Livres: «La Génération de l’Utopie», de Pepetela

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«La génération de l’utopie» (éd. Présence Africaine, 2021, traduction d’Artur da Costa et Christian Pirlet) est un livre de désenchantement. Mêlant fiction et réalité, Pepetela nous raconte ici l’histoire de la génération qui s’est battue pour la libération de l’Angola aux côtés du MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola) et qui voit, trente ans après, ses rêves échouer.

«Ce récit – peut-on lire dans la présentation du présent volume – est le témoignage d’une génération qui, après avoir lutté pour la libération de l’Angola et la construction d’une société égalitaire, se retrouve confrontée à l’échec de son rêve. Prise de conscience politique, clandestinité, exil, participation à la lutte armée, reconstruction et retrouvailles dans un pays en proie à la corruption et au chaos: tels sont les tableaux de cette fresque historique. Avec fougue, ironie et tendresse, le romancier réussit à nous faire vivre ces événements dans leur complexité, à travers la diversité des parcours et des choix individuels».

Avec Luandino Vieira, Eduardo Agualusa et Ondjaki, Pepetela est parmi les auteurs angolais les plus traduits en France. De son vrai nom Artur Pestana, Pepetela est né à Benguela en 1941. Après des études au Portugal il s’exile à Paris et à Alger. En 1960 il s’engage dans la guerre d’indépendance avec le MPLA et en 1975 il est nommé Vice-Ministre de l’Éducation. Professeur de sociologie et écrivain, il a publié une quinzaine de livres. En 1997, le Prix Camões, le plus important prix littéraire de la langue portugaise, lui a été décerné pour l’ensemble de son œuvre.

Paru dans sa version originale en 1992, à Luanda, «A geração da utopia» inaugure une nouvelle phase dans la littérature de Pepetela. Ce ne sont plus les épisodes historiques traditionnels, avec des éléments fondateurs d’une nation nouvellement indépendante et des protagonistes idéalisés qui prédominent, mais un discours pluriel et fragmenté plus proche de la réalité angolaise, qui nous fait réfléchir sur le processus historique et la déconstruction des objectifs rêvés autrefois. Par ailleurs, bien que ce roman soit fortement marqué par un contexte historique et par son organisation chronologique, il ne s’agit pas d’un texte didactique.

Les quatre parties du présent ouvrage (740 pages) englobent une période de 30 ans, allant de 1961 (début de la lutte armée) à 1991, année des accords de paix de Bicesse, signés entre le MPLA et l’UNITA, mais qui n’empêcheront pas la poursuite de la guerre civile jusqu’en 2002.

Vítor, Aníbal, Malongo, Sara et Elias, étudiants angolais à la Maison des Étudiants de l’Empire (Casa dos Estudantes do Império), à Lisboa, sont les protagonistes de ce roman. Bien que ne partageant pas tous une même idée politique, ces personnages croient dans la construction d’un état juste. De “La Maison” (1961), titre du premier chapitre, le groupe s’engage dans la guérilla et la lutte armée en Angola («La Chana», 1972), puis dans les deux autres chapitres intitulés «La Pieuvre» (avril 1982) et «Le Temple» (à partir de juillet 1991), nous les suivons durant les périodes de la décolonisation, de l’indépendance et de la post-indépendance, avant que leur utopie ne se dissolve en guerres civiles et corruption. Face à cet échec, ils n’abandonneront pas les idées et les symboles hérités du mouvement de libération, mais ils les repenseront.

 

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