Collection Afonso Maia

I Guerre mondiale: Des soldats portugais demandent la carte du combattant français

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Cela se passe à Mont-Bernanchon, commune du Pas-de-Calais, où fut posé après-guerre un petit monument financé par l’argent portugais (1). Cette borne délimite la fin de l’avancée allemande en juillet 1918, suite à la Bataille de La Lys d’avril. La présence portugaise, dans cette commune française s’explique par le fait que des soldats s’y sont installés après la I Guerre mondiale. La commune se trouve à une dizaine de kilomètres du front portugais des Flandres. Au moins 3 couples luso-français s’y installent.

Le début d’une communauté portugaise?

L’histoire du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) en France, de 1917 à 1919, est connue aujourd’hui pour qui s’intéresse au Centenaire de la Grande Guerre, par le biais de l’histoire militaire, de la presse, du mémoriel. Des histoires individuelles, des «trésors» rangés dans les cartons, enrichissent cette Histoire. Certains documents proposés ici sont des photocopies issues de la collection d’Afonso da Silva Maia, décédé il y a 4 ans, expert de la participation des Portugais à la I Guerre mondiale. Ajoutés aux éléments de l’état civil français et aux recensements de population, ils permettent de connaitre un peu mieux ces couples installés en France et certaines démarches administratives qu’ils ont effectuées.

 

Les sœurs Rimetz et leur mariage franco-portugais après la I Guerre mondiale

Maria et Blanche sont nées à Mont-Bernanchon. Filles d’Ismar Rimetz et de Fidéline Miont, elles épousent en juin 1928 et décembre 1929 deux anciens soldats du CEP. Blanche épouse Marcelino de Paiva, Maria se marie avec José Pereira dos Santos.

De la freguesia de Dalvarés (concelho de Tarouca, Viseu), Marcelino de Paiva est naturalisé Français en février 1927. Il exerce le métier de mineur lors de sa naturalisation. Sa dernière résidence connue est Lillers (Pas-de-Calais) selon son bulletin militaire, voir le détail des autres domiciles ci-dessous.

José Pereira dos Santos est houilleur lors de son mariage. De la freguesia de Cambres (concelho de Lamego, Viseu), il est naturalisé Français en 1929. Ses domiciles sont Lillers (Cf. bulletin militaire), Saint-Hilaire-Cottes (Cf. naturalisation) puis Mont-Bernanchon.

Une constatation qui peut compliquer les recherches familiales: José s’est marié sous le nom de Pereira dos Santos et a vécu sous Joseph Pereira. Le prénom francisé est fréquent à l’état civil français pour les Portugais. L’écriture du nom de famille, composé de celui de la mère, suivi du nom du père, à l’état civil portugais est source de confusion en France. Pour rappel, ceci se passe après la I Guerre mondiale. Les Portugais commencent à s’installer en France. L’agent d’état civil français a à apprendre.

 

Les documents administratifs générés par la présence du soldat de Paiva en France

1921: Un document signé du Maire de Mont-Bernanchon, dont l’intégralité n’est pas connue, légalise la signature Paiva.

1925: La Carte d’identité d’étranger donne, en plus du nom et lieu de naissance de l’intéressé, le prénom des parents et leur âge. Elle signale la nationalité portugaise et le métier de cantonnier. Elle est valable deux ans et délivrée par la Préfecture du Pas-de-Calais.

1927: Marcelino de Paiva est naturalisé Français en février, par application de l’article 8, paragraphe 5, n°2, du Code civil. Il est alors ouvrier mineur et demeure à Mont-Bernanchon.

1928: Pour épouser Marcelino, Blanche Rimetz s’adresse au «Vice-Consulado em Arras» afin d’obtenir son acte de naissance au Portugal. Le mariage est ensuite enregistré au pays d’origine. La photo d’un couple, jointe au texte, représente Marcelino de Paiva et peut-être Blanche, sa fiancée, une restauration est nécessaire, si possible?

1949: Une Carte du combattant est délivrée à de Paiva après la II Guerre mondiale, pour une durée de 5 ans par l’Office national des mutilés combattants et victimes de la guerre (aujourd’hui ONACVG), Comité départemental du Pas-de-Calais, à Arras. Son domicile est Hinges (jusque 1956, date de son décès), tout comme celui de Joseph Pereira, beau-frère par alliance. A noter qu’il est précisé au bas de la carte du combattant que «l’intéressé déclare ne pas savoir signer», alors qu’il écrit son nom en 1921.

Note: La demande de cette Carte ouvre droit à des avantages financiers et honorifiques (diplôme, médaille…). La Carte du combattant est attribuée, sur leur demande, aux personnes répondant à certains critères dont la participation à un conflit. Il peut s’agir de militaires ou de personnes civiles.

Dans le cas cité en 1949, les éléments nécessaires à la demande d’attribution de la Carte du combattant sont apportés. C’est un autre soldat du CEP, resté en France après-guerre, qui certifie les données concernant de Paiva. Il s’agit de Luiz da Silva, marié en 1922 et naturalisé Français (2). Une plaque porte son nom à Mont-Bernanchon, pour honorer sa participation à la Résistance française lors de la II Guerre mondiale. Da Silva précise qu’il est également titulaire de la Carte du combattant et donne le numéro (il manque la visibilité du tampon de conformité du document).

Pour l’obtention de la Carte de Paiva, figure la justification de son appartenance au Corps Expéditionnaire Portugais de mars 1917 à mars 1919: Incorporation au RI n°9, embarquement pour la France avec le CEP le 22 mars 1917, en 1ère ligne en mai 1917 jusqu’à la fin des hostilités, conducteur du 1er Bataillon de mitrailleuses lourdes, démobilisation en mars 1919.

Les noms de famille De Paiva et Paiva commencent à être présents en France dans les années 1960.

Les noms de famille Pereira et Dos Santos existent avant la I Guerre mondiale.

 

Sources:

(1) https://lusojornal.com/i-guerre-mondiale-les-7-bornes-commemoratives-portugaises-du-front-ou-sete-pequenos-padroes/

(2) https://lusojornal.com/luiz-da-silva-combattant-portugais-lors-de-la-bataille-de-la-lys-resistant-francais-lors-de-la-ii-guerre-mondiale/

ONACVG (Office national des anciens combattants et victimes de guerre)

Archives du Pas-de-Calais

Archives historiques militaires portugaises

 

A la Mémoire d’Afonso Maia.

 

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