Un livre par semaine: «De la famille», Valério Romão

Depuis la publication de son premier roman, «Autisme», Valério Romão occupe peu à peu une place importante parmi cette nouvelle génération d’écrivains portugais qui nous proposent un nouveau type d’écriture marquée par la fragmentation du discours et par un rythme soutenu. Né en 1974, en France, où ses parents avaient émigré, après l’école primaire Valério Romão rentre au Portugal et à la fin de ses études en philosophie il se consacre à l’écriture.

«De la famille» (éd. Chandeigne, traduction d’Elisabeth Monteiro Rodrigues) est un voyage à l’intérieur des relations familiales. À travers les onze nouvelles de ce livre l’auteur explore certaines situations limites de l’expérience humaine. Sans chercher la compassion du lecteur, tour à tour absurde et drôle, Valério Romão nous fait découvrir un monde où règnent souvent l’incommunicabilité, la souffrance et le jeu des pouvoirs. Comme à l’intérieur d’un laboratoire, ses personnages se mélangent et réagissent fortement les uns par rapport aux autres, favorisant ainsi l’observation de ce qui se passe dans un milieu assez clos qu’est la famille.

De la nouvelle «Peu à peu on a oublié grand-mère», que l’auteur dédie à Alex Gozblau, l’illustrateur de la couverture du livre, nous reproduisons ces quelques lignes: «Quand Alzheimer a frappé ma grand-mère de plein fouet, ma mère nous a réunis dans la cuisine et, les yeux embués de larmes, interrompant coup sur coup son discours pour se moucher avec les sopalins dont elle faisait un petit tas généreux, sur la table, elle nous a dit que grand-mère allait partir, parce que c’était le médecin qui lui avait dit – votre mère, madame, a une maladie dégénérative, qui va lui faire perdre ses facultés et, dans la phase la plus avancée de la maladie, sa propre personnalité, vous devez donc commencer votre deuil dès à présent, car ce sera une mort lente et douloureuse, je ne vous le cache pas – et elle nous a chargés, surtout les plus jeunes, mon frère et moi, de lui tenir compagnie et d’être attentifs à toute farce involontaire qu’elle serait susceptible de faire».

 

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