Villages engloutis, traumatismes humains et jumelage optimiste entre Luz et Les Salles-sur-Verdon

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Un village qui perd son âme pour les Français, Saudade pour les Portugais, le jumelage d’une commune française Les Salles-sur-Verdon (Var) et d’une commune portugaise, Luz (Alentejo), trouve des points d’attache dans le progrès et le déplacement de populations.

Ces villages ont vécu le même drame humain, suite à la création de barrages et lacs artificiels pour alimenter en eaux des régions nécessiteuses et produire de l’électricité.

En France, c’est le lac de Sainte-Croix qui a inondé, il y a une cinquantaine d’années, une partie des terres agricoles (évocation par la photo du Mémorial jointe) de la Provence. Cinq barrages jalonnent le cours du Verdon dont celui de Sainte-Croix.

Le hameau de Fontaine l’Evêque a été englouti sous les eaux et a disparu en 1974, une exposition itinérante est consultable.

Les Salles-sur-Verdon a été englouti, mais reconstruit sur les hauteurs et les quelques 500 habitants relogés. Après destruction du village avant l’inondation, le cimetière et les cloches de l’église «sauvées» ont été déplacés. L’association «Mémoire des Salles-sur-Verdon» raconte avec des documents d’archives les conflits générés par l’engloutissement du village en 1974 (voir ICI).

Les réactions à la construction du lac de barrage ont été plus violentes en France qu’au Portugal.

Le livre «La France des villages engloutis» de 2019, de Gérard Guérit, rappelle que si «la grande histoire a retenu le gigantisme des travaux engagés et les prouesses techniques réalisées, elle a souvent occulté les drames humains générés par la plupart de ces projets».

Un jumelage est donc établi en 2005 avec Luz, au Portugal, qui a connu le même sort, celui d’être englouti en 2002, suite à la création du lac d’Alqueva (sur le fleuve Guadiana) et d’un des plus grands barrages européens. Le texte du discours du jumelage des deux communes et les images peuvent être consultés ICI.

Les Maires André Coldeboeuf et Francisco Oliveira ont signé le serment de jumelage, des deux villages éloignés de plus de 1.200 kilomètres, sous les drapeaux et blasons.

Luz a été reconstruit également, les quelques 300 habitants relogés dans un village «voulu» à l’identique. Le «Museu da Luz» est créé près du site englouti pour rappeler son histoire, la mémoire de la «velha aldeia». Ce musée témoigne des profonds changements survenus sur le territoire depuis la submersion, propose des expositions temporaires aux thèmes divers et une exposition permanente consacrée à l’histoire récente du village.

En 2010, le journal Libération raconte les «états d’âmes» des habitants de Luz, dont le Maire Francisco Oliveira, pour qui le confort accru du nouveau village n’efface toujours pas le souvenir mélancolique de l’ancien. Lire ICI.

Un livre de 2016 est suggéré «On ne badine pas avec le progrès: Barrage et village déplacé au Portugal» de Fabienne Wateau, aux Editions de la Maison des sciences de l’homme. Chercheuse au CNRS, ethnologue, anthropologue, elle est spécialisée dans l’étude de la gestion de l’eau. Son livre aborde, entre autres, la lecture d’une pièce de théâtre racontée par les habitants de Luz (où elle a séjourné pour ses travaux de recherche), des récits de gens qui ont dû se déplacer par nécessité.

Le traumatisme pour certains, les plus anciens habitants, est celui de quitter la maison de l’enfance, ses racines. Il n’en est pas un pour les plus jeunes, en France notamment, qui voient essentiellement dans le lac artificiel de Sainte-Croix un indispensable des vacances ou activités d’été. Le tourisme culturel est là pour rappeler le rôle de l’eau dans l’irrigation de terres et les besoins humains. EDF participe à cette mission culturelle et de transmission avec de grands panneaux informatifs au niveau des barrages. L’eau du lac de Sainte-Croix est une bénédiction, un réservoir d’eau (y compris potable) de La Provence au nord de Marseille, à préserver y compris de la pollution.

L’âme du vieux village provençal de Les Salles-sur-Verdon a disparu? Probablement, comment pourrait-il en être autrement. Le jumelage semble endormi? De passage en période estivale et touristique, difficile de répondre. Il semblerait… qu’un restaurant propose des spécialités portugaises.

Le panneau d’entrée communal a généré quelques interrogations, la curiosité a engendré bien plus qu’une balade : apprendre… toujours…

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