Opinion: Le moment est venu: réhabilitons. Un exemple: O corneteiro da Covilhã

Nous avons posé la même question à trois des membres officiels portugais présents aux cérémonies du Centenaire de la Bataille de La Lys: «A quant au moins une page d’histoire sur la participation portugaise à la I Guerre Mondiale dans les manuels scolaires?».

Le Premier Ministre portugais, António Costa, nous a répondu «Un effort important est en train d’être fait pour parler de cet événement et pour le faire connaître. Effort relié par la presse, on en parle de plus en plus au Portugal, à l’image de cette cérémonie transmise par les télévisions portugaises».

Le Ministre de la Défense portugais, José Azeredo Lopes ajoute «Nous sommes en train de créer un programme pour les écoles afin d’enseigner aux jeunes portugais quel est le rôle de l’armée, de l’État,… C’est important de parler aux jeunes de nos valeurs. Pour ce qui concerne votre question, il faudrait la poser plutôt au Ministre de l’Education».

Le Président de la République Marcelo Rebelo de Sousa ouvre une porte: «La longue dictature que le Portugal a vécue pendant un demi-siècle n’a pas mis en évidence la participation du Portugal à la I Guerre. On est là pour réparer cet oubli. Il est primordial qu’on en parle et qu’on le fasse connaître à notre jeunesse».

Pour le Centenaire de la Bataille de La Lys les cérémonies ont été dignes, médiatisées… Au vu des réponses des dirigeants que nous avons interrogés, on pourrait dire, que, ce n’est pas encore gagné.

Nous considérons personnellement nécessaire de parler dans les cours d’histoire, dans les manuels scolaires, de la participation portugaise à cette Guerre, qu’on appelle Grande Guerre. Grande parce que mondiale, avec 35 pays participants.

Il est également primordial de réhabiliter des hommes, des jeunes soldats… Il est venu le temps de réparer… même 100 ans après.

LusoJornal, dans son édition on-line du 31 mars, a évoqué le cas de João Augusto Ferreira d’Almeida, comme étant l’unique soldat portugais fusillé portugais pendant la I Guerre mondiale. Après des années de lutte, il a été réhabilité par le Gouvernement portugais en 2017.

Parmi les 55 mil soldats du CEP qui sont venus combattre en terres de Flandre, il est nécessaire de réhabiliter bien d’autres. Citons ici l’exemple du «Corneteiro da Covilhã», de son vrai nom, José Antunes Garrim.

José Antunes Garrim était un génial joueur de clairon, il faisait partie du Bataillon d’Infanterie n°21, de la 7ème Division, celle même qui refusait d’abandonner la caserne pour rejoindre Tancos. Pour les convaincre, on a dû faire appel au Général Fernando Tamagnini en personne.

«Le Corneteiro da Covilhã», aliás José Antunes Garrim, a reçu la Médaille militaire «Torre e Espada». Son exploit? Il a imité le son du clairon allemand qui donne l’ordre de reculer à des lignes en arrière. Garrim a ainsi permis aux Alliés de prendre avec tranquillité des positions ennemies.

Ces derniers jours on parle beaucoup de l’utilisation de gaz en Syrie comme arme destructrice, or c’est pendant la I Guerre Mondiale que ces gaz ont commencé a être utilisés à grande échelle. La Grande Guerre, c’est également une guerre chimique. Un des gaz des plus connus et utilisés en 14-18 est le Gaz Moutarde. 4% des soldats morts l’ont été à cause de ces gaz.

José Antunes Garrim a été l’un des Portugais gazés, parmi bien d’autres.

Gazé, abandonné de tous, il a trainé dans les rues de Covilhã, ce qui a conduit à ce qu’on lui enlève sa décoration. Garrim est mort dans un oubli complet.

Comme lui, beaucoup d’autres soldats qui ont été gazés, qui ont souffert de problèmes psychologiques et d’autres maux, ont eu des comportements non admis et non compris à l’époque par le Gouvernement, les médecins et par la population en général.

Il est temps de comprendre, il est temps de pardonner, il est temps de réhabilité tous ces héros.

À Covilhã, des voies se lèvent pour que la municipalité donne le nom de Garrim à une rue.

 

 

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