Museu Militar de Lisboa

Le deuil des laissés pour compte: “As mães dos Soldados desconhecidos”

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Ou quand l’Art permet d’aborder la I Guerre mondiale avec une grande beauté et beaucoup d’émotion!

C’est ce qu’évoque une œuvre d’Adriano de Sousa Lopes, peintre portugais (1879-1944), «As mães dos Soldados desconhecidos»: Les Mères des Soldats Inconnus. Peinture grandiose et poignante, de 298 x 420 cm, exécutée après-guerre.

Le texte ci-dessous résulte d’une traduction «personnalisée», de la langue portugaise vers le français, de quelques passages seulement, d’une Thèse de Doctorat en Histoire de l’Art, de Carlos da Silveira Gonçalves, soutenue en janvier 2016. Thèse remarquable concernant l’œuvre d’Adriano de Sousa Lopes, artiste de guerre officiel du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) en France. Il est nommé en août 1917. Il est également graveur et dessinateur. Ses œuvres sont «croquées» au plus proche du soldat portugais et du front.

Sept toiles monumentales, dont celle présentée ici, sont exposées au Musée militaire de Lisboa, dans une des salles de la Grande Guerre.

L’auteur de la thèse écrit que «As mães dos Soldados desconhecidos» semble être l’épilogue de la série des œuvres peintes, du front occidental en Flandres françaises pendant la Grande Guerre. Reflet de la célébration la plus impressionnante, de la participation du Portugal à la guerre, elle inscrit la date du conflit dans la mémoire collective.

A l’origine de cette peinture: les funérailles officielles des deux soldats inconnus portugais de Flandre et d’Afrique, au Monastère de Batalha, les 9 et 10 avril 1921. Adriano de Sousa Lopes y est présent et impressionné par un défilé de mères, de soldats tués à la guerre, vêtues de noir. Elles accompagnent l’entrée des cercueils au Monastère.

Les Troupes françaises, britanniques et italiennes accompagnent la procession de cercueils dans la ville. Le Maréchal français Joffre et le Général italien Armando Diaz sont présents.

Carlos da Silveira Gonçalves analyse l’œuvre «As mães dos Soldados desconhecidos» comme une représentation de la «perte», du deuil des laissés pour compte: les familles des soldats. Associée au cercueil et au drapeau national, le tableau semble signifier le deuil de la patrie dans son ensemble.

L’analyse des dessins, gravures, peinture finale est à lire dans la thèse dont les références sont données plus bas. «Sousa Lopes intègre dans ce cycle de peintures, une œuvre qui est un requiem pour les victimes de la guerre».

Que dire de plus? Poignant, émouvant… Un traumatisme causé à la population civile.

Sentiments d’autant plus forts qu’ils sont appropriés par une lecture lente, du fait de la non compréhension de la langue portugaise, traduits puis écrits… : «La présence des mères portant le noir, accentué par le vert foncé où la lumière naturelle est réfléchie, exprime des sentiments différents: perte, révolte intérieure, résignation. Cette marche rythmée des ‘mães’, pliées par la souffrance et la douleur, semble dépeindre le calvaire boueux de leurs fils soldats sur la terre des Flandres».

Cette œuvre en rappelle une autre, française, d’André Devambez (1867-1944): «La pensée aux absents». Une œuvre plus petite, de 1927, exposée pendant le Centenaire à l’Historial de la Grande Guerre de Péronne (La Somme). Ce triptyque, tout aussi remarquable et bouleversant, représente, dans son panneau central, le deuil des femmes, la fille, la mère et l’épouse. Les mains sont jointes, les tenues sont noires, l’œuvre est sombre… Exception faite de 5 croix blanches dans un cimetière militaire français, au premier plan.

Merci à Ricardo Lopes, du Musée militaire de Lisboa, pour son aide précieuse à la consultation de cette thèse: «Adriano de Sousa Lopes (1879-1944), Un peintre pendant la Grande Guerre», de Carlos da Silveira Gonçalves. Thèse de Doctorat en Histoire de l’Art, 427 pages, janvier 2016.

 

Fiche technique de l’œuvre :

  1. Título: “As mães dos Soldados desconhecidos”.
  2. Técnica: Pintura, óleo sobre tela.
  3. Descrição: Um grupo de cinco mulheres vestidas de luto dirige-se para a direita, desfilando diante de um canhão que sustenta o féretro do Soldado Desconhecido, coberto com a bandeira nacional. No plano de fundo, em tons de laranja e amarelo, vêem-se outras viúvas e bandeiras, de forma mais esbatida. Composição inspirada pela cerimónia do Soldado Desconhecido em Lisboa, a 9 de abril de 1921. A cerimónia seria concluída no dia seguinte, no Mosteiro da Batalha.
  4. Autor: Sousa Lopes.
  5. Data: 1921-1924.
  6. Dimensões: altura 298 x largura 420 cm.
  7. Número de Inventário: MML00589.

Museu Militar de Lisboa / Exército Português.

 

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