Un livre par semaine: «Les léopards de Kafka», de Moacyr Scliar

«Les léopards de Kafka» (traduction de Philippe Poncet, éd. Folies d’Encre, 2017) est une histoire à rebondissements qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout.

Dans une sorte de préambule, l’auteur évoque l’origine de son roman: «Au Brésil, une fois ouvertes les archives des services de sécurité relatives au coup d’État militaire de 1964, de nombreux documents apparurent au grand jour, dont un rapport confidentiel qui renvoie à un épisode surprenant dont notre grand-oncle, Benjamin Kantarovitch, ainsi que Franz Kafka en personne furent les protagonistes».

Né en 1937 à Porto Alegre, issu d’une famille d’immigrants juifs de Russie, Moacyr Scliar est décédé dans cette même ville en 2011. Considéré comme l’un des plus grands romanciers brésiliens, il est l’auteur d’une œuvre foisonnante, traduite en 12 langues.

C’est un petit texte énigmatique de Franz Kafka, en épigraphe, qui donne le ton de ce roman-fable humoristique: «Des léopards s’introduisent dans le temple et s’abreuvent aux jarres d’offrande qu’ils vident; le phénomène ne cesse de se répéter; il finit par devenir prévisible et on l’intègre à la cérémonie».

Ainsi, dans une bourgade juive perdue de l’Est de l’Europe, Benjamin (dont le père, tailleur, espère que son fils deviendra rabbin) découvre, grâce à son ami lossi, les œuvres de Marx, d’Engels et de Trotsky. Ils fondent une cellule révolutionnaire. Mais un jour, lossi disparait. Lorsqu’il revient, il avoue à Benjamin avoir rencontré Trotsky, qui lui a confié une mission. lossi malade, c’est Benjamin qui part «en mission», avec un peu d’argent, un billet de train, quelques consignes, des documents d’identité et une enveloppe, dans laquelle est mentionné le nom de l’homme qu’il faut rencontrer, un écrivain. Celui-ci doit lui donner un texte codé. Benjamin, qui n’a jamais quitté son village, entame ce voyage aux nombreuses péripéties. Arrivé à Prague, il s’aperçoit, désespéré, qu’il a perdu l’enveloppe. Il part alors à la recherche d’un écrivain dont il ne connait même pas le nom…