Opinion : Mes relations avec l’eau et la vie – Qu’est donc devenu ce joli couple ?

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Sauver quelques vies est le plus beau cadeau de ma destinée.

Certains naissent pour gagner des médailles, d’autres pour gagner de l’argent. Moi, je suis né pour sauver des vies.

Je n’avais que 15 ans lorsque j’ai sauvé un garçon de la noyade avec 2 ans de plus que moi.

J’étais là au bon moment, mon regard où personne d’autre ne regardait. Je vois encore une main sortir de l’eau et glisser doucement vers le fond. La plage est bondée de monde. Le surveillant occupé par la piscine flottante où les gamins s’agitent.

Ce garçon, seul, à la limite de la zone de bain autorisée, en pleine difficulté et déjà dans la phase de coulée finale.

Je me lance à l’eau jusqu’à lui, plonge pour le choper par les cheveux et le ramène au bord de l’eau.

Les pompiers sont appelés et finissent par le ramener à la vie. Le maître-nageur me fait prendre conscience de l’action que je viens de faire, sans même mesurer les risques pour moi.

 

Plus tard, je deviendrai un nageur de grand fond, obtiendrai ce brevet que mes enfants aiment encore classer comme le plus beau diplôme de ma vie.

Cette acquisition seulement possible dans notre étang du Plessis, à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire par manque de piscine municipale extérieure ou couverte.

 

Plus tard, déjà adulte, dans la rivière d’Amarante, lieu où je passe souvent mes vacances au Portugal, je porte assistance à une jeune femme disparue sous l’eau. Un de mes frères est avec moi, ce sauvetage devient un engagement d’équipe en entendant la mère de la jeune femme crier de désespoir. Pas de surveillance, nous nous débrouillons seuls pour la repérer déjà sous l’eau et la sortir sur la plage.

Sur cette même rivière, une autre fois, je vois encore un couple, affolé, appeler du secours pour leur petit garçon coincé dans les rochers d’un barrage de l’eau.

Je calme d’abord les parents et ensemble nous arrivons à libérer l’enfant pour le sortir de cette situation compliquée.

 

Je vous raconte le dernier événement, qui a hanté plusieurs fois mon sommeil. Il est aussi l’événement plus fort pour justifier ce récit d’aujourd’hui avec l’espoir de retrouver les survivants de cet accident.

Cela se passe un dimanche après-midi, il fait très beau. Avec nos deux enfants, nous faisons une promenade autour du lac du Plessis, comme cela se passe régulièrement à cette saison de l’année, proche de l’automne.

Un bruit terrible et un choc frontal vient de se passer, cela juste à vingt mètres devant nous. Cela se passe sur la voie qui sépare le petit étang du plus grand des étangs du Plessis.

Je tourne un peu ma tête, comme dans une scène au ralenti, je vois une des deux voitures voler, puis tomber dans le petit étang. Je la vois encore se retourner avec les quatre roues en l’air et progressivement s’enfoncer dans l’eau.

Ma première réaction est de sauter de suite dans l’eau pour porter secours. Mon épouse de courir à la cabine toute proche, près de l’ancienne plage du lac, pour appeler les pompiers. Les téléphones portables sont encore très limités pour le public.

Dans ma première réaction, déjà dans l’eau, mon souci est de plonger pour comprendre. Avec les vitres cassées de la voiture, je réussis de suite à attraper la tête d’une jeune fille. Elle est en plein ébat sur le siège arrière. Je la sors de l’eau pour la confier à d’autres personnes déjà présentes sur le bord de l’étang.

Je retourne sous l’eau et comprends que le conducteur est encore attaché par sa ceinture. Je n’arrive pas à le détacher. Je ne sais comment faire et c’est horrible ! Par chance, je vois arriver un jeune homme qui vient de comprendre ce qui se passe. Il a un couteau à la main. Il saute dans l’eau pour me rejoindre, coupe lui-même la ceinture de sécurité, ensemble nous sortons le jeune homme inanimé de la voiture. Nous le plaçons, couché sur la rive.

Il rejette de suite l’eau de ses poumons, reprend doucement ses esprits. Sa préoccupation étant de savoir où était sa fiancée, la passagère à l’avant. Elle est là, à côté, encore sous le choc, dans sa jolie robe blanche, incapable de sortir une parole, traumatisée par ce qui vient de se passer.

Je peux vous dire aussi que les pompiers finissent heureusement par arriver avec bateau gonflable, tous les équipements de plongée, seulement vingt minutes suivant l’alerte de mon épouse. Ne me demandez pas pourquoi, je ne connais pas la raison de ce contretemps certainement lié au fait que nous sommes dimanche.

Le jeune couple accidenté est évacué vers l’hôpital. La police prend mon identité et celle du jeune qui a coupé la ceinture.

Je rentre chez moi avec vêtements et chaussures mouillés, à pied, notre domicile est le long de la rive du Plessis. Mon épouse ne dit rien et mes enfants sont perturbés par ce qu’ils viennent de voir. Ils manifestent une certaine anxiété, mélangée à la fierté de ce que leur père vient de vivre.

 

Le temps passe, bizarrement je ne suis même pas convoqué par la Police pour en témoigner, le journal de Saône-et-Loire édite un article sur cet événement avec respect d’anonymat pour les deux victimes et les deux intervenants, ce jeune infirmier et moi.

Je raconte souvent mon histoire à mes proches, à quelques amis, par la suite, pour certainement me soulager psychologiquement. Ce sera certainement le seul soutien que je peux exploiter.

Un an passe et un soir nous recevons un appel à la maison.

Un jeune couple souhaite venir nous remercier pour notre intervention dans leur accident de voiture. Nous acceptons, imaginez l’effet de cette surprise.

Ils nous rendent visite une fin de semaine avec un magnifique bouquet pour mon épouse, une bouteille de whisky pour moi.

Nous échangeons un peu. Ils me témoignent leur reconnaissance pour ma modeste participation dans leur survie. Nous parlons longtemps de ce terrible accident.

Je suis terriblement troublé, pour prolonger ce moment de retrouvailles, et les invitons à dîner. Ils acceptent, nous racontent leur activité, leur peur de la route depuis cet accident, leurs doutes pendant ces interminables minutes passées dans le véhicule.

Le garçon a avalé beaucoup d’eau polluée de boue, la récupération a été plus longue avec trois semaines de soins hospitaliers.

Nous discutons pendant des heures, de nos vies et de nos goûts.

Ce couple est beau. L’amour les anime, cet accident les a rendus encore plus amoureux. Je le perçois par leurs gestes, leurs regards pleins de tendresse. Leurs mots me touchent.

Mes enfants sont présents, attentifs à leur confidence comme si cette histoire était aussi la leur.

Moi je suis heureux. Ils prennent congé de nous, la vie nous a liés, c’est du moins ce que je pense à ce moment-là.

 

Les années sont passées. Je n’ai plus jamais eu de leurs nouvelles.

Ce n’est pas grave, je pense à eux souvent.

Je les imagine encore heureux et ensemble.

Voilà, je suis aujourd’hui très heureux de vous le raconter, je peux ne pas être parfait, ces quelques bonnes actions me permettront de racheter les mauvaises de la part.

J’espère tout de même que la balance penchera du bon côté pour la mémoire des miens.

Prenez soin de vous pendant cette période de Covid.

 

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