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Projection du documentaire «Les Héritiers de la Bataille de La Lys» à Chatou

Le film documentaire franco-portugais «Les Héritiers de la Bataille de La Lys» de Carlos Pereira, sera projeté ce vendredi 5 avril, à 18h00, à l’Auditorium Maurice Ravel, à Chatou (78) – 85 boulevard de la République – dans une organisation de la Délégation de Paris de la Liga dos Combatentes, présidée par l’historien Georges Viaud.

L’Ambassadeur du Portugal en France, Jorge Torres Pereira, a annoncé sa présence et les organisateurs annoncent également une rencontre avec le réalisateur après la projection.

Felícia de Assunção, Leonilde Milhões, Raymonde da Silva et Claude Correia sont les protagonistes de ce documentaire (en français et en portugais sous-titré en français), qui veut lutter contre l’oubli de la participation portugaise à la Première Grande Guerre.

Le film, qui a été présenté pour la première fois le 5 novembre 2018, au cours d’une projection à l’Université Populaire d’Histoire de Pessac (Unipop Histoire), près de Bordeaux, est le résultat de 12 années de reportages à travers la France où les portugais ont combattu il y a de cela un siècle, et à Murça, où le soldat Milhões est acclamé comme un héros. « L’objectif est de montrer le film aux portugais de France, afin qu’ils montrent aux français que les Portugais ont participé à la Première Guerre Mondiale. Cette relation entre la France et le Portugal n’est pas connue ; c’est quelque chose qui a été oublié et on ne comprend pas très bien pourquoi », explique Carlos Pereira.

Dans le documentaire, Raymonde da Silva, déjà décédée, raconte, par exemple, qu’elle a été Maire d’un village français « parce qu’elle était la fille du Portugais » qui avait combattu pendant la Grande Guerre, et elle raconte également comment elle est partie chercher de la terre natale pour la tombe de son père. « Elle est allée à la recherche de la terre d’origine de son père, près de Lamego. Elle y a été chercher un sac de terre, l’a ramené et l’a déversé sur la tombe de son père. C’est quelque chose qui m’a bouleversé, quand j’ai fait cette interview. D’ailleurs, elle dit même que lorsqu’elle est arrivée au Portugal, elle a eu envie d’embrasser le sol comme le Pape avait coutume de le faire », décrit le réalisateur, journaliste, qui est aussi Directeur de l’hebdomadaire franco-portugais LusoJornal.

Le film donne également la parole à Claude Correia, lui aussi décédé, qui a combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale, après que son père ait été dans les tranchées de la Première.

Leonilde Milhões, fille du Soldat Milhões, également décédée, raconte que « son père a refusé la mitraillette que l’on a voulu lui donner quand il est rentré au Portugal, parce qu’il avait déjà suffisamment supporté cette ‘demoiselle’ ». Et elle rappelle qu’il recevait une pension de guerre de 15 escudos (0,08 €) par mois, malgré son statut de « héros ». « Elle raconte qu’il avait été demandé à ce que son fils ne fasse pas son service militaire et on lui avait demandé s’il n’avait pas honte, lui qui avait fait la guerre. Il a répondu qu’il avait besoin de son fils pour travailler dans les champs parce qu’il ne gagnait que 15 escudos par mois » explique Carlos Pereira.

Le réalisateur souligne que le Soldat Milhões, comme la plupart des Portugais ayant participé à la Première Guerre, étaient « analphabètes, qu’ils ont été arrachés aux champs, aux terres où ils vivaient, sans même savoir où se trouvait la France », un fait relevé dans le film par l’historien Nuno Gomes Garcia.

Autre fille d’un soldat portugais qui intervient dans le film, Felícia de Assunção Pailleux, aujourd’hui âgée de 93 ans, a porté au cours des quatre dernières décennies le drapeau du Portugal lors des cérémonies annuelles dans le Cimetière militaire portugais de Richebourg et au monument aux morts à La Couture, en France. « Elle dit dans le film que quand elle est là-bas, son père est avec elle, parce que ce drapeau était le drapeau de son père », poursuit Carlos Pereira au sujet de celle qui est aussi le porte-drapeau de la Ligue des Combattants et qui, cette année, a été décorée par le Président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, avec la Médaille de la Défense Nationale.

Il y a aussi l’histoire de João Marques, qui depuis 28 ans s’occupe du Cimetière Militaire Portugais de Richebourg, où se trouvent les tombes de 1.831 soldats portugais et qui a également reçu l’année dernière, lors des cérémonies du Centenaire de la Bataille de La Lys, la Médaille de la Défense Nationale.

Installé en France depuis 35 ans, Carlos Pereira a commencé à travailler en 2005 sur la participation du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) à la Grande Guerre, mais ce n’est qu’en 2006 qu’il a commencé à filmer les commémorations annuelles de la fatidique Bataille de La Lys pour des reportages diffusés sur RTP et SIC Internacional.

Le journaliste a passé son enfance à Murça, à entendre les histoires du Soldat Milhões et, bien qu’il n’ait pas eu de membres de sa famille dans les tranchées des Flandres françaises, il s’est laissé captiver par le thème, guidé par Afonso Maia, un spécialiste de la Grande Guerre et petit-fils d’un soldat du CEP, à qui le film est dédié. « Le film est dédié à la mémoire de Afonso Maia. Au départ, nous avons écrit le film ensemble et comme nous avons fini par ne pas le réaliser – il est décédé il y a deux ans – celui-ci remplace celui que nous avions pensé faire. A l’âge de 50 ans, il avait découvert que son grand-père avait combattu à l’endroit même où il vivait », raconte Carlos Pereira à propos de l’homme auquel Marcelo Rebelo de Sousa a aussi attribué cette année, à titre posthume, la Médaille de la Défense Nationale.

Dans le documentaire, il y a également des entretiens avec l‘historien et ancien Ministre de la Défense Nuno Severiano Teixeira, avec l’ex-Ministre de la Défense Azeredo Lopes, avec le journaliste et écrivain José Rodrigues dos Santos, avec l’historien Georges Viaud, avec le Président de la Ligue des Combattants et Lieutenant général Joaquim Chito Rodrigues, parmi beaucoup d’autres personnalités.

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