Georges Moustaki a chanté le «Portugal»

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La machine remonte le temps.

La discrétion des Portugais de France a été «mise à mal» par des chansons d’ici, de France, qui parlaient d’eux, à l’image des deux chansons: «Le Portugais» de Joe Dassin et de Linda de Suza.

Quant à Georges Moustaki, c’est le «Portugal» qu’il chante dès 1974, dès l’arrivée dans le concert mondial d’un nouveau pays libre à la suite de la Révolution des Œillets.

Pour les plus jeunes d’entre nous, rappelons qui était Georges Moustaki: né Giuseppe Mustacchi ou Yussef Mustacchi, le 3 mai 1934, à Alexandrie (Égypte), il est mort à l’âge de 79 ans, le 23 mai 2013, à Nice. Auteur-compositeur-interprète d’origine italo-grecque, naturalisé français en 1985, il touchait à tout ce qui était art: artiste-peintre, écrivain et acteur.

Georges Moustaki a écrit plus de 300 chansons pour les plus grands interprètes: d’Édith Piaf à Yves Montand, de Barbara à Serge Reggiani, entre autres. Il avait une profonde liaison avec la musique brésilienne. D’ailleurs, la chanson «Portugal» est une adaptation d’un thème chanté par Chico Buarque en 1973.

Moustaki, l’année qui suit, gardera la mélodie, mais changera les paroles, la liberté retrouvée étant le thème central: l’Alentejo, Trás-os-Montes, le Taje… le Portugal tout entier, pouvant être motif d’espoir pour d’autres pays où la liberté, la paix, est mise à mal: l’Espagne, le Chili, le Vietnam…

Comme homme libre, Georges Moustaki avec sa «gueule de Métèque» et ses cheveux aux quatre vents nous chantait «Ma liberté», superbe chanson… un hymne à ce bien si précieux dont la France, entre autre, a toujours inscrit dans sa devise.

Georges Moustaki visitera le Portugal à plusieurs reprises. Le 7 février 1975 on le voit à côté de son ami José Afonso qui chante «Milho verde», jouant, accompagnant, improvisant avec celui qui restera à toujours de chanteur-engagé, auteur, interprète de «Grândola Vila Morena».

La chanson «Portugal» de l’album Moustaki (1974) consacré à la «Révolution des Œillets» du 25 avril 1974 qui a eu lieu au Portugal, assume le rôle paradigmatique de l’espoir car tous ceux qui ne croient pas au changement des régimes despotiques ont une raison de se réjouir fortement – «l’œillet rouge a fleuri au Portugal».

Ce thème musical apparaît dans une structure antithétique: d’une part, la désillusion, la guerre en Espagne, la torture de Pinochet au Chili (face au chapitre sur le Chili) – la guerre au Vietnam entre les Vietnamiens et les Américains et, d’autre part, le paradigme de la réalisation d’un rêve – le Portugal qui, d’un pays réprimé, a commencé à respirer la liberté.

L’impact symbolique que la Révolution portugaise a eu sur le reste des pays du monde doit être souligné, principalement en raison du fait que la chute de la dictature n’a officiellement provoqué aucune effusion de sang.

Georges, que chanterais-tu de nous jours ici-bas? «Ma liberté» probablement, «Portugal» aussi. Que des changements depuis ton départ, pas toujours vers un monde meilleur…

Georges Moustaki, «Portugal» (1974)

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Ô muse ma complice

Petite sœur d’exil

Tu as les cicatrices

D’un 21 avril

Mais ne sois pas sévère

Pour ceux qui t’ont déçue

De n’avoir rien pu faire

Ou de n’avoir jamais su

(refrain)

À ceux qui ne croient plus voir s’accomplir leur idéal

Dis leur qu’un œillet rouge a fleuri au Portugal

On crucifie l’Espagne

On torture au Chili

La guerre du Vietnam

Continue dans l’oubli

Aux quatre coins du monde

Des frères ennemis

S’expliquent par les bombes

Par la fureur et le bruit.

(refrain)

Pour tous les camarades

Pourchassés dans les villes

Enfermés dans les stades

Déportés dans les îles

Ô muse ma compagne

Ne vois-tu rien venir

Je vois comme une flamme

Qui éclaire l’avenir.

(refrain)

Débouche une bouteille

Prends ton accordéon

Que de bouche à oreille

S’envole ta chanson

Car enfin le soleil

Réchauffe les pétales

De mille fleurs vermeilles

En avril au Portugal

(refrain)

Et cette fleur nouvelle qui fleurit au Portugal (bis)

C’est peut-être la fin d’un empire colonial.
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