Mémoire vivante, racines – Sauvons nos tombes

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Une simple rose rouge déposée au Cimetière allemand de Wavrin rappelle la mémoire des combattants portugais en France. Elle est posée sur une sépulture inhabituelle, qui au premier regard ne laisse pas présager de la présence portugaise. Un travail d’indexation de bénévoles (nombreux) permet de sortir des sentiers battus, des cimetières de référence en Belgique et en France.

Pour rappel, la double sépulture luso-allemande du Cimetière militaire de Wavrin est identifiée en 2021 (1), photographiée par Patrick Buchet en 2017, les photos sont disponibles sur Geneanet.

L’occasion est donnée de parler du projet «Sauvons nos tombes» de cette fin de semaine. C’est la 14ème année que le week-end (2) est consacré à la photographie (également par smartphone) des cimetières, tombes civiles ou militaires, françaises ou étrangères, avant que les tombes et les noms ne disparaissent pour des raisons diverses.

Une simple fleur, qui permet de parler du recueillement annuel que certains effectuent en dehors des dates anniversaires commémoratives, en se rendant sur la tombe de leur ancêtre combattant ou d’un soldat inconnu.

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Une fleur déposée par José Nogueira, qui permet de parler de la présence portugaise en France lors de la I Guerre mondiale, en évoquant son grand-père paternel, et après la II Guerre avec la migration en France.

José Nogueira visite les cimetières depuis 1980, au début avec son défunt père. Du Portugal, la famille est arrivée en France fin 1969, à Loos, près de Lille. Les vacances d’été se passaient avec le grand-père paternel rentré vivant de la I Guerre mondiale au pays natal. C’est en 1978, qu’il a commencé à raconter – «il parlait encore bien le français» – au petit-fils, ses souvenirs de guerre, et à présenter des objets gardés, pièces à trou, médailles, plans colorés avec les positions allemandes et alliées.

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Souvenirs de La Lys, de Fortunato Nogueira racontés au petit-fils.

Le bulletin militaire de Furtunato Nogueira le dit né à Fafe, soldat conducteur automobile, embarqué à Lisboa pour la France en septembre 1917, rapatrié au Portugal (blessé) avant l’Armistice du 11 novembre 1918.

Les données transmises sont à lire et analyser, avec la connaissance de la position du secteur allemand dans le Nord de la France en 1917-1918, certains éléments racontés interrogent:

«Fortunato raconte le froid de l’hiver 1917 avec le passage par Loos et la traversée de la Deûle gelée, affluent de la Lys, même le convoi motorisé roulait sur la glace.

Il nomme les villes de passage: Loos, Lille, La Bassée,… en secteur allemand, si près des ennemis qu’il les entendait parler. La Chapelle d’Armentières, Béthune,… en secteur britannique.

Positionné à Neuve-Chapelle, sa fonction et ses missions le faisaient bouger pour livrer des informations, des plans et autres.

Le soldat Fortunato raconte la souffrance du froid et de la faim, les soldats portugais mangeaient les pelures de patates. Ils demandaient aux estaminets, brasseries, les restes des repas servis aux Allemands.

Des tirs sont échangés dans une brasserie avec des soldats allemands attablés, lors de la quête de nourriture des Portugais. Celle-ci les a amenés dans les fermes environnantes, ils obtenaient un peu de pain en échange d’une aide. Des relations d’amitié et plus, ont laissé des naissances illégitimes.

Un récit douloureux concerne la dernière explosion qui emporta ses camarades. Sur une jambe, il a montré une blessure recousue à la hâte avec ‘un morceau d’un autre’».

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Des souvenirs gravés à l’infini, qui honorent ceux qui se déplacent au cimetière. Nous avons presque tous un grand-père, un arrière-grand-père qui auraient pu raconter des scènes troublantes. Mais ils racontaient peu ou pas. La Mémoire se construit un peu à la fois.

Maudite soi la guerre,… Plus jamais ça,… impossible! Nous le voyons encore aujourd’hui avec la guerre en Ukraine. Alors il reste la Mémoire, le Souvenir, la volonté de donner un visage, un nom à ces combattants.

Vous avez envie d’aller au cimetière? De donner un peu de votre temps pour trouver d’autres noms de soldats portugais dont le lieu de sépulture est à découvrir?

Un projet «Sauvons nos tombes » et d’autres peuvent mobiliser vos énergies et envies de participer à une construction, celle d’une Mémoire vivante, en plus d’être virtuelle.
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(1) Wavrin: https://lusojornal.com/prisonniers-de-guerre-portugais-dont-la-sepulture-etait-introuvable-en-france-car-enterres-comme-soldats-allemands/

(2) Geneanet: https://www.geneanet.org/blog/post/2023/04/participez-au-quatorzieme-week-end-sauvons-nos-tombes?utm_source=geneanet&utm_medium=e-mail&utm_campaign=SITE_fr_sauvons-nos-tombes-mai-2023

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