LusoJornal / António Marrucho

La toponymie de La Gorgue en remerciement aux soldats portugais de la I Guerre Mondiale

Lionel Delalleau, jeudi 16 janvier, nous a fait faire un circuit sur les lieux où les soldats portugais ont été présents pendant la I Guerre Mondiale.

De passage par le village de La Gorgue, Lionel Delalleau a souligné le nombre important de traces sur les troupes portugaises. Traces qu’on retrouve également sur la toponymie récente de ce village, partiellement détruite pendant le 1er conflit mondial.

Pour évoquer les lieux et les noms portugais à La Gorgue, nous partons de notre visite des lieux, des indications de Lionel Delalleau et du travail réalisé par l’Amicale Philatélique de la Gorgue qui a pour titre: «Dictionnaire ethnologique et historique de la ville de la Gorgue».

Après l’armistice, une vingtaine de soldats portugais vont rester à La Gorgue dont le soldat, José dos Santos.

Ce noyau de soldats, va créer en 1919, une section d’Anciens combattants avec son drapeau. José Simão a été nommé Président, José Joaquim Vice-Président.

Dès sa fondation, José dos Santos fut désigné porte-drapeau. En 1979 il était le seul survivant portugais du village. Il offre à La Gorgue, qui avait bien mérité, le cher et vieux témoin d’une douloureuse période d’histoire: le drapeau.

Le 11 novembre 1979, le drapeau des anciens combattants portugais fut ainsi remis officiellement à la Ville.

José dos Santos est né le 11 septembre 1894, à Certa, dans le nord du Portugal, fut incorporé au 15ème Régiment d’infanterie portugaise. Le 28 août 1920, à La Gorgue, il épouse Jeanne Dupont. Il se fit naturaliser français en 1946. Il décédera, après un dernier combattant, le 19 septembre 1988.

En honneur à ce soldat portugais, qui a élu résidence à La Gorgue, une résidence est inaugurée le 4 novembre 1990, désigné Béguinage José dos Santos.

Presque en face du béguinage, la rue de Porto se situe derrière la Maison de retraite. Elle relie la rue d’Abbaye de Beaupré à la Résidence du Portugal.

Avant d’être appelée Résidence du Portugal, par-là passait le boulevard du même nom, le boulevard prenant naissance dans la rue de l’Abbaye de Beaupré.

L’inauguration du boulevard du Portugal a eu lieu le 7 avril 1956. La plaque fut découverte par le général Ferreira Martins.

Dans son allocution M. Hennion, Maire de La Gorgue, dit: «nous voulions payer une dette de reconnaissance envers ceux qui vinrent de si loin lutter contre l’ennemi commun».

En 1975, un village expérimental est implanté. Le boulevard du Portugal est devenu Résidence du Portugal.

Plusieurs monuments sont dédiés aux combattants de La Gorgue, notamment, le Monument aux Morts du Centre.

À cet emplacement un ancien monument avait été inauguré le 7 novembre 1928. Il fut remplacé par un deuxième monument inauguré par le premier magistrat et en présence solennelle de Norbert Segard, Ministre du commerce extérieur, le 11 novembre 1975. Aux pieds de ce monument, une stèle a été déposée avec les dires suivants: «Les anciens combattants portugais de La Gorgue, en souvenir de leurs frères d’armes français de la Gorgue».

À la Gorgue, on pourrait presque dire qu’un autre équipement nous fait penser au Portugal, datant de bien avant la I Guerre Mondiale: le tramway Maria à vapeur, qui reliait Béthune à Estaires. Le tracé final fut reconnu d’utilité publique le 5 mai 1899. Venant de Béthune, le tramway à vapeur passait à la «station» à l’entrée de la Gorgue, qui comportait un système de triage pour manœuvrer les wagons. La première halte à La Gorgue était à la place du 11 novembre actuelle.

D’autres villes ont voulu honorer les soldats portugais qui ont participé à la Grande Guerre.

Citons ici la ville de Lille, qui donna le nom du Portugal à un de ses squares. Square qui a été inauguré en 1955. Des anciens combattants portugais reviennent en pèlerinage à Lille pour l’inauguration du square du Portugal, honorant le serment d’entretenir le souvenir des soldats du Corps Expéditionnaire Portugais.

A La Couture une rue porte le nom du colonel Bento Roma.

Pour la petite histoire, ce dernier, en avril 1918, commandait, en second, le 13ème Bataillon en poste à La Couture. Ce Bataillon de réserve était installé dans «le réduit» couvrant une partie du centre bourg de La Couture. Lorsque la bataille de La Lys éclate le 9 avril 1918, le Capitaine Bento Roma et ses troupes se retrouvent au cœur de l’action. En effet, le bombardement de l’armée allemande a mis les premières lignes en pièces et les soldats en déroute. L’avancée ennemie est méthodique et inexorable. Face à cela, Bento Roma organise, réfléchit, positionne, résiste, mais l’avancée est telle que les ordres sont déjà obsolètes avant même d’avoir été énoncés. Mais la redoute tient bon. Le Capitaine est toutefois fait prisonnier et envoyé au camp de Bressen d’où il est libéré le 11 novembre 1918. Il reçoit la Croix de Guerre le 8 juin 1918.

Une photo, devenue un des emblèmes de l’engagement du Portugal dans la Grande Guerre, montre le défilé des troupes le 14 juillet 1919 sur les Champs Élysées. À sa tête, un petit homme moustachu: c’est le Capitaine Bento Roma. Il sera nommé colonel en 1933.

Nous qui avons fait un cursus universitaire en géographie, évoquer ici la toponymie, nous fait revenir 40 ans en arrière. La toponymie nous donne un nombre incalculable d’informations: moment de la création du village ou de la rue, moment où le nom a été donné, préoccupations d’une époque, relations entre pays, villes, etc.

 

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