Arquivo Histórico Militar / Arlando Garcez

Justice, désertion, discipline… Gendarmerie, une autre ‘alliance’ franco-portugaise en temps de guerre

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Un entretien d’Hugo dos Santos, proposé par LusoJornal, me reconnecte aux lectures anciennes des bulletins militaires des soldats portugais en France. Dos Santos parle de réfractaires, de déserteurs, dans les années 1960… Autre époque, la I Guerre Mondiale, le contexte historique est différent, les documents manquent, mais ses mots me rappellent les consultations en 2017 des états de service de soldats du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP), présents en France de 1917 à 1919. «Punido… Punido…»…

Des extraits de bulletins militaires de soldats écrivent ces termes de nombreuses fois, avec jours de détention souvent associés (voir les documents joints). Un refus d’obéissance, puis un drame consécutif à une désertion est relaté dans la presse française début 1919, pour deux soldats. Elle se termine par la prison pour homicide (voir coupure de presse). Un problème de discipline retrouvé dans de nombreux bulletins, je n’ai pas suffisamment consulté de feuillets matricules français pour effectuer une comparaison.

 

La Garde Nationale Républicaine ou Prévôté portugaise

Cela m’amène à évoquer la Police militaire du CEP au cours de la I Guerre mondiale, la Garde Nationale Républicaine (GNR). Un document français (1) atteste que la 2ème Division portugaise obtient sa propre Prévôté le 15 août 1917 à Roquetoire (Pas-de-Calais), Quartier Général, où s’effectuent les conseils de guerre (voir photo). La police des soldats est constituée de gendarmes à cheval ou à pieds, comme son équivalent français, ses missions sont développées à la suite.

Le photographe de guerre Garcez propose des clichés qui visualisent cette gendarmerie dans la région de Vieille-Chapelle et Saint-Floris (Pas-de-Calais). Elle est accompagnée de son homologue français, la Prévôté attachée au CEP (2). Les gendarmes alliés, militaires français et portugais, effectuent la surveillance des secteurs où cantonnent les «Serranos», soldats du CEP.

Un article de «Revista Militar» aborde l’histoire de cette Prévôté portugaise. Les éléments qui suivent en sont issus, ainsi que mes interrogations, peut-être liées à une mauvaise traduction des écrits?

Au Quartier Général du Corps Expéditionnaire Portugais, la police assure la protection et la sécurité des Hautes Autorités. L’effectif militaire est d’un sergent, 2 caporaux et 10 soldats (3).

A l’arrière du front du Pas-de-Calais, une unité fonctionne à partir d’octobre 1917. Elle est composée de 59 gendarmes à cheval. Ses missions: maintien de la discipline et de l’ordre public, sécurité des dépôts, surveillance des régiments d’infanterie et du «corps» équestre, sécurité des trains de ravitaillement des troupes. Est-ce l’unité de la 2ème Division portugaise formée en août 1917, selon le document français?

L’unité de la 1ère division portugaise est composée de plus de 50 gendarmes à pieds. Date de formation? Les missions, dont certaines semblables à celles de la gendarmerie à cheval, sont de maintenir la discipline, la loi et l’ordre à l’arrière de la zone de guerre, surveiller, escorter les prisonniers de guerre, contrôler les déserteurs et les réfugiés, contrôler le trafic routier.

 

Dans la presse française (4), un article relate la présence de la Police militaire portugaise.

A Desvres (Pas-de-Calais), figure sur le monument aux morts de la commune, le nom d’un natif d’Haverskerque (Nord) mort pour la France en 1919. Une mention «Mort pour la France» après l’Armistice interpelle toujours, une enquête s’impose pour connaître les circonstances du décès. Sa fiche est présente sur le site français Mémoire des hommes et relate le drame. Elle indique que ce gendarme à cheval (Prévôté française) est tué en service commandé par un déserteur.

L’auteur du crime est un soldat portugais, il fait partie des deux déserteurs mentionnés dans le journal, il est mis en prison pour vol et homicide le 18 mars 1919, selon son bulletin militaire. L’identité des déserteurs est connue.

Merci à François Caron, descendant par alliance du gendarme français tué. Il ajoute quelques éléments collectés concernant ce soldat portugais. Il réussit à s’enfuir du bois Blaisel, près de Wirwignes, à gagner Dieppe par chemin de fer, où il est arrêté. Il est transféré et écroué au fort d’Ambleteuse.

L’article de presse mentionne que le soldat est cerné, dans le bois, par la Police militaire portugaise venue en aide aux gendarmes français, ces deux déserteurs du CEP recherchés depuis 6 semaines.

 

Commission des réclamations du Corps Expéditionnaire Portugais (5)

Des recherches me permettent d’évoquer d’autres problèmes liés au comportement des soldats portugais à l’égard de la population civile. Une Commission portugaise des réclamations est créée, auprès de laquelle peuvent se manifester les habitants pour signaler les dégâts commis. Elle est effective, via les Mairies, jusqu’octobre 1919 au Hameau Saint Martin d’Aire-sur-la-Lys.

Des consultations de fonds d’archives relatives aux déserteurs des armées alliées, dont Portugais, pendant la Grande Guerre, instructions, correspondance… sont à effectuer. A suivre…

 

Sources

(1) (2) «Le Prévôt», journal de la Prévôté Française attachée au Corps Expéditionnaire Portugais:

https://memoiredhistoires.com/2021/02/12/prevote-francaise-attachee-au-corps-expeditionnaire-portugais-1917-1919/

 

(3) Revista Militar Nº 2573/2574 – Junho/Julho de 2016, ou

Pdf «A Participação da Guarda Nacional Republicana na Grande Guerra», Major-General Rui Moura

 

(4) (5) Le Grand Echo du Nord, Bibliothèque nationale de France, Gallica

 

(Voir la page d’Hugo dos Santos sur Facebook ou son compte Instagram pour les images d’archives relatives à l’histoire de l’immigration, dictature et colonialisme portugais).

 

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