Fado / Echos de Lisboa 1 – Carla Pires, une princesse en son palais

Il y a à Lisboa des dizaines de maisons de fado, de cafés ou de tavernes où l’on peut entendre du fado régulièrement, une ou deux fois par semaine pour les cafés ou tavernes, tous les jours ou presque pour les maisons de fado. Certains lieux sont très simples, d’autres fort cossus et il en est un peu à part, le Palácio das Especiarias.

Ce palais (on dirait plutôt en France ‘hôtel particulier’), bâti au 16ème siècle et dont les fondateurs étaient spécialisés dans le très lucratif commerce des épices (especiarias) a été récemment réaménagé en hôtel très élégant, seul hôtel à Lisboa proposant du fado trois fois par semaine à sa clientèle, mais aussi ouvert au public extérieur sur réservation.

Les participants à la soirée, davantage traités en «invités» qu’en clients, sont conviés avant le dîner dans un petit salon où leur sont offerts une coupe de vin crémant et un pastel de nata, puis conduits vers un salon plus vaste où se tiendra le dîner et le fado, accompagnés par l’hôtesse de la soirée. L’hôtesse, c’est Carla Pires, l’une des meilleures voix du fado, qui s’est déjà produite régulièrement en France et dans toute l’Europe, celle que João Silveirinho qualifia de «printemps ambulant».

Carla Pires, en plus de sa carrière de concertiste, qu’elle poursuit, est devenue responsable des relations publiques du petit groupe hôtelier «Casinhas de Lisboa» dont le Palácio est le navire amiral, et a eu l’idée de ces concerts de fado si particuliers.

Accueillant les invités avec élégance et gentillesse, elle expliquera en préambule, en anglais et en français, les principales caractéristiques du fado, et ensuite, pour chaque fado, sa thématique. Une prestation de haute volée, accompagnée de jeunes guitaristes talentueux.

Comme dans les maisons de fado traditionnelles, une séquence de quatre fados entre chaque plat du dîner. En tout, deux heures dans une sorte de bulle de charme et de délicatesse. Il y faut beaucoup de talent. Tout ceci rendu également possible par un service souriant (comme Carla Pires), discret mais attentionné. Bref, un soirée fado différente, luxe, calme et un doigt de volupté, entourant une prestation fadiste de haute volée.

Le tout, soyons un peu triviaux, pour un coût certes élevé (65 euros tout compris), mais n’oublions pas que les maisons de fado traditionnelles les plus cotées proposent des tarifs plus élevés encore. Et si l’amateur de fado a encore soif (de fado), il peut toujours, puisque la soirée au Palácio das Especiarias finit vers 22h00, aller en prendre une gorgée au Bairro Alto tout proche, par exemple au Canto da Atalaia, petite taverne chaleureuse, mais ça, ce sera dans un autre écho de Lisboa.