Histoires de vies, pour l’histoire du CEP et de la Ligue des Anciens Combattants Portugais de Lillers

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Les célébrations du centenaire de la Bataille de La Lys, en 2018, sont venues raviver les mémoires, enrichir l’histoire, délier la parole, colmater des blessures, rendre fière une appartenance à des racines portugaises.

«Racines» étant précieusement une des expositions qui voyage, que migre, pour être exposée entre le 1et et le 11 mars prochains à Oloron Saint Marie (lire ICI), exposition née et mise en place par  Aurore Descamps-Ronsin, arrière-petite fille du soldat João da Assunção, petite-fille de Félicia d’Assunção Pailleux, porte-drapeau de la Liga dos Combatentes, qui vient de nous quitter à 97 ans (lire ICI).

Occasion pour LusoJornal d’évoquer, de prolonger «Racines» en vous racontant l’histoire des membres fondateurs de la survivante Ligue des Anciens Combattants Portugais de Lillers et Environs (lire ICI). Un travail de fourmi, d’histoires pour l’Histoire, ne serait-ce que des familles concernées.

Nous retenons deux dates : le 1er décembre 1929 et le 21 février 1951.

La première date est celle de la nomination du 1er Conseil d’administration. Dans un courrier du 21 février 1951, entre le Secrétaire de Police de Lillers et le Sous-Préfet de Béthune, il y a listé les 16 membres actifs de la Liga de Lillers. À 22 ans de distance, 5 des 6 membres fondateurs/dirigeants faisaient encore partie de l’organisation. Tous les 5 ayant en 1951 la nationalité française.

Manquait à l’appel, en 1951, son premier Président Álvaro Pinto Rei.

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Álvaro Pinto Rei

Álvaro Pinto Rei est né le 17 mai 1895 dans la paroisse de São José, à Lisboa. Fils de Felipe Gomes Rei et de Maria Purificação Ferreira. Au moment de l’embarquement de Lisboa, direction Brest, le 27 mai 1917, il était marié à Amélia Augusto Rei et habitaient le 20 rua Fernandes Thomaz, à Lisboa.

Par sa fiche militaire, nous pouvons apprendre qu’il faisait partie, au sein du Corpo Expedicionário Português (CEP), de Infantaria 2, Batalhão 2. Il a été promu à Cabo le 27 mai 1917 et à ‘Segundo Sargento’ le 28 août de la même année. Il a été évacué vers l’hôpital canadien n°2 le 17 janvier 1918, sortant juste le lendemain du début de la Bataille de La Lys, le 10 avril.

La sortie du CEP est datée du 3 juin 1919, élisant domicile à St Hilaire Cottes, dans le Pas-de-Calais.

Le fait qu’il soit marié au moment de sa venue en France, explique probablement, le fait d’avoir vécu en concubinage jusqu’au 27 mai 1927 avec Louise Marie Joseph Bertin (1897-?) date à laquelle ils se sont mariés à St Hilaire Cottes. Au moment du mariage ils ont reconnu 4 enfants : Jules Philippe, né le 18 mai 1921, Roger Philippe né le 27 janvier 1923, Odette, née le 6 septembre 1925 et Yvette, née le 15 janvier 1927. Au moment du mariage Álvaro était mineur et Louise n’avait pas de profession déclarée.

Est-ce ses idées politiques qui l’ont obligé à s’éloigner de la Liga de Lillers ? La question se pose, par le fait qu’un dossier, cote 19940472/89, dossier 7889, provenant des Fonds de Moscou (lire ICI) est enregistré/gardé aux Fichiers Central de la Sûreté Nationale.
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João Manuel da Assunção Costa

Le premier Trésorier de l’association a été João Manuel da Assunção Costa, né à Ponte da Barca le 28 décembre 1894. Il a embarqué à Lisboa le 22 février 1917, faisant partie du Corps Expéditionnaire Portugais lors de la Guerre mondiale. Il appartenait à la 2ème Division, matricule 13.089.

Comme la presque majorité des soldats portugais il a débarqué à Brest rejoignant le village de Roquetoire, pour quelques entraînements, un enseignement en complément de celui reçu à Tancos. João da Assunção sera envoyé au front, du côté de Neuve-Chapelle. Il s’est retrouvé à plusieurs reprises en première ligne. Lors de la Bataille de La Lys, son Régiment a énormément souffert, perdant 75% de ses soldats, João da Assunção a survécu.

La Guerre terminée, il prend la décision de ne pas embarquer, décidant de rester en France par amour pour Mélanie, demoiselle rencontrée à Ecquedecques. La famille de Mélanie recevait des soldats lors de leurs permissions, ces derniers aidant parfois dans quelques travaux agricoles.

João da Assunção n’a pas été considéré «déserteur» à l’inverse d’autres collègues qui ont décidé de ne pas rentrer au pays.

Le mariage entre João da Assunção et Mélanie Augustine Beugny a lieu le 14 septembre 1920 à l’aube, à 7h00 du matin. Il pourra quitter le couloir où il a dormi, par respect jusqu’au mariage.

