Une main d’oeuvre portugaise à Isbergues après la I Guerre mondiale


Une cinquantaine de noms de famille portugais, relevés dans les recensements de la commune d’Isbergues, dans le Pas-de-Calais, en 1921, donne des informations concernant la présence portugaise dans cette ville. Des travailleurs et des soldats du Corps Expéditionnaire Portugais, restés en France après l’Armistice du 11 novembre 1918, ou revenus du Portugal pour fonder une famille, ont constitué une communauté au Pont-à-Balques d’Isbergues et à Molinghem.

Les noms de famille sont indexés à la suite, la difficulté de lecture réside dans le fait que les communes de provenance et les noms portugais ont été écrits «à l’oreille» par le recenseur. La retranscription est partielle, les lieux et patronymes (parfois des prénoms) n’ont pas tous été reconnus, une aide néanmoins est proposée à ceux qui cherchent leurs ancêtres.

Pour rappel l’instituteur d’Isbergues a confirmé, dans un écrit de mai 1920, la présence de soldats portugais au Pont-à-Balques, hameau proche de la cité ouvrière de Molinghem (voir ICI). Les travailleurs évacués le 13 avril 1918, après la Bataille de La Lys, le hameau de Pont-à-Balques est occupé par des Portugais du 22 avril au 5 août 1918.

Les lieux-dits Pont-à-Balques et Molinghem sont rattachés aujourd’hui à la commune d’Isbergues, mitoyens entre eux et avec l’usine sidérurgique où travaillaient les Portugais. Les aciéries produisaient, pour la Défense nationale, des pièces pour obus lors de la I Guerre mondiale, sujettes donc aux bombardements ennemis (voir ICI), surtout au printemps 1918. Elles ont également été photographiées par le soldat-photographe Arnaldo Garcez (voir ICI) pendant la Grande guerre.

.

L’indexation ci-dessous propose donc des noms de travailleurs à Isbergues, certains aux Aciéries de France. Parmi eux figurent des soldats du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) en 1917-18. Certains bulletins militaires et actes de mariage en France ont été consultés.

Nom, prénom, provenance :

– Marqués Antonio, Braga

– Morães José, Vila Marim

– Clemente José Miguel, Miranda

– Manoel José Antonio, Guarda

– Da Silva José, Aveiro

– Gonçalves José

– Da Longa Martins João, Vilela

– Pereira João, Malpique

– Da Rocha Antonio, Lisboa

– Villela Alves, Vila Nova

– Barbosa Rodrigues, Vila Real

Ces 11 personnes logeaient au même endroit avec d’autres pensionnaires belges, chez un cabaretier belge et sa famille du nom de Lemahieu.

.

Traces de soldats du CEP dans les mariages mixtes luso-français après-guerre

Eduardo Braz, de Lisboa, a épousé Mathilde Degroote, en 1928. Il est connu pour avoir appartenu à la Résistance française lors de la II Guerre mondiale. C’est Antoine Tromski qui propose la photo de famille jointe où Mathilde est au côté de Braz (le Portugais). Le nom de Braz figure sur le Monument commémoratif du Réseau Sylvestre FARMER de la ville de Lille, parmi 263 Résistants (voir ICI).

François Ferreira a épousé Marie Legrand le 1 mai 1928.

Prudêncio da Costa a épousé Romaine Carincotte le 3 février 1920, leur fille Yolande apparait dans le recensement d’Isbergues.

José Joaquim Pina, de Moncorvo, a épousé Germaine Leverd, le 4 février 1922.

Etienne Lopes, de Vila Nova, a épousé Georgette Lambert, le 23 août 1920. Leur fils Alban est nommé dans le recensement étudié.

Alfredo Dias Fernandes, d’Olival, a épousé Emilienne Simon, le 24 décembre 1921.

Dans la même famille, Maria Simon a eu plusieurs enfants de Joaquim António, d’Alijó, le mariage n’a pas été trouvé. La petite-fille M.C. Joaquim a dit que les enfants du couple ont été reconnus en juillet 1926, cela a été vérifié. Sans avoir consulté de bulletin militaire, Joaquim António était probablement soldat du CEP, une 1ère naissance est trouvée en décembre 1917 sous le nom de la mère Simon, légitimée en 1926 par le père Joaquim, une 2ème en juillet 1919 (6 enfants sont reconnus en 1926 à Isbergues sous le nom Joaquim).

Bernardo Joaquim a épousé Louise Brassart le 22 juillet 1922, les témoins sont Portugais, José do Nascimento et Abel Silva.

António Manoel a épousé Fernande Vendembeuche le 28 juin 1924, parmi les témoins, le soldat du CEP José Ferreira Bento, de São Lourenço do Bairro, et José Antonio (Araujo?).

A noter que des mariages ont eu lieu avec les filles de famille où les Portugais étaient pensionnaires.

A noter également que les signatures (parfois difficiles) des témoins dans les actes de mariage sont un élément de constat de la présence portugaise à Isbergues après la I Guerre mondiale.

.

D’autres travailleurs portugais sont recensés à Isbergues en 1921.

Nom Prénom, provenance :

– Antonio Augusto, Vilares

– Da Silva Francisco

– Dias Fernandes Antonio, Santarém

– Marques dos Santos, Vila Nova

– De Azevedo Francisco, Porto

– Galvão Abel

– Vega Georges, Lisboa

– Joaquim Joseph, Bordeira

– Manoel Junior, Mouriscas

– Teixeira Antonio

– Magalhães José, Vila Nova

– Da Silva José, Vila Verde

– Jacinto Antonio, Castelo

– Da Rocha Manoel, Braga

– Domingues José

– Joaquim Manoel

– Fernandes Joseph

– Dos Reis Manoel

– Francisco Maurice

– Lopes Manuel

– Justino Manoel

– José da Silva Sebastiano, Loures

– Antunes Mathias, Salgueiral

On observe que dans les recensements de population de la commune d’Isbergues en 1926, beaucoup des noms portugais précédemment cités ont disparus. Une présence de quelques années seulement, probablement pour compenser une charge importante de travail après la I Guerre mondiale et un besoin de main d’oeuvre dans la fabrication d’acier. A la même époque, une main d’œuvre portugaise était employée dans les mines de charbon, avant le retour au Portugal pour certains.

LusoJornal