I Guerre mondiale: De la physionomie du soldat portugais à l’héroïsme

[pro_ad_display_adzone id=”37510″]

Lors de la I Guerre mondiale, «la physionomie du soldat portugais» est le titre qu’a donné le quotidien d’Anvers – le Petit Courrier – à un article de juillet 1917. L’auteur du texte n’est pas nommé, mais une occasion est donnée de rappeler la présence du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) en Afrique et en France, les travailleurs qui ont participé à l’effort de guerre, la religion et les relations sans anicroches avec les civils français,… et l’héroïsme.

Une retranscription est faite (avec coupure des mentions politico-militaires), pour aborder la formation des soldats portugais en France et leur comportement. La description physique permet de donner des exemples concernant la petite taille de soldats (les photos jointes également).

Le plus connu des petits soldats est Aníbal Augusto Milhais, dit «le soldat Milhões», héroïsé pour ses exploits lors de la Bataille de La Lys. L’un est cité dans un dossier de dénaturalisation sous le Régime de Vichy (voir ICI), 1m55 pour l’ancien combattant José Pereira Ribeiro. L’autre, héros de la presse portugaise d’après-guerre, sera présenté à la suite.

Après avoir visité le secteur portugais des Flandres, P. Petit-Didier, Directeur honoraire de la Banque de France, parle aussi de la petite taille des soldats dans ses récits publiés en 1931 (voir ICI).

.

Retranscription de la coupure de presse de juillet 1917

«La petite place d’une antique cité a vu défiler, depuis le début de la guerre, sur ses pavés mal joints, à peu près toutes les races de la terre: Français, Belges, Anglais, Sénégalais, Indiens et Cafres de l’Afrique allemande. Or, voici qu’aujourd’hui de nouveaux soldats sont venus ; leur troupe, qu’on n’avait jamais vue, a débouché, tambours battant sur la place : ce sont les Portugais. La troupe après avoir formé les faisceaux au milieu de la place, s’est dispersée aux quatre vents, pendant qu’une nuée d’enfants s’en vont regarder les nouveaux venus sous le nez, et que, sur le seuil de leurs portes, les habitants aussitôt apparus, se transmettent la nouvelle : Voilà les Portugais. […]

N’oublions pas que le Portugal combat aussi en Afrique. Il entretient un corps expéditionnaire de trente mille hommes environ. Ajoutons les milliers d’ouvriers que notre allié nous a donnés pour travailler dans nos ateliers nationaux.

Les premières unités portugaises ont débarqué en France convoyées par la flotte britannique. Les transports des troupes portugaises ont tous échappés aux sous-marins allemands. […]

Nous avons vu les troupes portugaises à l’entraînement, dans les camps ; leur instruction passe par deux phases bien distinctes. Au cours de la première, qui se déroule en Portugal même, le soldat portugais reçoit les premiers éléments de l’art de la guerre. On s’applique à le dégrossir, à l’assouplir, à le rendre endurant. Son enseignement technique ne va pas alors au-delà de l’école du soldat ; ensuite, il est embarqué pour la France. C’est ici, dans les camps d’instruction, que le soldat portugais achève son entraînement physique et reçoit vraiment l’enseignement technique du combattant moderne. Nous l’avons vu en action, et ce que nous avons vu, nous a été confirmé par ses instructeurs, au nombre desquels se trouvent des Officiers et des Sous-Officiers de l’armée britannique. Au combat à la grenade, dans les exercices de saut, à l’escrime, à la baïonnette, le soldat portugais nous a paru briller principalement par sa souplesse et par sa compréhension rapide de la théorie. Le soldat portugais est en outre très endurant ; la volonté, chez lui, remplace le muscle. Le soldat portugais a un excellent esprit dans un corps sain, le moral est bon. […]

Le soldat conserve au surplus, au front, sa physionomie particulière. Il a son uniforme, sa langue, ses chefs, sa législation militaire, sa religion, ses journaux et sa discipline. Chaque dimanche, dans chaque régiment, le prêtre catholique dit une messe à laquelle nul n’est obligé d’assister. Les journaux du Portugal arrivent assez irrégulièrement, une semaine après qu’ils ont paru. Les Officiers, qui parlent tous le français, se consolent en lisant nos feuilles.

J’ai demandé à des Officiers et à des soldats s’ils faisaient bon ménage avec la population française, et, à celle-ci, si elle s’accommodait de la présence auprès d’elle des troupes portugaises ? Je n’ai entendu, ni d’une part ni d’une autre, aucune doléance. J’ai vu avec plaisir, dans les champs, que nos braves paysans ont réussi à cultiver malgré la guerre, grâce aux quelques soldats portugais qui leur ont prêté leurs bons offices. […]»

Note: A la lecture du texte, il est possible de dire que la cité antique citée ci-dessus est Aire-sur-La-Lys, mitoyenne du camp d’entrainement de Marthes.

.

Un Sergent héroïque / Um sargento heróico

C’est ainsi qu’est décrit le soldat José Barata Freire de Lima dans le journal «O Século/Le siècle» en février 1918, avant la Bataille de La Lys. La bravoure, la décision et l’énergie du soldat sont mises à l’honneur, par un autre soldat du même régiment Luciano Barata.

Celui-ci a écrit l’article dont sont extraites les informations.

Barata Freire de Lima, 2ème sergent d’infanterie 24, est décrit comme petit, frêle, nerveux, non taillé pour la guerre. Surnommé «Baratinha» par ses compagnons d’armes, il affrontait l’horreur de la guerre la tête droite, acceptait le déchainement allemand avec sérénité et fermeté, sans crainte de la mort ou d’une blessure, sous le feu continu des mitrailleuses. Il proposait à son Capitaine de remplir son devoir uniquement dans des services risqués. Il ne connaissait ni la peur ni le repos.

Il s’est distingué lors des bombardements ennemis des 14 et 15 septembre 1917, qui ont eu lieu sur le côté droit de Neuve-Chapelle (Cf. le bulletin militaire). Une nuit de «raid» vers la ligne allemande, une énorme pluie de grenades à main et mitrailleuses obligent les soldats portugais à reculer. Il est resté seul, debout, à combattre. Le plus avancé, il n’a pas entendu l’ordre de se retirer.

Il s’est vu seul et a continué le combat contre des dizaines d’ennemis dans les tranchées, jusqu’à la dernière cartouche, jusqu’à la dernière grenade, puis s’est retiré. La plus brillante de ses dizaines d’action, selon le narrateur.

.

Rui Manuel Coutinho, un lecteur de Facebook, a reconnu son grand-oncle maternel et propose des éléments familiaux.

Le sergent José Barata Freire de Lima (1893-1956) était de São Pedro, concelho de Celorico da Beira, distrito da Guarda. Il était fils de Jaime Barata Saraiva de Pina et de Maria José Barata Freire de Lima Jacobety. Il était le plus vieux d’une fratrie de sept garçons.

«Il est arrivé en Flandres avec le premier contingent du Corps Expéditionnaire Portugais en février 1917 et il est resté au front une année. Il s’est distingué parce qu’il était volontaire pour les missions les plus risquées. Il n’a pas combattu lors de la Bataille de La Lys, mais il a vu le pire de la guerre, apparemment sans une égratignure alors qu’il défiait la mort quotidiennement», écrit Rui Manuel Coutinho.

Malgré ses actes de bravoure, José Barata Freire de Lima est resté Sergent, un héros méconnu de la municipalité de Celorico. Il a un visage aujourd’hui.

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]