LusoJornal / Antonio Marrucho

Opinion : Monsanto, le village le plus portugais du Portugal

Ils sont au nombre de 12 : Almeida, Belmonte, Castelo Mendo, Castelo Novo, Castelo Rodrigo, Idanha à Velha, Linhares de Beira, Marialva, Piodão, Tancoso, Sortelha et Monsanto.

De quoi s’agit-il ? Ce sont les « Aldeias históricas de Portugal », « les villages historiques du Portugal ». Ils se situent dans la partie centrale du Portugal vers la frontière espagnole.

Chacun de ces villages a son histoire. Ses beautés restaurées et protégées font partie d’un circuit qui fait venir à l’intérieur du pays des touristes amoureux de belles pierres, de l’histoire et ses légendes.

Le Portugal a su préserver ses villages, en les restaurant, en les protégeant ces dernières décennies : le granite, l’ardoise et la tuile romaine sont les matériaux nobles des demeures de ces villages. Pas de publicité tapageuse, les fils d’électricité sont souvent enterrés, peu ou pas d’antennes de télévision… Le calme y règne, en essayant le plus souvent, d’éviter la circulation automobile ou en la minimisant le plus possible.

Nous allons vous faire découvrir ou ré-découvrir le village considéré « le plus portugais du Portugal », titre qu’il a gagné en 1936 à la suite d’un concours national : Monsanto. En 1995 le titre de village historique lui a été aussi attribué.

Le mot Monsanto est connu pour beaucoup d’entre vous, pour des raisons bien moins nobles que les propos qui vont suivre. A Monsanto la nature y est préservée, l’air y est pur, on ne peut dire la même chose de là où la marque se repend.

Perché sur une colline visible de très loin, le village de Monsanto possède un charme très particulier. Emblème touristique de la région, Monsanto offre une expérience hors du temps à tout visiteur.

Faisons un peu d’histoire : la charte de la ville lui a été accordée par D. Afonso Henriques, D. Sancho I, D. Sancho II et D. Manuel.

Les Templiers ont vaincu les difficultés en construisant, dans le point le plus élevé, une enceinte avec une tour d’hommage. Là se situe, à 758 mètres de hauteur, la partie la plus ancienne du village.

Situé au nord-est de la ville d’Idanha-à-Nova, Monsanto possède des traces de présence humaine qui remonte au paléolithique. Des trouvailles archéologiques prouvent le passage des Lusitaniens, Romains, Wisigoths et Arabes. La trace de présence des Romains on la trouvera, notamment, tout là-haut, près du château, avec quatre tombes creusées dans le granite.

Le 1er Roi de Portugal, D. Afonso Henriques libère le village en 1165 de l’occupation arabe et offre les lieux à l’Ordre des Templiers qui vont faire construire le château. Monsanto sera nommé ville par le Roi D. Manuel l en 1510. Entre 1758 et 1853 la ville a même été la capitale du « concelho ».

De ce qui reste de l’ancien château, on peut observer la ceinture des murailles, le belvédère, les ruines des chapelles de São Miguel et Santa Maria do Castelo.

Pour commémorer la glorieuse résistance aux envahisseurs romains et arabes, pendant la fête de Santa Cruz on jette, du haut de murailles du château, de fleurs qui ont été transportées à l’intérieur de cruches. Les femmes, quant à elles, emmènent en haut des tours du village, les traditionnelles poupées de chiffons : les « marafonas ».

Les « marafonas » sont liées à la fertilité et – curiosité de cette tradition populaire – cette poupée n’a pas de bouche, de nez ni d’yeux. Ne voyant pas, ne sentant pas… elle ne pourra raconter ! La tradition veut qu’elles soient mises en dessous du lit afin d’aider la fertilité du jeune couple.

Dans un bâtiment datant de 1931, un des plus célèbres écrivains portugais du XXème siècle a habité ce village : il s’agit de Fernando Namora. L’écrivain a exercé la fonction de médecin municipal à Monsanto, d’octobre 1944 à octobre 1946. Sur la façade, une plaque porte une citation de Fernando Namora extraite de son œuvre « A Nave de Pedra » (le vaisseau de pierre) parue en 1975 : « mes derniers livres, lors de leur composition et de leur rédaction finales, ont été écrits dans ce village ».

De nos jours peuplent le village de Monsanto 700 habitants.

Un village qui renvie, qui se repeuple, l’école a réouvert ses portes. Voilà, s’il en faut, un des miracles de la revitalisation des villages historiques.

Visiter Monsanto, c’est faire un voyage hors du temps, retrouver d’autres valeurs, c’est être en contact avec des civilisations du passé… c’est se laisser envahir par la civilisation des non-stressés.

Petite anecdote : nous, qui avons visité et avons fait visiter Monsanto, gardons un souvenir moins agréable : un PV ! Il date d’il y une trentaine d’années. Voulant stationner au plus près du village notre véhicule, nous sommes allés jusqu’à l’entrée du village. Il y avait là 4 places de parking et un panneau. Un poteau bien étrange surmonté de deux petites plaques : l’une qui indiquait qu’à gauche on pouvait stationner et à droite pas. Nos yeux n’ont vu qu’un des panneaux… vous avez deviné lequel.

La visite terminée, un petit mot nous invitait à passer à la gendarmerie. Avant d’y aller, un habitant du village nous dit : « toutes les heures la GNR met des PV à cet endroit »… nous concluons : « un piège à touristes, un piège à c… ».

A l’époque nous ne risquions rien, les PV non payés au Portugal, n’étaient pas réclamés en France. Avons-nous voulu faire les malins ? La visite ne s’imposait pas… on était à Pacques… on décide d’aller voir la GNR. Après d’âpres discussions… : « Mrs les GNR ne serait-il pas mieux d’être à l’entrée du village pour informer le touriste, au lieu de sortir du café que pour sevir ? ». Résultat final : nous avons payé l’amende, « um afolar » de 5 mil escudos. Remarquez : pour visiter un musée, une exposition, en général, on doit payer… nous étions 5, faites les comptes.

Pas convaincus, tout de même, de la bonne foi des autorités, nous avons remué ciel et terre avec des courriers, radio locale, autorités locales, régionales et même les autorités routières. Depuis, le local est devenu complètement interdit à la circulation.

Un conseil : stationnez dans les parkings avant l’entrée du village ou le long de la route avant le fameux parking, duquel, on peu observer une magnifique vue sur les alentours et sur le village de Monsanto. Munissez-vous de battons, ils vous seront bien utiles pour arriver tout là-haut.

D’autres beautés, d’autres villages sont à visiter dans les alentours : à 15 kilomètres nous vous conseillons la belle : Idanha-à-Velha, village de 70 habitants où serait né, selon la légende, le Pape Damásio I.