Opinion : De là-haut…

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Sommes-nous des privilégiés ? Quelques-uns diront que rien ne s’y passe, là-haut, dans le village. Et pourtant…

Sommes-nous seuls ou n’est-ce qu’une solitude apparente, recherchée ?

Le chants des oiseaux nous rappellent qu’eux, ils n’ont pas changé, toujours le même chant, toujours les mêmes habits, peut-être pas toujours, toutefois, le même environnement. On les écoute, on se regarde.

Le tilleul répand sa belle odeur, il est en fleur, il donne de son meilleur. Les abeilles en profitent, elles sont au travail. Nous les photographions. Qu’elle belle entente, quel bel exemple. Dans la nature tout est nécessaire, il y a de la collaboration.

Les abeilles questionnent. Quel merveilleux ouvrage que le leur. Comment font-elles pour transformer ce qu’elles transportent en miel, leur aliment d’hiver qu’elles acceptent de partager avec l’homme, pourvu qu’on leur laisse la grosse partie, au risque de compromettre leur existence. Les abeilles souffrent. Des 52 ruches d’il y a peu, l’apiculteur n’en a plus que 12, il y a des maux qui, parfois, deviennent universels.

Oui, la solitude n’est qu’apparente. Moment privilégié, moment de pause, peut-être pas tout à fait, puisque nous l’écrivons, nous le partageons. Moment pour penser à la famille, à ceux qui sont partis, à tous ceux qui voudraient être là, qui mériteraient d’être là, mais dont la santé prive, nos guides, les simples gens, l’autre.

Nous sursautons, la cloche sonne 11 heures, une horloge bien réglée, il est toujours au même endroit, toujours le même son, hiver comme été, toujours le même message. Un repère, un besoin pour les quelques habitants ? Pour rompre la solitude ? Habituel pour les uns, inhabituel pour les autres, pour nous qui sommes devenus des citadins ?

En bas du village, les sangliers préoccupent, le peu de terrains cultivés sont régulièrement visités par ces derniers.

Les biches, et chèvres sauvages commencent à occuper les forêts, le soir, le silence permet d’entendre le renard. Les routes, peu fréquentées, permettent les rencontres, comme l’autre soir. Ils étaient deux tout petits renardeaux, nous avons freiné souhaitant les rencontrer à nouveau lors d’une prochaine visite. Nous sommes un peu déçus, l’année dernière nous avions programmé rendez-vous avec l’écureuil, nous ne l’avons pas encore rencontré.

De telles moments permettent de réfléchir, de ressentir. Évoquer certaines pensées n’est pas toujours très simple.

Nous qui faisons partie de la deuxième génération, parfois une question se pose lors du départ définitif de ceux qui nous ont précédés. Nous avons fait, par ici, la visite des jardins des morts. Y déposer des fleurs, dire un petit mot, est pour nous important, une des raisons de nos visites. Là se trouve l’unique certitude de notre existence et cela dès notre naissance, entre deux : la vie, les joies, les peines, le bonheur et son contraire. Lieu parfois choisi par ceux qui sont partis, qui se sont exprimés, qui n’ont pas voulu laisser le doute à ceux qui restent, les siens.

Nous sommes à un moment charnière, le départ de ceux qui sont nés au Portugal et qui ont émigré. Lors de leur départ définitif, que faire ? Un retour du corps aux sources, au jardin du village natif ? Moment qui ébranle, moment auquel nous n’osons pas penser et pourtant, ce moment-là arrivera un jour.

La deuxième, troisième génération restant en France, le jardin de nos morts serait probablement plus visité si nos parents, décédés, restaient en France. Certains choisissent comme demeure définitive, le Portugal. La boucle qui se referme ? Impossible, inadapté de juger. Comme souvent cela reste le choix de tout et de chacun, de la famille.

Qu’en sera demain ? Les pierres tombales, même au Portugal, de ceux qui ont vécu à l’extérieur, sont, d’une façon générale, encore entretenues.

Il nous faut toutefois admettre qu’il en sera différemment d’ici quelque temps. La vie est ainsi faite, le ressenti, l’évolution, les changements, les générations se succèdent…

Il n’y a pas qu’une vérité, il y a des vérités, des certitudes, mais aussi des doutes. La vie est une construction permanente. Les vérités d’aujourd’hui sont-elles les certitudes de demain ?

Nous reprenons la lecture du livre de Mário Queda Gomes, «Une odyssée portugaise (presque ordinaire)» édité aux éditions Cadamoste… une autre histoire qui peut ébranler, voir choquer. Nous ne sommes qu’au tiers des vies du livre. Toutes les vérités ne sont pas belles, toutefois ne faut-il pas les dire ?

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