Nénette et Rintintin, le Capitaine portugais Bettencourt lors de la I Guerre mondiale


Ou lorsque deux petites poupées de laine permettent d’apprendre que le nom de famille Bettencourt est aussi portugais. Un nom indissociable, à Ambleteuse, de la Mémoire de la participation portugaise à la Grande guerre.

Une photo, prise vers 1917 à l’Hôpital de la Croix-Rouge portugaise, visualise parmi les objets fétiches, deux poupées épinglées au mur des souvenirs, surmontées d’un mini drapeau portant le blason d’argent. Une version portugaise de «Nénette et Rintintin»? Le porte-bonheur de la Grande guerre, affiché aujourd’hui à certaines boutonnières.

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Naissance de Nénette et Rintintin

«Il y avait une fois une montagne qui accoucha d’une souris.

Aujourd’hui voilà un canon qui accouche de deux crottes de laine…»

Ainsi s’exprime Georges Delaw, illustrateur français, dans le journal satirique «La Baïonnette» en commentaire de son dessin. Il poursuit sa représentation caricaturale, d’un bombardement en 1918 de la ville de Paris par les Allemands : «Car, c’est de Bertha qu’ils sont sortis ces deux enfants mal voulus ; elle ne les avait pas prévus ; la sanguinaire imbécile qui voulait semer de la terreur a fait éclore deux gentils pantins qui font rire les petits poulbots. Joli résultat, Bertha !…

Autrefois Ste Geneviève protégeait Paris.

Aujourd’hui, Panam adopte pour fétiche Nénette et Rintintin !

Paris sceptique et bon, Panam courageux et narquois les adopte, voyant dans les deux petits gris-gris venus du nord, de Bapaume ou de St Quentin, deux petits orphelins porte-bonheur, qu’il accroche, heureux de les cajoler, au cou des tourneuses d’obus, des dactylos et des tricoteuses de chandails ».

L’engouement est fort pour les deux sujets de laine pendant la guerre. Ils feront l’objet de cartes postales, seront habillés en costumes régionaux, emblèmes patriotiques mais seront surtout « un porte-bonheur » qu’on porte ou qu’on s’offre pour se protéger des bombardements. Quelques brins de laine suffisent pour fabriquer les poupées Nénette et Rintintin.

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Le Capitaine Bettencourt à Ambleteuse

La présence, de soldats portugais sur le littoral à l’arrière du front des Flandres, s’explique par le fait que l’armée portugaise y avait son Quartier général de base et des hôpitaux. La proximité des civils a rendu possible après-guerre des mariages mixtes luso-français. Une Croix au cimetière d’Ambleteuse rappelle que des tombes portugaises existaient et ont été déplacées après-guerre.

Luís de Albuquerque Bettencourt, le personnage de la photo jointe était Capitaine à Ambleteuse, Commissaire général en France de la Croix-Rouge portugaise.

Il faisait partie du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP). Son bulletin militaire le dit fils de Filigénio de Andrade Albuquerque Bettencourt (en 1896, socio ordinário da Sociedade de Geografia de Lisboa) et d’Adelaide Freitas.

Né à Ponta Delgada, île de São Miguel, Açores, Luís Bettencourt a épousé Maria Lavinia Tovar e Castro.

Il embarque à Lisboa en mars 1917 pour effectuer sa mission de délégué de la Croix-Rouge portugaise, étudier le type d’hôpital de la CVP et sa construction sur le lieu de la base du CEP à Ambleteuse, gérer la coopération offerte par la Croix-Rouge britannique. La mission nécessita de nombreux déplacements à Paris.

Il retourne à Lisboa en octobre 1919, après avoir participé en juillet à l’inauguration du monument de la CVP à la mémoire des soldats portugais morts pendant la I Guerre mondiale, monument qui existe encore à Ambleteuse, construit en lieu de l’ancien hôpital de guerre (HCVP).

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Un travail historique d’Hélène da Silva est disponible dans la Revue du Nord de l’Université de Lille, il aborde l’hôpital de la Croix-Rouge portugaise pendant la I Guerre mondiale.

« Nénette et Rintintin » ont permis de connaître le Capitaine Bettencourt, personnage historique fortement lié à la Mémoire portugaise à Ambleteuse.

Aujourd’hui de nombreux musées du Nord de la France animent des ateliers de fabrication de ce porte-bonheur, devenu un prétexte pour expliquer la Grande guerre aux enfants, autrement.