Coll. privée Daniel Coutinho

Après la I Guerre mondiale, un soldat du CEP disparait pendant plusieurs décennies

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Des lecteurs du LusoJornal apprécient qu’il soit écrit des textes concernant leurs racines et la difficulté des recherches généalogiques suite à l’écriture des noms de famille portugais. Suite à la publication d’une énigme, un témoignage familial est apporté, celui de la disparition d’un grand-oncle soldat portugais de la I Guerre mondiale. L’histoire se termine bien puisqu’il réapparait et renoue des liens avec sa famille portugaise.

L’objectif de cet écrit est la transmission, être utile à la Communauté portugaise installée en France après la Grande guerre. La composition des noms de famille portugais rend parfois difficile les recherches d’ascendance pour les lusodescendants (certains l’écrivent).

Les soldats du Corpo Expedicionário Português disparus à la guerre sont nombreux. Aujourd’hui on retrouve des noms dans les registres français des fosses communes. Des soldats portugais, inconnus ou nouvellement identifiés, sont enterrés dans des cimetières militaires allemands. Est abordée ici une forme de «disparition administrative», probablement involontaire, mais utile à la compréhension de la «petite histoire», celle qui nourrit la grande.

 

L’histoire familiale d’António Passos est racontée avec l’aide de son petit-neveu Daniel Coutinho.

Antonio Passos, c’est le nom qui est écrit sur l’acte de décès, en Mairie de Jouarre, en février 1982. Il est enterré au cimetière communal de Lagny – Seine-et-Marne.

Le bulletin militaire individuel du CEP donne des informations, il est nommé António Passos Coutinho, fils de Manuel et Maria Pereira de Sá. Il est né à Alvarães (Viana do Castelo). Embarqué à Lisboa en août 1917 pour la guerre en France, il y retourne en septembre 1918, pour finalement revenir s’installer en France.

Le bulletin militaire, transmis à la famille, lui apporte des éléments méconnus dans l’histoire familiale transmise.

Le petit-neveu raconte que «pendant environ 50 ans, la famille d’António n’a pas eu de nouvelles de lui. Ni le Consulat portugais ni les Autorités françaises n’ont réussi à le retrouver, par ce qu’António utilisait le nom Passos et la famille le recherchait sous le nom Coutinho».

Lorsque le père Manuel Passos Coutinho est décédé vers 1950, António Passos est déclaré comme «disparu à la guerre».

C’est vers 1964, lorsqu’il a besoin d’un extrait de naissance, qu’il se fait connaître au Consulat portugais de Paris et qu’il apparait ensuite dans la mémoire familiale. Une «disparition administrative» d’à peu près 46 ans, liée à l’écriture des noms de famille portugais.

Le petit-neveu raconte que par la suite, António Passos a fait quelques voyages au Portugal, dans la région de Viana do Castelo, Alvarães d’où il est originaire. Alberto, un immigré portugais, l’a convaincu en 1964 de revoir sa terre natale.

Daniel Coutinho, le petit-neveu, est arrivé en France en décembre 1968 dans la ville de Chelles, en Seine-et-Marne. En 1975, il s’installe à Nanterre (Hauts-de-Seine). Sa belle-mère portugaise est arrivée en France en 1922, retournée au Portugal après la II Guerre mondiale. Mais c’est une autre histoire, celle qui lui a permis de connaître son épouse portugaise, histoire qui passe par la France, aussi par le Mozambique.

C’est en 1977 qu’un collègue de travail fait le lien entre les noms de famille et que Daniel Coutinho connait l’existence de son grand-oncle. Le rapprochement est alors possible, il visite António jusqu’à son décès en 1982.

Il résidait alors dans une institution, mais impossible de savoir ce qu’il a fait pendant toutes ces années en France. Si ce n’est qu’il avait une compagne française, inhumée également au cimetière de Lagny-sur-Marne.

Les visites au grand-oncle ont permis de rencontrer une nièce de sa compagne, élevée par António et elle-même. Un Fil d’Ariane complexe mais intéressant… Le frère d’António Passos Coutinho se nommait Manuel Pereira Coutinho (nom composé d’un nom de leur mère).

Cesário, le cousin de Daniel Coutinho, «au-delà de la curiosité et de l’intérêt que le sujet révèle», note «le côté historique qui démarque le LusoJornal en cherchant à honorer les combattants portugais de cette horrible guerre». Après lecture de textes écrits au journal, il note que la question des noms et prénoms est une cause de grande confusion. Dans le cas de sa famille, cela s’est produit. «Il admet qu’à l’époque, certains n’ont peut-être pas su comment gérer l’affaire».

Une réponse de Cesario pour bien clore: «Ce qui est certain c’est que notre grand-oncle, après 50 ans, est revenu. Pour nous, toute cette histoire est très proche et a un sens, car nous avons appris à le connaître et vécu avec les membres de sa famille. Tout ce qui perpétue la mémoire des différentes générations est bienvenu».

Une autre façon d’écrire, de faire des recherches, qui permet de sortir de l’anonymat des anciens combattants portugais de la I Guerre mondiale. Il sera difficile de trouver une photo du soldat António Passos Coutinho. Il est bien cependant de le voir en photos en fin de vie, dans son pavillon de loisirs, dans sa chambre.

 

Merci à Daniel Coutinho Sá, petit-neveu du soldat portugais et son cousin Cesário pour leurs correspondances et témoignages.

 

En compléments:

https://lusojornal.com/des-documents-administratifs-portugais-sources-derreur-a-letat-civil-francais-au-debut-du-20eme/

https://lusojornal.com/i-guerre-mondiale-et-apres-integration-en-france-semee-dembuches-administratives-et-humaines/

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