Tourisme virtuel de guerre: Flandres, du front portugais en France à la côte belge

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Augusta, Freya, Herta, Cécilie, Irène…, ce ne sont pas des prénoms de chanteuses de fado, mais ceux donnés à des batteries allemandes lors de la I Guerre mondiale, «máquinas» de défense et de mort.

Les blockhaus font partie de ce patrimoine militaire de béton, disparu en grande partie avec l’urbanisation et l’agriculture. Patrimoine difficile à préserver auxquels certains voudraient donner une seconde vie, dans le Nord de la France, de l’autre côté du secteur portugais des Flandres.

Le soldat-photographe portugais Arnaldo Garcez laisse, de son passage en France, un patrimoine visuel aux Archives Historiques Militaires portugaises (AHM): des photos de ces vestiges allemands dans le secteur de défense qu’ils occupent lors de la I Guerre mondiale. En France, il s’agit des communes de Lorgies (Bois-du-Biez), d’Aubers, de La Bassée, de Marquillies…, secteur localisé dans les Weppes (Nord) essentiellement en face de l’ancien front portugais de 1917-1918. En Belgique, la défense côtière allemande s’étend de Middelkerke à Zeebrugge, en passant par Ostende.

Remarque: L’analyse des clichés d’Arnaldo Garcez permet de comprendre que le centre audio-visuel de l’armée portugaise est équivalent à l’ancien BUFA (Bild und Filmamt) pour les Allemands et à l’ECPAD (aujourd’hui) pour les Français. C’est la Mémoire visuelle de l’histoire contemporaine militaire.

Des plaques de verre servent à l’édition de cartes postales après-guerre. Certaines sont trop abîmées comme c’est le cas ici, pour celles présentées. A noter qu’elles ne sont pas numérotées comme les autres de la collection Garcez, peut-être un lot reçu, «déniché» bien plus tard. Ceci peut expliquer l’absence de ces photos dans le journal «Ilustração Portuguesa» de l’époque.

 

Des questions se posent à la lecture de ces photos:

Pourquoi le staff militaire portugais visite le front tenu par les soldats portugais et les installations bétonnées, une fois les Allemands partis de leur secteur à l’été 1918? Pour les analyser? S’en inspirer? Pour comparer avec le «Campo Entrincheirado de Lisboa», les défenses militaires du Portugal contre les invasions?

Les structures militaires, portugaises et allemandes sont toutes minutieusement visitées à la fin de la guerre, probablement après l’Armistice de novembre 1918. Le Roi des Belges doit être le premier à avoir effectué ce tourisme militaire d’après-guerre, en Belgique. Le tourisme de mémoire sert à l’époque à financer des œuvres bienfaitrices, dont les invalides de guerre.

 

Les AHM se réservant les droits d’utilisation des photos d’Arnaldo Garcez, la visualisation de quelques-unes de ces structures disparues se fait en suivant les liens des numéros ci-dessous. Les clichés des tranchées, des cratères de Mauquissart (Neuve-Chapelle), des villes détruites, des cimetières… des abris, matériel ou hommes, en forme de demi-lunes ne sont pas proposés car davantage connus. Ils font partie des clichés échangés par les nations belligérantes, après-guerre.

Suite aux recherches d’identification effectuées il y a quelques années, voici donc proposé un tourisme «virtuel» du système des batteries allemandes. Certains canons sont détruits par les Allemands eux-mêmes, avant leur retraite.

 

Belgique

Belgique (environ 40 photos analysées dans AHM. La numérotation des clichés est respectée):

– Batterie Hindenburg, Ostende, Garcez 1135 ICI.

– Batterie Tirpitz, Ostende, Garcez 1141 ICI.

Garcez 1153 ICI.

-Batterie Jacobinessen, Bredene, (ou Deutschland, la plus puissante batterie du littoral belge qui tirait jusque Dunkerque, littoral du Nord de la France) Garcez 1140 ICI.

Garcez 1143 ICI.

Garcez 1147 ICI.

-Batterie Gneisenau, Ostende, devant le Royal Palace hôtel Garcez 1159 ICI.

Garcez 1161 ICI.

Garcez 1162 ICI.

-Zeebrugge : Garcez 1164 ICI.

Garcez 1166 ICI.

Garcez 1170 ICI.

Pendant la I guerre mondiale, les villes d’Ostende et Zeebrugge abritaient les sous-marins allemands. D’où cette artillerie lourde pour se protéger des navires alliés.

 

France

– Région Bois-du-Biez, Lorgies (Pas-de-Calais) Garcez 1390 ICI.

Garcez 1393 ICI.

Garcez 1410 ICI.

Garcez 1413 ICI.

Les Allemands sont encore à Lorgies en juin 1918, de l’autre côté du front portugais, selon les photos jointes de la station de pompage, de ce secteur marécageux.

-Région Weppes, La Bassée (Nord) Garcez 1437 ICI.

Garcez 1438 ICI.

Garcez 1444 ICI.

A noter deux photos de Garcez jointes au texte. Il est écrit «Ouvrage portugais bombardé» au Pont du Hem de La Gorgue (Nord), peut-être un ouvrage britannique vu la date, occupé par des soldats portugais.

 

Aujourd’hui, ce patrimoine de béton armé disparait parfois sous la végétation. Lorsqu’il est visible, il est dangereux et squatté, donc détruit en fonction des décisions politiques locales. Sur la côte belge, il reste un vestige, la batterie Aachen, à Raversyde. Il est intégré au Musée du Mur de l’Atlantique, Atlantikwall.

Une idée, une inspiration, ce Musée belge, pour les vestiges du Nord de la France?

Les Archives internationales sont à remercier pour ces documents mis en ligne un peu à la fois, presse et images. L’association de l’image au texte est souvent fort utile pour la compréhension de faits historiques anciens.

 

Sources:

La Contemporaine (ex-BDIC).

 

Archives de la planète – Autochromes (Le début de la photographie en couleur).

 

https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/que-nous-apprennent-blockhaus-laisses-allemands-weppes-1917-1757255.html

 

http://www.clham.org/t-4-fasc-6-littoral

 

Du béton dans les dunes: la défense côtière allemande durant la Première Guerre mondiale – Mathieu de Meyer.

 

Le tourisme de guerre à la côte après la 1ère GM – Alex Deseyne.

 

Le guide touristique Michelin de 1920 “L’Yser et la côte belge”.

 

Landesarchiv Baden-Württemberg, Generallandesarchiv Karlsruhe.

 

Merci à Johan R. Ryheul, «WW I author and docu maker- Battlefield detective», un contact Facebook qui a précédemment confirmé ces recherches.

 

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LusoJornal