«Les Héritiers de la Bataille de La Lys» – ce documentaire qui raconte la participation des Portugais à la I Guerre mondiale

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Vous vous posez peut-être ces questions : Pourquoi les Portugais ont combattu en France ? Comment vivaient-ils dans les tranchées de Flandres ? Comment ceux qui sont restés en France après-guerre se sont-ils intégrés ? Des réponses sont données dans le documentaire de Carlos Pereira « Les Héritiers de la Bataille de la Lys ».

Il raconte l’histoire du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) en France, au travers des témoignages de personnes d’horizons divers : historiens, militaires, élus, associations, descendants de soldats. Une histoire racontée, pour ne pas oublier les soldats portugais qui ont combattu en France et raviver les mémoires. L’oubli est un fait de la Communauté portugaise elle-même, il est important de transmettre. Les commémorations sont aussi un « prétexte » à la construction d’une mémoire nationale.

Lors de la « Grande Guerre », des soldats portugais ont combattu dans le Nord de la France, au côté des Britanniques. Des milliers de jeunes gens sont recrutés au Portugal. La Bataille de La Lys du 9 avril 1918 est meurtrière pour le CEP. Certains soldats ne retourneront pas au pays natal. Morts « Pela Pátria », ils reposent au Cimetière Militaire Portugais de Richebourg (Pas-de-Calais). En hommage, leurs noms sont inscrits sur l’Anneau de la Mémoire au Mémorial d’Ablain-Saint-Nazaire, au côté des morts des autres Nations belligérantes.

Des soldats portugais se marient et restent en France. Leur talent de travailleurs « manuels » permettra leur participation à la reconstruction du Nord de la France, dévasté lors de la I Guerre mondiale. Artisans, menuisiers,… participent à la construction des églises, dont celle de Neuve-Chapelle, en secteur portugais pendant la guerre. Les Communautés portugaises s’installent et ne parleront plus leur langue « maternelle ».

 

Le film-documentaire « Les Héritiers de la Bataille de La Lys »

Le réalisateur du documentaire, Carlos Pereira, journaliste et Directeur du LusoJornal, explique sa démarche personnelle. Il ne voulait pas utiliser d’images d’époque, mais écrire une histoire, racontée par des gens rencontrés au cours de douze années de reportages. La première version du film a été écrite avec Afonso Maia, spécialiste autodidacte de la participation des Portugais à la I Guerre mondiale. Son décès en 2017 a entraîné la conception d’un autre film, en essayant de rester fidèle à leurs précédentes séances de travail.

 

Quelques thèmes abordés, avec les mots des historiens, militaires, élus:

« Avant 1917, la guerre en Afrique pour les colonies portugaises, opposant la jeune République du Portugal à une Allemagne plus forte ».

« Le Colonel Bento Roma, défenseur de La Couture face à l’offensive allemande d’avril 1918 ».

« La dernière bataille, pas une défaite pour le Portugal ».

« La Bataille de la Lys : un grain de sable dans la Grande Guerre, par rapport au Verdun des Français ».

Il est rappelé que les troupes portugaises sont mal préparées à la Guerre et peu motivées. L’absence de rotation (des mois, voire un an au front) génère une fatigue physique. Accompagnée d’une fatigue morale due au sentiment d’abandon par leur pays, les problèmes de discipline se multiplient. Une des explications, peut-être, des « Punido » souvent écrits dans les bulletins militaires des soldats.

Il est rappelé le climat ingrat, humide du Nord de la France, les repas anglais dont le « corned-beef » (pâté de viande de bœuf, connu en Flandres). Une nourriture, peu compatible à l’époque avec celle des paysans portugais devenus soldats, ajoutée à un climat inhabituel entrainent des conditions de vie difficiles.

Il est rappelé le Quartier Général de La Peylouse à Saint-Venant. Le propriétaire d’aujourd’hui raconte son « no man’s land », à partir du départ des soldats portugais en avril 1918. Aujourd’hui les arbres du jardin, jouxtant la maison de Maître, développent leurs pneumatophores (organes de respiration), une autre adaptation au milieu humide du Nord…

Il est rappelé les gardiens, aujourd’hui disparus, du Cimetière militaire portugais de Richebourg, les commémorations attendues tous les ans, en avril, par les anciens combattants et passionnés, parce que la Mémoire veut garder son rôle dans le maintien de la paix.

Et bien d’autres récits à écouter et voir…

 

Quelques extraits issus des témoignages des familles, des descendants vivant en France et au Portugal (Murça) :

« La pudeur des anciens de ne pas raconter, la souffrance des soldats de toute nationalité ».

« Des vécus d’intégration en France différents, avec un non-apprentissage de la langue portugaise ».

« La demande de nationalité française ».

« Le soldat Milhões et sa ‘menina’ (demoiselle qui tue). Il est le ‘terrien’ au sens noble du terme, qui se bat pour sa patrie. Sans le sou, analphabète, il devient Symbole national. Un jumelage existe aujourd’hui entre les villes de La Couture dans le Pas-de-Calais, où est érigé le Monument aux morts portugais, et Murça au Portugal, d’où Milhões est originaire ».

 

L’oubli de l’histoire permet de reparler de ces moments. Le mot « oubli » est repris à l’infini lorsque le devoir de mémoire est évoqué, mais comment peut-on oublier quelque chose dont on n’a pas connaissance ? D’où l’importance des écrits, quel que soit le support aujourd’hui.

Les photos d’archives sont utiles pour appréhender l’histoire, elles sont parfois insuffisantes. Des textes sont nécessaires pour expliquer, également des expositions, des témoignages, des documentaires… pour transmettre.

 

Un film-documentaire de 66 minutes à voir donc. Un contenu diversifié et instructif de « vérités ». Le Centenaire de la I Guerre mondiale s’éloigne. Continuer de parler de la présence portugaise en France permet d’informer et sensibiliser les familles, dont portugaises, à cette grande histoire.

 

«Les Héritiers de la Bataille de La Lys»

Un documentaire de Carlos Pereira (2018)

Regardez le teaser ICI.

 

Le samedi 19 mars à la Maison du Portugal André de Gouveia (Cité universitaire de Paris).

 

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