LusoJornal | Léa Cavalieri

Les Parfums de Lisbonne imprègnent le quartier de l’horloge à Paris

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]

 

La 14ème édition du Festival Parfums de Lisbonne sur le thème des Refuges a débuté ce samedi 12 juin dans le quartier de l’Horloge à Paris, tout près du Centre Pompidou.

Quinze heures tapantes, les répétitions battaient encore leur plein. La compagnie de théâtre franco-portugaise Cà e Là, organisatrice du festival et actrice majeure de la représentation du jour, finissait de mettre en place un revêtement au sol en guise de «scène» et vérifiait les derniers réglages techniques tels que les micros et enceintes. Suite à cela, une dernière répétition eu lieu avant que les comédiens n’aillent se changer pour enfiler leur costume.

Finalement, aux alentours de 15h20, la représentation débuta. Tout commence par un poème de Filipa Leal, «Europe», prononcé par Graça dos Santos sur un ton à la fois politique, en accord avec l’actualité, mais aussi humoristique par moment, tournant en dérision certains vers prononcés. Ce poème est fondamental pour le reste de la représentation, car «bien qu’il ne soit pas récent, il évoquait déjà la fermeture des frontières, l’idée de l’exil et de rejet des personnes extérieures. Il s’agit vraiment d’un texte fort et prémonitoire» détaille Graça dos Santos au LusoJornal.

Six comédiens entrèrent alors en scène, vêtus de costumes différents: les femmes portaient de longues vestes marron représentant le territoire, vestes auxquelles étaient cousues au niveau des épaules plusieurs longueurs de rubans de couleurs vives traînant presque jusqu’à leurs pieds. En ce qui concerne les hommes, ils portaient une chemise dans les tons clairs (bleu pâle à blanc) à laquelle étaient également cousues au niveau des épaules plusieurs bandes de rubans, toujours de couleurs vives, dépassant plus ou moins leur taille. Leur chemise s’accompagnait d’un simple pantalon dans des tons plus sombres et de chaussures très simples elles aussi.

Niveau accessoires, hommes comme femmes étaient munis d’un sac en papier kraft, et c’est tout. Pas d’autre caractéristique, ni d’autre décor.

Mais tous ces choix artistiques ne sont pas anodins: le thème du festival étant les Refuges, ici l’idée est de représenter des réfugiés en se concentrant ainsi sur des corps en mouvement sans bagage, qui n’ont d’autres possibilité que de fuir avec l’énergie qui leur reste. Tout dans la sobriété.

Le sac en papier kraft représente «l’idée qu’il n’y a plus rien», ou du moins très peu. Ce sont des sacs tout froissés, déchirés pour certains, mais qui pourtant tiennent le coup et revêtissent alors de temps à autres «l’espoir et la possibilité du rêve». En effet, on peut voir les comédiens faire de leur sac une sorte de ballon ou même un cerf-volant par moment, flottant dans le vent. D’autres fois, tous ces sacs réunis prennent même la forme d’un feu de joie autour duquel chacun vient se réchauffer.

Et toujours dans cette idée d’espoir, la compagnie et leur costumière font le choix d’utiliser de longues bandes de rubans de couleur vives, en contraste avec le reste de leur tenue afin de multiplier l’impression de mouvement constant des réfugiés dans un espace indéfini, qui ne s’arrêtent jamais pour survire, et peut être un jour enfin trouver leur refuge.

Le spectacle fut rythmé de 8 autres poèmes plus ou moins dans le même thème, tantôt récités en portugais, tantôt traduits en français par chacun des comédiens. Chacun d’entre eux dégageait une aura particulière absorbant le public puis intrigant les passants se promenant par là.

Finalement, une vraie histoire ressortait de la pièce: il y avait vraiment cette impression de suivre l’avancement des réfugiés dans leur course. Tantôt se ralliaient, tantôt l’un d’entre eux prenait le rôle du perturbateur chamboulant ainsi toute l’organisation sociale de ce petit groupe déjà très méfiant de base, dû aux dangers permanents qui le poursuivent.

En bref, il s’agit d’abord, certes, d’une représentation aux allures abstraites que chacun n’interprète pas toujours de la même façon, mais c’est justement ce qui fait la beauté de l’œuvre. Graça dos Santos explique elle-même qu’il est question par-là «d’ouvrir un horizon d’interprétation pour chacun» et qu’elle même redécouvre la pièce et y trouve de nouveaux sens chaque fois que celle-ci évolue.

Ainsi, le spectacle prit fin sur le salut de la compagnie Cà e Là, toute souriante, rejoignant finalement le public – dont le Maire Adjoint de Paris aux affaires européennes Hermano Sanches Ruivo – pour discuter tranquillement de tout et de rien en dégustant de délicieux Pastéis de Nata offerts par la troupe.

Le festival se prolongera tout au long du mois, et ce jusqu’au mois d’octobre afin de permettre au plus grand nombre de découvrir les différents parfums artistiques franco-portugais. Au programme, des projections de films suivies de débats, des lectures de poèmes et chants portugais en terrasse d’épiceries portugaises, des pièces de théâtres, des séminaires, des conférences et même des présentations performées aussi bien à Paris qu’a Lisbonne à travers un After Festival exclusif pour cette 14ème édition.

 

Retrouvez la programmation complète ICI.

 

[pro_ad_display_adzone id=”37509″]