Opinion: Le combat de Mr Fernando Rosa

Je viens ici me faire le relais d’un homme courageux en la personne de Monsieur Fernando Rosa. Echos d’un homme en grève de la faim, épuisé, prostré devant la statue d’Afonso de Albuquerque en face du Palais de Belém, à Lisboa, et ce depuis le 7 septembre.

« Le déclic » : la remise de médaille au Général des Forces Armées angolaises, Mr. António Edígio de Souza e Santos, par notre Président et pas n’importe laquelle ! « A Medalha de Cruz do Mérito Militar » et l’annonce de la possibilité de levée des corps des soldats en Guinée Bissau…

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Des fois, il se fait silence, silence du désespoir, toujours en partance, pour un dernier regard…

Des fois, il se fait silence mais pas ce soir…

Gestes incontrôlés en devoir de mémoire, appels désespérés, comme pour mieux y croire, sous les ponts du souvenir coulent ses pensées.

Sa mémoire se fait et se défait…

Les images se font silence, dans les couloirs de sa vie, triste regard je pense, dans les flots de l’oubli…

Il tourne, se retourne…

Les racines ballotées au gré des hasards, espoirs balayés, pliés comme un vieux grisard…

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Sous les ponts du souvenir trainent ses pensées et ses douleurs.

Parole d’espoir, remplie de doléances, pour un dernier départ, les feuilles sont déjà mortes, rien ne résiste au temps, même les voix qui portent s’envolent au vent.

Indicible est cette douleur, cette boule de sentiments abstrus, ce ressac de couleurs, il ne l’entend plus, il parle aux portes et ce sont les murs qui lui sourient…

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Il ne demande pas grand-chose pourtant : le rapatriement des corps dans leur pays d’origine est une meilleure reconnaissance de ses camarades de combat…

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L’immensité en devenir, des bouts de rien,

Il ne voit pas d’avenir, juste les chemins.

Qu’ils sont longs ces pas, de mon cœur jusqu’à chez moi…

La morosité s’est installée, le drapeau en berne,

Couleurs désinhibées, cloisonnées dans ses adernes.

Qu’ils sont longs ces pas, de mon cœur jusqu’à chez moi…

La sève étourdit ses racines, il plie mais ne rompt pas,

Il change de doctrine, pour mieux l’enlacer dans ses bras.

Qu’ils sont longs ces pas, de mon cœur jusqu’à chez moi…

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J’étais jeune – je n’ai été appelé qu’en 1977 – mais pour certains ce ne fut pas le cas, chacun de nous a en mémoire des amis, une famille qui a connu ce désarroi, la tristesse de ces « aurevoirs » de ces « adieux » pas toujours volontaires et qui vous brisaient le cœur…

Oui, bien sûr ! Ces pays méritaient leur indépendance mais que faisaient ces hommes dans un pays qui n’était pas le leur à part défendre un drapeau et une volonté politique ?

Il était trop tard, moi aussi j’ai eu de la famille qui est rentrée « la queue entre les jambes avec des bouts de rien et des larmes dans les yeux ». La France aussi a eu ses déboires à la différence prêt c’est qu’après de multiples combats, ils sont enfin reconnus…

Combien d’entre nous, ont sauté le pas et refusé ce combat qui n’était pas finalement le nôtre, avons-nous pensé à ceux qui sont restés, aux anciennes générations qui ont laissé leur jeunesse et parfois leur vie, à ceux qui sont revenus mais traumatisés à tout jamais…

Bien sûr, il existe des instituts d’anciens combattants. « A boire et à manger, une fois par an », ce n’est pas de ça dont je veux parler. Regardez leurs désarrois de tous les jours, retraites qui ressemblent plus à la Berezina qu’autre chose, le soutient et la reconnaissance ? Rien, Nada, Queue de chie, Nothing, Walou, makanch ! Pour certaines villes et villages, même pas un monument aux morts pour la Patrie…

Nous devons un devoir de mémoire à tous ces hommes, du respect pour leurs désarrois et leurs souffrances et encore plus pour ceux qui ont été oubliés au fin fond d’un pays qui n’est pas le leur…

 

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