Felicia Glória d’Assunção vient au monde le 5 avril 1926, mais João da Assunção et Mélanie élèveront 15 enfants, 10 filles et 5 garçons.

João da Assunção et Mélanie choisissent de donner à cette petite fille, née le 5 avril 1926, les deux prénoms de la mère de João da Assunção. C’est une curiosité familiale, car les quatre premiers enfants portaient des prénoms français. Déjà une question de transmission, qui se confirmera plus tard quand Felicia deviendra naturellement le Porte-drapeau de la Liga dos Combatentes de Lillers et Porte Drapeau de la Bataille de La Lys.

Les années qui ont suivi la Guerre ne furent pas simples. João da Assunção va travailler à la mine en vélo (c’est gratuit) et en portant son seul vêtement : l’uniforme de l’Armée portugaise. De «mineur / agriculteur», il se lance avec un ami portugais dans la création d’un commerce de vélos, plus tard João da Assunção sera même copropriétaire d’un deuxième magasin.

En 1951 il apparaît comme secrétaire de la Liga de Lillers.

Il occupera le poste de Porte-drapeau jusqu’à son décès à l’âge de 81 ans, en 1975.

Sa fille Félicia d’Assunção Pailleux prend la relève de la Présidence et Porte-drapeau de Liga de Lillers.

Après le décès de Felicia da Assunção Pailleux, la semaine dernière, sa fille Marie Ronsin et sa petite-fille, Aurore, continueront d’être les Porte-drapeau de l’association, le fils d’Aurore, Horace, promettant, à 11 ans, de prendre la relève.

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Joaquim Andrade

Joaquim Andrade, était le Secrétaire en 1929. Il est né le 18 mai 1897 à Vila Nova de Corgo, Celorico de Basto, fils de Francisco Andrade et Francisca da Silva.

Il embarque à Lisboa le 14 mars 1917, faisait partie en tant que conducteur du 3ème Régiment, 2ème Bataillon, 5ème Compagnie.

Signalons dans son histoire en tant que soldat du CEP, le fait d’avoir été puni 15 jours le 3 février 1918 pour avoir monté la jument n°6, alors qu’elle était convalescente.

Il est sorti des rangs du Corpo Expedicionário Português le 19 mai 1919, élisant domicile à Ecquedecques. Il s’y mariera tout juste 11 mois plus tard, le 19 avril 1920, avec Rosa Beneteux, née le 15 juillet 1901, encore mineure au moment du mariage. Elle a été déclarée ménagère, Joaquim étant houilleur.

Petite anecdote, le mariage de Joaquim et Rosa – comme celui entre João et Mélanie – a eu lieu à 7 heures du matin. Pour ne pas perdre une journée de travail ? L’Officier devant partir à ses occupations dès le mariage terminé ?

Deux enfants naissent dans le couple : Laure Augusta de Andrade, le 9 mai 1921 et, plus tard, Gilbert de Andrade.

De Secrétaire en 1929, en 1951 il apparaît simplement comme sociétaire.

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Carlos Bento Soares

Carlos Bento Soares, de simple membre du Bureau en 1929, aura comme fonction de Président en 1951.

Fils d’António Bento Soares et Tereza de Oliveira, il est né le 27 décembre 1893 à Valbom, Gondomar.

Carlos Bento a embarqué à Lisboa le 15 mai 1917, soldat, il faisait partie du 1er Bataillon, 1ère Compagnie.

Comme une très grosse majorité des soldats du CEP, il aura, lui aussi, droit à sa punition : 5 jours de prison disciplinaire pour avoir fait un commentaire désobligeant sur la qualité de la nourriture, lors du 3ème repas de la journée du 30 août 1918, alors qu’il était à ce moment-là hospitalisé à l’Hôpital de Base.

Comme pour tous les autres soldats, d’une façon générale, il obtient 90 jours de licence de fin de service, le 12 mars 1919. Le 14 mai 1919, il obtient du Général-commandant du CEP, l’autorisation de rester en France, avec comme condition, de se présenter dans les 30 jours qui suivent à l’Autorité consulaire portugaise de Boulogne-sur-Mer, ayant choisi à l’époque comme lieu de résidence le 5 rue Jacques Dumont, à Boulogne-sur-Mer.

Naturalisé français le 20 novembre 1928, en 1929 il était mineur et vivait à Manqueville-lès-Lillers. Il vivra en concubinage avec Marie Coupigny (1888-1964) et ils auront 3 enfants. Ils finiront par se marier le 29 janvier 1947. Carlos Bento adoptera le fils de sa compagne issu d’une première union. Charles Pruvost prendra le 27 décembre 1947 le nom de Charles Bento Soares.

En 1951 il est déclaré retraité de la mine, exerçant toutefois à ce moment-là, la profession de brocanteur. Il décédera à Lillers le 20 janvier 1982 à l’âge de 88 ans.

