Mariza chante Amália dans son nouveau CD et à Paris le 17 avril prochain

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Quelques lueurs d’espoir dans le désert qui a caractérisé le fado et plus généralement l’ensemble du spectacle vivant au cours de cette année 2020. Espoir, mais pas encore de certitudes, tant est imprévisible l’évolution de la situation sanitaire, et, à supposer qu’elle s’améliore, ses conséquences sur les pratiques culturelles de nos concitoyens.

Parmi ces éclaircies, la sortie en France, quelques semaines après le Portugal, du nouveau CD de Mariza est évidemment à noter, avant sa venue à Paris le 17 avril au Grand Rex, si le Covid-19 le permet.

D’abord parce que Mariza est une interprète majeure du fado aujourd’hui, la plus (re)connue au niveau international. Ensuite parce que son album dédié à Amália Rodrigues, dans la foulée du centième anniversaire de sa mort, suscite, forcément, de la curiosité, car d’aucuns ont pensé reconnaître en Mariza une «nouvelle Amália», d’autres criant au sacrilège.

Débat qui n’a pas de sens, ce qu’elle nous a confirmé d’entrée dans l’entretien, toujours chaleureux, qu’elle a bien voulu nous accorder: «Je n’ai jamais voulu être cette ‘nouvelle Amália’. Sa place dans l’histoire du fado est unique, et irremplaçable». Plus simplement, elle nous rappelle qu’elle a, depuis ses débuts, toujours inclus des fados d’Amália dans ses concerts et ses albums, incluant ce «Gente da minha terra», qui fit beaucoup pour sa renommée, écrit par Amália mais que celle-ci n’enregistra jamais. «J’ai pensé que c’était le moment, cent ans après sa naissance, de faire une sorte de bilan de mes attaches avec le répertoire d’Amália, que je chante à ma façon, ou plutôt à mes façons, car avec le temps qui passe et aussi les ambiances du moment, on peut sentir et donc chanter un fado de manière différente».

«Mariza canta Amália» comporte dix titres. «J’avais sélectionné au départ vingt fados d’Amália, mais il est apparu difficile de trouver le temps pour les orchestrations et la production d’aboutir dans les délais sur autant de matériaux. J’en ai donc gardé dix, dont la majorité font partie des succès les plus connus d’Amália».

C’est en effet le cas, entre autres, d’«Estranha forma de vida», de «Com que voz», de «Foi Deus», de «Povo que lavas no rio». Lui faisant remarquer qu’elle fait la part belle dans son choix à la partie nostalgique ou dramatique du répertoire d’Amália, elle sourit et reconnait qu’«Amália a aussi chanté des fados allègres, des marches populaires, des thèmes issus du folklore, comme ‘Senhor vinho’ ou ‘Fadinho serrano’» mais que les deux titres moins connus de l’album («Cravos de papel» et «Formiga bossa nova», musiques signées par le très amalien Alain Oulman, texte du second d’Alexandre O’Neill, non moins amalien et de surcroît distingué surréaliste) représentent quand même cette facette du talent d’Amália.

Les amateurs de fado castiço seront sans doute déconcertés par la forme musicale de l’album: un accompagnement d’un grand orchestre, où l’arrangeur et violoncelliste brésilo-hollywoodien Jacques Morelenbaum ne lésine pas sur les violons, un peu à la façon, les anciens s’en souviennent peut-être, dont Franck Pourcel et ses violons accompagnaient les vedettes des variétés françaises dans les années 1960-80. Elle renoue ainsi avec une période où des vedettes du fado (Amália en tout premier lieu, mais aussi Carlos Ramos et quelques autres) enregistraient aussi avec de grands orchestres. Et peut-être ce choix permet-il de rendre le fado plus accessible à un plus large public. Violons ou pas, la voix de Mariza («ce diamant…» disait João Silveirinho) est là, les textes des grands poètes que furent Camões, David Mourão Ferreira, Alexandre O’Neill, Pedro Homem de Melo, José Régio… et Amália elle-même. De quoi se nourrir de musique en attendant le concert.

Quant au concert au Grand Rex, justement, ce sera autre chose, hors les contraintes des studios d’enregistrement, sans les violons, avec la guitare toujours attentive et inspirée de Luís Guerreiro, qu’on n’entend pas assez dans le CD. Dédié à Amália, certes, mais pas que. Car chaque concert est différent et c’est Mariza qui le dit. Nous y reviendrons plus en détail, mais la location est déjà ouverte, et il n’y aura peut-être pas de places pour tout le monde.

 

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