Calais: Les troupes portugaises de la I Guerre mondiale ont laissé un “souvenir très sympathique”

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LusoJornal vient de publier une série d’articles sur la présence des troupes portugaises dans la ville de Calais, mariages franco-portugais et décès portugais pendant la I Guerre mondiale.

Grâce à la collaboration du service des archives de la ville, nous avons pu avoir accès à des documents qui nous apprennent et résument l’histoire de la présence portugaise pendant la Grande Guerre dans la ville de Calais.

À la suite d’un courrier envoyé en date du 7 juin 1932 par le Consul du Portugal au Havre, Pires Monteiro, 88 boulevard François 1er, au Député-Maire de Calais, Léon Vincent, celui-ci répond en date du 4 juillet 1932, en commençant par: «J’ai l’honneur de vous faire parvenir la série de feuilles ci-jointes contenant les renseignements que j’ai pu recueillir sur l’activité de l’Armée Portugaise à Calais pendant la guerre…».

De ce courrier relativement long, nous avons sélectionné quelques extraits, en forme de résumé.

Dans la réponse apportée par le Député-Maire de Calais, on sent qu’il y a eu un effort de recherche afin de pouvoir informer le Consul du Portugal au Havre.

Léon Vincent commence par dire que «le Corps Expéditionnaire Portugais qui était arrivé sur le front dans le cours du deuxième trimestre de 1917, fut encadré dans le secteur britannique d’Aire-sur-La Lys. En 1917 il envoie un détachement à Calais, avec mission d’installer un dépôt de remonte. Huit cent hommes sous les ordres du Colonel Simas cantonnèrent au Fort-Nieulay avec de nombreux chevaux plus ou moins éclopés. Les hommes occupaient les bâtiments du Fort, ont construit des écuries en bois pour la cavalerie».

On comprend par la suite dans le dit courrier que les soldats portugais sont sous contrôle britannique, le pourquoi du non développement de la base portugaise et on trouve explication du pourquoi de soldats portugais qui se sont mariés à Calais et qui y sont restés ont pris comme métier, celui de cordonnier (1). «La base de Calais resta à l’état embryonnaire, le commandant de la base britannique avait su démontrer en haut lieu qu’il y avait intérêt à ne pas le développer. En 1919, une organisation connue sous le nom de l’Usine Portugaise des Cordonniers fonctionne au 9 de la rue du Temple pour récupération des vieux souliers venant du front. On y liquida au début 1919 un stock de 10.000 paires de chaussures usées».

LusoJornal a comptabilisé 19 mariages franco-portugais célébrés entre soldats du CEP et des femmes calaisiennes, le Député-Maire, en utilisant un certain humour, nous dit que «délaissant les travaux de Mars pour ceux de Vénus, 12 soldats portugais convolèrent en juste noces pendant la Guerre avec des calaisiennes. Plusieurs d’entre eux se sont établis à Calais, tailleurs ou cordonniers».

Notons que la Cordonnerie Portugaise du 9 rue du Temple, à Calais, était située juste collée à l’Église Reformée et à quelques maisons d’un fabricant de tulle, d’origine portugaise, De Mendonça, au 33 ter de la même rue, thème d’un futur article dans LusoJornal.

Très peu d’informations ont été données par les journaux de l’époque sur la présence portugaise à Calais, selon le Maire, pour des raisons de censure. Léon Vincent explique que «les troupes portugaises ont laissé un souvenir très sympathique parmi la population civile. La presse n’eut guère à noter de méfaits de leur part, un petit fait cependant: deux déserteurs portugais sont arrêtés le 2 mai 1919 pour vols au préjudice de la Compagnie du Nord. La censure était tellement sévère que les journaux locaux ne signalent même pas l’arrivée en nos murs du détachement portugais pas plus que les mutations d’officiers qui ont pu se produire, ni mouvements de troupes. Les recherches faites dans les collections des journaux de 1917 à 1919 n’ont fourni aucun document à cet égard».

Le Maire écrit, à partir de souvenirs des actions auxquelles les troupes portugaises ont participé, que «on signale la participation des troupes portugaises aux cérémonies militaires, revues, fêtes civiles et religieuses, commémorations de morts, etc… En octobre 1918, le Maire de Calais prend l’initiative de faire fêter l’anniversaire de la proclamation de la République Portugaise. Les officiers donnent à cette occasion un concours hippique. Le 24ème Régiment d’Infanterie organise un concert au Jardin Richelieu, le 27 avril 1919. Le Capitaine Moura Borges (2) de l’Armée Portugaise assiste, le 31 août 1919, à la remise de la Croix de Guerre à la ville de Calais (3). Le Commandant de la base M. S. de Mello e Simas, des Académies des Sciences de Portugal et de Lisboa, astronome de l’Observatoire, Sénateur, Major de l’Artillerie de Côtes, est photographié dans un groupe de notabilités calaisiennes, à l’issue du banquet du 14 juillet 1918».

Le Maire de Calais termine le courrier en donnant des références de numéros de la revue Illustration dans laquelle des informations ont parues sur la participation portugaise à la I Guerre mondiale, le nom de cinq soldats portugais qui ont été inhumées au cimetière de Calais-Sud est donné, en indiquant, qu’à la date du courrier, ils avaient été réinhumés au Cimetière des Baraques (4).

La lettre du Maire de Calais au Consul du Portugal au Havre vient ainsi contribuer à l’enrichissement de l’histoire de la participation du CEP à la Grande Guerre. Des détails qui contribuent à l’histoire.

 

Notes

(1) https://lusojornal.com/les-19-couples-franco-portugais-a-calais-issus-de-la-i-guerre-mondiale/

(2) https://lusojornal.com/o-caso-raro-do-capitao-do-cep-e-sua-familia-julio-de-moura-borges/

(3) Tous les Calaisiens valides sont appelés à faire leur devoir sur des fronts meurtriers. 2.382 soldats morts pour la France ne reviendront jamais. Pour les habitants qui restent, tout change aussi. L’arrivée massive des réfugiés belges puis des militaires alliés. Calais devient un immense hôpital, une base logistique très importante et un camp retranché. Premiers bombardements aériens de l’Histoire, premières victimes: 230 civils au total y laisseront la vie.

(4) https://lusojornal.com/i-guerre-mondiale-les-15-soldats-du-corps-expeditionnaire-portugais-decedes-a-calais-dans-les-hopitaux-anglais/

 

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