Didier Helin

Jorge Sampaio a visité le Cimetière Militaire Portugais de Richebourg le 1er mai 2004

Dans le Cimetière, au pied du drapeau, une plaque de marbre porte cette inscription en lettres dorées: «Homenagem do Presidente da Repíblica Dr. Jorge Sampaio ao Corpo Expedicionário Português. 1 de maio de 2004».

Pour la première fois, un Président de la République visitait le Cimetière portugais de Richebourg afin de rendre hommage aux 55 mille soldats portugais qui ont participé à la 1ère Guerre Mondiale et par la même occasion rendre hommage aux anciens combattants.

Pedro Passos Coelho à lui visité le cimetière de Richebourg et le monument de La Couture le 26 juin 2014.

Marcelo Rebelo de Sousa, Président actuel du Portugal et son Premier Ministre António Costa, ont rendu hommage au CEP le 11 juin 2016 au lendemain de la Fête Nationale du Portugal et du début du Championnat d’Europe de Football.

Alors que la visite du Président actuel du Portugal est attendue ce 9 avril à Richebourg et La Couture, rappelons ici le discours qui reste d’une flagrante actualité, à part le Brexit et les demandes d’indépendance de certaines régions d’Europe à l’image de la Catalogne, de Jorge Sampaio, Président de la République du Portugal lors de sa visite du 01 mai 2004, lors de sa visite à ces lieux de mémoire portugaise en Flandres:

 

«Mesdames et Messieurs

Chers amis,

Je suis fier et ému de rendre cet hommage, au nom de la République portugaise. Nous rappelons aujourd’hui les soldats du Corps Expéditionnaire Portugais qui se sont battus ici avec ténacité et courage, dans les conditions les plus terribles, et qui ont finalement laissé leur vie dans ces champs de bataille.

La Première Guerre Mondiale a été, pour toute l’Europe, une immense catastrophe. Bien que loin de l’épicentre du conflit, le Portugal a aussi subi ses ravages en s’engageant à côté de ses alliés. Notre contribution, certes, a été modeste – par rapport aux gigantesques armées qui s’affrontaient en Europe – mais elle a toutefois représenté, pour le Portugal, un effort considérable.

La mise sur pied d’un Corps Expéditionnaire de 55.000 hommes, son transport vers un théâtre d’opération si éloigné du Portugal, ainsi que son ravitaillement, ont représenté pour notre jeune République une lourde charge.

En 1918, le contingent portugais a subi toute la fureur de la dernière grande offensive allemande sur le front des Flandres. Si l’issue de l’engagement de La Lys ne faisait guère de doute, vu l’écrasante supériorité des troupes allemandes, les pertes portugaises dans cette seule bataille – presque 7.000 hommes et 300 officiers – témoignent de l’héroïque résistance du contingent portugais.

Nous rendons aujourd’hui hommage à ces soldats. Ils se sont battus pour leur patrie, contre l’agression militaire, pour défendre la liberté. Nous leur réservons une place particulière dans nos cœurs. Mais nous nous inclinons aussi devant la mémoire de toutes les victimes, de tous ces millions que la Grande Guerre a brutalement engloutis. Nous relevons spécialement les énormes sacrifices consentis par la France. Plus que tout autre pays, elle a subi l’horreur du conflit, payant de la fleur de sa jeunesse le prix de la victoire.

Cette terre porte encore les cicatrices de la guerre. Une immense tristesse nous envahit devant cet alignement interminable de croix blanches, tachées du sang des coquelicots. Quel énorme gaspillage de vies, de jeunesse, d’espoirs engloutis par la voracité d’une guerre dictée par l’ambition démesurée de dominer! Comment cacher notre émotion et notre révolte face à ce sacrifice de millions de vies, à ce sol meurtri par ces terribles batailles?

Les souffrances de la guerre perdurent encore dans la mémoire collective des peuples européens. Nul mieux qu’eux ne connaît la valeur de la paix. C’est l’horreur de la guerre et la volonté de la rendre impossible en Europe que déterminèrent Monet et Schumann au lendemain de cet autre terrible cataclysme qui endeuilla notre continent quelque vingt ans à peine après l’armistice de 1918.

Ce projet généreux, que beaucoup considéraient utopique, est devenu le synonyme de l’Europe, de notre désir commun de paix, de biens communs, de liberté solidaire.

Aujourd’hui, le rêve des pères fondateurs de l’Union des pays et des peuples européens est en train de se réaliser, dans le respect de l’indépendance et de l’identité de chacun d’eux. Les frontières de l’Europe sont en train de coïncider de plus en plus avec les frontières de la démocratie, garantissant, enfin, un continent uni, libre et prospère dans lequel tous nos peuples peuvent se revoir.

Français et Portugais sont engagés, avec détermination, dans ce projet ambitieux. Nos deux pays ont une longue tradition d’amitié confiante, de solidarité mutuelle; nous partageons les mêmes valeurs et la proximité de nos cultures permet une connaissance réciproque aisée; la présence d’une forte Communauté d’origine portugaise en France renforce quotidiennement cette relation dynamique et est porteuse d’avenir.

Ici, la mémoire du passé donne un sens encore plus évident à notre avenir commun – un avenir qui nous permettra, j’en suis sûr, de resserrer encore davantage les liens qui unissent non seulement nos deux pays mais aussi tous les peuples européens.

Face aux nouveaux défis qui se posent à l’Europe et au Monde, il est indispensable que nous joignons nos efforts de façon résolue: pour défendre nos valeurs démocratiques, la justice, la sécurité et de la paix; pour combattre l’intolérance, le fanatisme aveugle et la violence, toutes les violences.

Mesdames et Messieurs,

Nous nous réunissons aujourd’hui pour accomplir un devoir de conscience: rendre un hommage ému à la mémoire de tous ceux qui se sont battus et ont payé de leur vie la défense de leur patrie et de nos valeurs civilisationnelles. Leur sacrifice suprême a contribué à la préservation de notre existence même en tant que peuples libres et souverains.

Je vous remercie à tous de votre présence, avec un mot très spécial de gratitude aux représentants des Associations d’Anciens Combattants qui, d’année en année, par leur présence ici, nous aident à garder le souvenir de tous ces sacrifices et tous ces actes d’héroïsme qui ont été nécessaires pour sauvegarder notre liberté collective».

 

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