades de l’Hospice Comtesse. Trois blasons y représentent les Flandres, la Savoie et le Portugal (voire la photo). L’Hospice Comtesse fut fondé en 1236 à l’intérieur de son propre palais par Jeanne de Constantinople, épouse de Ferrand du Portugal. L’Hospice Comtesse, tout au long de son histoire, changea d’affectation: sauver les âmes, prison, hôpital, actuellement il s’agit d’un Musée.

A l’intérieur du Musée est exposé un portrait d’Isabel du Portugal, de l’Ecole Flamande, qui date du XVI siècle (voire la photo).

En 1500, le 1er bateau chargé d’épices venues des Indes arrive à Anvers. La «Feitoria», créée au milieu du XV siècle à Bruges est délocalisée à Anvers. C’est là que le commerce du poivre et d’autres épices se concentrera

[pro_ad_display_adzone id=”25427″]