Un collectif va rendre hommage à la mémoire des étrangers dans la Résistance en France, dont les Portugais



Un collectif de plusieurs institutions va organiser des actions à Bordeaux et à Paris pour honorer la mémoire des étrangers dans la Résistance en France, 1940-1945, notamment les Portugais, dans le contexte de la panthéonisation, du 21 février, de Missak Manouchian (foto), leadeur et figure emblématique de la Résistance.

À Bordeaux, il y aura une conférence de presse, un dépôt de gerbe au monument à la mémoire de la Résistance, un dépôt de gerbe à la base sous-marine de Bordeaux, au monument à la mémoire des Républicains espagnols, la projection d’un film sur les étrangers dans la Résistance, à l’Utopia, et une série d’émissions de radio. À Paris, le même jour, il y aura une conférence de presse, un dépôt de gerbes devant la stèle à la mémoire des Espagnols, ayant libéré Paris le 24 août 1944, un dépôt de gerbes à la mémoire d’un résistant portugais assassiné à Montrouge, l’exposition: «Les Étrangers dans la Résistance en France – le cas des Portugais».

Ce projet est né après l’entrée au Panthéon national, le mardi 30 novembre 2021, de la résistante franco-américaine, Joséphine Becker ; et l’hommage rendu en 2021, par la ville de Paris, aux combattants espagnols de la neuvième compagnie de la 2ème division blindée sous le commandement du Général Philippe Leclerc.

La «Nueve» a participé activement à la libération de Paris le 24 aout 1944, ses hommes étant les premiers à entrer dans la capitale.

«Nous tenons à saluer la décision du Président de la République française, quant à la panthéonisation de Missak Manouchian, engagé dans la Résistance armée, avec son groupe» dit une note des organisateurs envoyée au LusoJornal. «Dès 1940, la Résistance revêt une forte dimension transnationale, par l’engagement de milliers d’étrangers, dans la lutte contre l’occupant nazi, la défense de la France, des valeurs républicaines, et de la Liberté. Plus d’une trentaine de nationalités, étrangers, souvent immigrés, notamment : Espagnols, Polonais, Italiens, Portugais, Allemands, Arméniens, Juifs de l’Europe centrale ; s’engagent dans la Résistance et prennent part au combat contre l’Allemagne nazie. Certains de ces ‘Étrangers’ avaient une expérience de lutte contre le fascisme, acquise dans leur pays d’origine ou pendant la guerre d’Espagne de 1936-1939, et qu’ils apportent après juin 1940 à la Résistance en France».

Depuis les années 1980, la recherche menée dans les archives et les travaux des historiens viennent à identifier les résistants étrangers restés dans l’ombre de l’histoire, parfois même à leur donner un visage.

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Un important travail du Comité Sousa Mendes

Entre 2020 et 2023, le Comité Sousa Mendes et la délégation de la Ligue des Combattants et Résistants portugais, en Nouvelle-Aquitaine, avec le soutien d’universitaires et d’historiens, ont promu un cycle de dix conférences sur «Les Étrangers dans la Résistance en France ; le cas des Portugais». A partir de l’enregistrement d’une de ces conférences, le Comité Sousa Mendes a réalisé un film, sorti en 2022, disponible sur la chaîne YouTube.

En 2023, le Comité Sousa Mendes a préparé une exposition sur la participation des étrangers dans la résistance, accompagnée d’un livret pédagogique adressé à un public scolaire.

C’est donc très naturellement qu’à l’occasion de l’entrée au Panthéon national de Missak Manouchian, immigré arménien, communiste et figure emblématique de la Résistance en France, et dans le cadre d’un devoir de mémoire, «nous tenons à rendre hommage à tous ces milliers de combattants et résistants étrangers, qui ont lutté avec courage, les armes à la main, afin de défendre la République française et ses valeurs et de combattre le nazisme» dit le collectif organisateur dont le principal activiste est Manuel Dias. «Nous rendons hommage à tous ces résistants, à leurs engagements, à leurs sacrifices et au sang versé au service de la France et de la Liberté. Trop longtemps ignorés, rarement cités dans les manuels d’histoire, insuffisamment reconnus par les autorités françaises, et souvent ignorés dans leur pays d’origine, ils sont objet de notre reconnaisse et de notre immense respect».

Dans la première liste des signataires il y a la Ligue des Combattants et Résistants portugais de la région Nouvelle-Aquitaine, le Comité Sousa Mendes, le CERMI, Centre d’Études et de Recherche sur les Migrations Ibériques, l’Amicale des anciens Guérilleros espagnols, mais aussi LusoJornal, les radios La Clé des Ondes, à Bordeaux et Alfa à Paris, les associations Memória Viva/Mémoire vivante, les Amis du Plateau, Activa, CCPF, entre autres.

A Paris ce collectif est représenté par les historiennes Marie-Christine Volovitch-Tavares et Cristina Clímaco et à Bordeaux par Manuel Dias et Valentin Fernandes.