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Manuel Cardoso

Manuel Cardoso, mineur à Manqueville-lès-Lillers, était le Trésorier de l’association en 1929, et occupe toujours ce poste en 1951.

Manuel Cardoso est né le 31 mars 1894 à Castelo Novo, Fundão. Au moment de l’embarquement à Lisboa, le 17 novembre 1917, lui et ses parents, Francisco Cardoso et Maria José, habitaient Casal da Serra, São Vicente da Beira.

Soldat, il faisait partie de la Batterie, en tant que chargeur d’obus. Il quitte définitivement le CEP le 1er juin 1919.

Manuel Cardoso se marie le 24 avril 1920 à Lillers avec Clémence Blondel, sans profession, née le 25 juillet 1898. Le couple aura 4 enfants : Rolande en 1922, Odette en 1923, Paul François en 1925 et Roland en 1930.

Naturalisé français par décret du 13 avril 1933, en 1951 il est déclaré retraité et habitant le 6 rue d’Aires, à Lillers.

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Alexandre Aguiar

Alexandre Aguiar n’est pas membre du Bureau de la Liga de Lillers en 1929, mais en 1951 il était son porte-drapeau.

Il est né le 23 janvier 1892, à Silva de Cima, Satão, Viseu, fils de José de Aguiar et de Maria da Conceição.

Soldat du RI 19, sa fiche militaire n’est pas encore accessible sur internet, sa référence étant : PT/AHM/DIV/1/35A/2/20/17599.

Par décret du 22 janvier 1930 il obtient la nationalité française.

Alexandre Aguiar vit en concubinage avec Angèle Pierron, avec laquelle il se mariera le 04 août 1945.

Le couple aurait eu 6 enfants, dont 4 en vie en 1951, habitant la rue Sébastopol, à Lillers.

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José Joaquim Pina

José Joaquim Pina était membre de la Liga de Lillers en 1929 et garde ce statut en 1951.

Il est né le 6 août 1894, à São Bartolomeu de Urrós, Moncorvo, fils de Manuel Joaquim Pina et Maria da Purificação Mendes.

Il a embarqué à Lisboa le 14 mars 1917. Dans sa fiche militaire, pas grand-chose comme information, à peine l’indication, en date du 15 décembre 1919, comme pouvant faire usage de sa Médaille de la victoire.

José Joaquim Pina, déclaré monteur à l’époque, se mariera le 4 février 1922 avec Germaine Leverd à Isbergues, née le 2 mars 1903. L’ancien soldat a été déclaré mineur au moment de l’union du couple.

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Dans le courrier adressé en date du 21 février de 1951 par le Secrétaire de la Police OPJ de la circonscription de Lillers au Sous-Préfet de Béthune, il y est indiqué comme faisant partie de la Section de la Liga de Lillers les nommés : Germain Gomes, Antters (?) Gaitano, Ernest Martins, Francisco Saraiva, Antoine Cardoso, Francisco Peres, Manuel Gonçalves de Melo, Diogo Costigio (?), Marques Lima et José da Silva.

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D’autres mariages

Notons le fait que d’autres unions ont eu lieu dans les environs de Lillers dont les anciens combattants du CEP n’appartenaient pas, ni en 1929 ni en 1951, à la Liga de Lillers.

C’est le cas de:

Joaquim Barbosa, né le 10 mai 1892 à Magulhos (?), les parents étant Gilberto Barbosa et Maria de Jesus. Il s’est marié le 19 juillet 1919 à St Hilaire Cottes avec Camille Crepin.

Nicolau Barbosa da Fonseca, né le 21 octobre 1897, à Ramalda (Porto), fils de António Barbosa da Fonseca et Virginia de Almeida Guimarães, habitant 84 rua Central Francos, à Porto.

Il serait parti de Lisboa le 17 novembre 1917 et occupera le poste de Sous-lieutenant au sein du CEP.

Déclaré comme débarqué à Lisboa le 23 juin 1919, il revient en France pour se marier le 6 novembre 1919, à Ecquedecques, après que l’autorisation lui soit donnée par le Commandant du Régiment n°18. L’épouse, Eugénie Pauline Maquet, professeure, est née dans le même village le 21 juin 1895.

António Pinto, né le 28 février 1894 à Arneiroz (?), fils, de José Pinto et Maria do Rosário Varella. Il s’est marié le 31 mai 1919 à St Hilaire Cottes avec Marie Sophie Pailleux, tous deux sans profession au moment du mariage.

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En voilà des noms, des événements, des dates qui contribuent, d’une certaine forme, pour l’Histoire de la Liga de Lillers, dont Félicia d’Assunção Pailleux, Porte-drapeau pendant 4 décennies, vient de nous quitter à l’âge de 97 ans.

L’histoire continue pour la Ligue des Anciens Combattants Portugais de Lillers et Environs. Le Bureau actuel étant constitué par Aurore Descamps-Ronsin en tant que Présidente, Marie Ronsin comme Trésorière et Cathy Pailleux comme Secrétaire.

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