Arquivo Nacional da Torre do Tombo

1930: Hommage français au 1er aviateur portugais mort au combat en France

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«Le corps d’un aviateur portugais tué sur le front français va être rendu à son pays» titre le journal Le Petit Marseillais en juin 1930. Óscar Monteiro Torres fait partie, avec les plus connus des aviateurs – António de Souza Maia, Alberto Lello Portela, José Santos Leite – des pilotes portugais, mécaniciens et vulcanisateurs formés en France pendant la I Guerre mondiale.

Seul aviateur portugais d’un escadron français mort au combat en novembre 1917, ce texte revient sur le transfert de son corps de France vers le Portugal et la journée française de cérémonies officielles.

 

Quelques mots concernant son parcours de pilote et son décès en France.

Une formation est d’accord effectuée en Angleterre en 1916, à l’école d’aviation Ruffy-Baumann de Hendon (Londres). Formation également faite par de Souza Maia et Lello Portela. Monteiro Torres est ensuite formé en France dans les écoles d’Avord, Pau, Cazaux.

Un premier document le visualise en France entouré des pilotes, Lello Portela (1) et de Souza Maia, et des mécaniciens portugais, dans les jardins du Château de la Morande à Roquetoire (lieu du Quartier Général portugais dans le Pas-de-Calais) en juin 1917. La photo a été prise par le soldat-photographe Arnaldo Garcez et est visible sur le site de La Contemporaine, bibliothèque de documentation internationale française (photo jointe).

Monteiro Torres est blessé en novembre 1917, lors d’un combat aérien près de Laon dans l’Aisne où il meurt le lendemain dans un hôpital militaire en secteur allemand. Enterré à Laon, un document du Comité International de la Croix-Rouge donne des informations sur le lieu: Cimetière militaire de Laon, dans une tombe isolée (cimetière III – Section G). Il a été déplacé ensuite.

Il est mort à l’âge de 28 ans, laissant une veuve, Maria Carolina Correia. C’est elle qui a demandé le rapatriement du corps presque 13 ans plus tard? L’Etat portugais qui souhaitait le retour du Héros?

La presse portugaise relate un hommage à la Mémoire de Monteiro Torres à l’école militaire d’aviation en décembre 1921. Nommé le Guynemer portugais par le poète Augusto Casimiro (document joint).

 

La translation des restes de l’aviateur portugais Torres au Portugal (titre le journal Le Matin).

Les journaux sont nombreux en juin 1930 à parler de cet évènement: Le Mémorial de la Loire, Le Progrès de la Côte-d’Or, La France militaire, Le Petit parisien, Le Petit Courrier, La volonté, etc… Deux journaux racontent les détails de la cérémonie du 20 juin 1930, Le Journal et Paris Soir.

Le déroulement émouvant est transcrit en partie et complété par des analyses de documents:

Formé en carré près du bâtiment de son État-major, le 34ème Régiment d’aviation attendait, l’arme au pied, l’instant de rendre les derniers honneurs à la dépouille du Capitaine portugais Monteiro Torres mort au champ d’honneur.

Monteiro Torres, à qui la gloire avait souri en pleine jeunesse, dont les nombreuses et successives victoires aériennes avaient fait un «as».

Une simple croix de bois ornait le tertre de ce petit cimetière près de Béthune (Richebourg, Pas-de-Calais), où il reposait provisoirement depuis cette époque, après Laon dans l’Aisne, puis le Cimetière militaire britannique de Vieille-Chapelle dans le Pas-de-Calais.

 

Aparté: Le journal Le Petit Courrier raconte que le 18 juin 1930, près de Béthune, Louis Lantoine, Consul du Portugal à Arras, a fait procéder au Cimetière portugais de Richebourg-L’Avoué, à l’exhumation du corps du Capitaine aviateur, qui avait descendu sur le front de la Lys, 17 avions allemands.

 

L’aviation portugaise désirait que son héros, le premier qui eut brisé ses ailes pour le «Droit», reposât désormais dans le Mausolée élevé à Lisboa à la mémoire des aviateurs disparus.

Un fourgon au capot cravaté des drapeaux français et portugais vint le chercher à son lieu de repos, et l’amena au Bourget (photo jointe), où l’immense bimoteur Lioré et Olivier qui devait le transporter faisait face à la troupe en armes.

Il y avait l’État-major complet du 34ème, sous les ordres du Colonel Houdemon. Le Général Pujo remplaçait le Ministre de l’air, Laurent-Eynac. Pour le Portugal étaient présents le Ministre Ochoa, le Consul Barjona, parmi quelques autres personnalités.

La musique du 23ème colonial attaquait la marche funèbre de Chopin, tandis que le fourgon roulait doucement à travers les herbes hautes et venait s’immobiliser auprès de l’avion, transformé en chapelle ardente et que la troupe présentait les armes.

La sonnerie aux champs retentit lors du transfert de l’urne funéraire et son dépôt dans la carlingue, où furent placées la croix de bois et une gerbe de fleurs, cravatée de tricolore, cueillie sur le sol même où Monteiro Torres était tombé.

L’hymne portugais résonna et lorsque les dernières mesures se furent envolées avec les escadrilles françaises ‘escorte d’honneur’ qui allaient convoyer l’avion funéraire, le Général Pujo, au nom du Gouvernement et au nom de l’Aéronautique française, prononça quelques paroles d’adieu.

L’Adjudant pilote Morel s’installa aux commandes, le Capitaine français Cahuzac et le Commandant portugais Lello Portela prirent place à ses côtés. L’avion prit son vol, avec sous les ailes les fanions aux couleurs portugaises claquant au vent.

Le drapeau de l’Aéronautique et le fanion des engagés volontaires portugais en France s’inclinèrent devant celui qui allait reposer définitivement parmi les siens (photo jointe).

A l’arrivée au Portugal, la famille et les aviateurs portugais accueillirent le convoi aérien. Les pilotes portèrent le cercueil suivi par le Colonel Cifka Duarte (2). La veuve de Monteiro Torres portait la croix de bois qui venait du Cimetière militaire portugais de Richebourg (photo jointe).

 

En 1935 le journal Le Petit Marseillais relatait une croisière aérienne à laquelle participait un monoplan, baptisé Monteiro Torres à la mémoire de l’aviateur portugais, et 8 biplans. L’année précédente, le Monteiro Torres avait servi à ramener les restes du pilote portugais Plácido de Abreu, mort dans un meeting aérien à Paris.

Le corps du Capitaine aviateur repose maintenant au Cemitério do Alto de São João, à Lisboa.

Une avenue porte aujourd’hui le nom Óscar Monteiro Torres, également à Lisboa.

 

Notes et compléments

Le bulletin militaire du pilote est visible aux Archives historiques militaires portugaises.

Une fiche de personnel naviguant de l’Aéronautique militaire française est disponible sur le site français Mémoires des hommes.

Un travail de novembre 2017 de l’Institut universitaire militaire portugais est consultable “A aviação militar portuguesa nos céus da grande guerra: realidade e consequências”.

(1) Lello Portela: https://lusojornal.com/laviateur-portugais-lelo-portela-attache-militaire-du-portugal-en-france-apres-guerre/

(2) Cifka Duarte: https://lusojornal.com/laviateur-cifka-duarte-dans-loeil-de-mina/

 

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