Opinion : « La domestication » de Nuno Gomes Garcia, un livre à lire absolument

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Nuno Gomes Garcia, écrivain portugais installé en France, est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels ‘O Soldado Sabino’ (2012), ‘O dia em que o sol se apagou’ (finaliste du prix littéraire Leya, 2015), ‘Zalatune’ (2021).

Avec ‘La Domestication’, il nous propose une critique de la domination masculine dans une société dystopique. Terme popularisé par John Stuart Mill en 1868, la dystopie est une contre-utopie. Le philosophe déclare à ce sujet : « ce qui est trop bon pour être tenté est utopique, ce qui est trop mauvais est dystopique ».

Ainsi, Nuno Gomes Garcia nous présente un univers parallèle, destiné à nous faire éprouver le pire de l’humanité. Outre les stéréotypes de genre, nous y retrouvons l’ambition, la jalousie, la corruption.

À cela s’ajoute une mise en garde contre la déshumanisation, les dangers de l’utilisation excessive et perverse de la science, des manipulations génétiques.

Le roman commence par la description d’une scène qui en sera aussi le point final. Sur les bords de la Seine, dans une ville de la banlieue parisienne, dans un avenir assez lointain, un homme est pendu sous le regard de la population, dont une partie, les mâles, se voit contrainte de contempler son cadavre en décomposition. Le message est clair : « Une mauvaise conduite mène immanquablement le contrevenant au bout d’une corde ».

Le récit évolue à travers des allers-retours dans le temps. À travers des prolepses et des analepses. Cette ressource stylistique nous plonge dans un exercice d’équilibre et de déséquilibre, une tentative de deviner le parcours des personnages dans les angles morts du récit. Des allers-retours qui donnent sens au déséquilibre des personnages. Dans une recherche d’indices qui nous fourniront, au final, des réponses aux questions soulevées, à la manière d’un polar.

Francine, Pierre et Jean forment une sorte de triangle amoureux. Mariée à Pierre, dont la « semence » défaillante ne lui permet pas d’engendrer la fille que la société exige d’elle, Francine prendra un deuxième mari pour remplir cette fonction. Celui qu’elle choisira avec Pierre, possède des caractéristiques hors normes, sources de divers déséquilibres.

‘La Domestication’ nous donne à voir des réalités connues, avec une inversion des rôles entre les femmes et les hommes. C’est un roman qui nous conduit à d’immenses questionnements. Questions morales, éthiques, sociales et humaines.

Où les progrès de la science et des technologies de pointe nous conduisent-ils ?

À quoi ressemblerait un monde où l’un des sexes aurait le pouvoir de soumettre et de manipuler l’autre selon son bon-vouloir ? La liberté humaine doit-elle avoir des limites ? Et lesquelles ?

Quelle humanité créons-nous aujourd’hui pour demain ?

Écrit dans une langue très accessible, ‘La Domestication’ pose des questions essentielles sur le futur que nous souhaitons et les dangers qu’une société peut avoir à affronter. Régime totalitaire, population sous surveillance, constamment contrôlée dans ses actions. Hommes et femmes standardisées. Recherche incessante d’une espèce uniformisée. Ce roman peut être lu comme une satire du présent et de certaines pratiques de nos sociétés actuelles. Des femmes complètement soumises au pouvoir des hommes sous l’effet de la répression et de la peur, des femmes empêchées de sortir dans la rue sans se dissimuler sous des fichus. Il est aussi un avertissement sur ce que l’humanité peut devenir si l’on cherche à tout prix à supprimer notre dimension affective et charnelle.

Un livre à lire. Pour penser les concepts d’équilibre et de déséquilibre. De limite et de liberté. De totalitarisme et de manipulation.

 

São Gonçalves

 

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