LusoJornal | António Marrucho LusoJornal | António Marrucho LusoJornal | António Marrucho LusoJornal | António Marrucho Home Cultura José Rodrigues dos Santos a publié “Oubliés” pour ne pas oublier les Soldats du CEPAntónio Marrucho·23 Novembro, 2024Cultura Le journaliste et écrivain José Rodrigues dos Santos vient de publier le roman «Oubliés». La pause hebdomadaire du journal télévisé de 20H de la RTP, qu’il présente une semaine sur deux, a permis à José Rodrigues dos Santos de venir faire la promotion de son livre, dédicacer, rencontrer ses lecteurs. Trois jours de promotion, qui ont débuté à Bruxelles, avec passage par Lille (Lire ICI) et fini à Paris. LusoJornal a profité pour interviewer José Rodrigues dos Santos, avant de l’accompagner dans des lieux où se passe le roman récemment édité : visite au Cimetière militaire portugais de Richebourg, avec une attention particulière à la tombe de José Augusto Ferreira Almeida, l’unique fusillé portugais de la I Guerre mondiale. À Neuve Chapelle nous avons fait une halte à l’emplacement même des tranchées occupées par les Portugais, rue de Cure, et du petit canal qui séparait les troupes portugaises des Allemands, La Lawe. On a terminé la visite par le lieu même d’où est parti le Christ de Tranchées, en 1958, vers la Sala dos Capítulos à Batalha. . «A Filha do Capitão» («Oubliés») est votre deuxième romain. D’où est partie l’idée de cet ouvrage ? Ce roman est né au moment de la rédaction de ma thèse de doctorat. J’ai réalisé que les lignes portugaises en Flandre avaient été attaquées le jour où l’Armée portugaise, épuisée par 9 mois dans les tranchées, était censée abandonner les lignes. J’ai aussi réalisé que la défaite portugaise a paradoxalement permis l’offensive Alliée qui a conduit à la fin de la guerre. Il y avait là une belle histoire à raconter. Les oubliés est cette histoire. . C’est un romain ou une biographie ? C’est un roman basé sur des événements réels. L’histoire d’amour que raconte le livre, entre un Capitaine portugais et une Française, est basée sur des faits réels. . Alors que d’autres de vos livres ont tout de suite été publiés en français, pourquoi seulement actuellement les «Oubliés» ? C’est une décision prise par l’éditeur français. L’éditeur a reçu tellement de demandes de la Communauté portugaise de France pour publier ce livre en français qu’il a fini par le faire. . Pourquoi le titre en français n’est-il pas devenu «La fille du Capitaine» ? Les 4 soldats sur la couverture du livre en français, c’est plus parlant que la demoiselle dans la couverture du livre en portugais ? C’est, encore une fois, une décision de l’éditeur français. Il considérait ce titre et cette couverture plus adaptés aux lecteurs français. . Vous vous êtes inspiré de certains dires, histoires, racontés par ceux qui ont vécu dans les tranchés ou à l’arrière du front ? Tout dans le roman est basé sur des faits réels. Mes principales sources ont été les journaux et souvenirs des soldats portugais présents en France en 1917 et 1918 et les rapports de l’Armée portugaise. . «Oubliés» est, d’une certaine façon, un hommage à deux de vos ancêtres ? Un du côté de votre mère et un autre du côté de votre père ? Tous les Portugais ont eu dans leur famille des personnes qui ont participé à la Grande Guerre. Le livre est un hommage à eux tous. C’est ce que les Français appellent le «Devoir de mémoire». . Vous aimez faire des recherches. Vos livres sont souvent le produit de ces recherches. Il y a dans vos romans, quelque part, une part de réalité et une autre inventée, adaptée, romancée ? C’est vrai. Le sujet abordé est toujours réel, tout comme les informations sur ce sujet. Mais l’histoire elle-même est une fiction… bien que basée sur des événements réels. Je pense que c’est intéressant pour les gens d’apprendre des choses vraies tout en s’amusant avec une histoire. . On retrouve là, votre côté de professeur universitaire et d’historien. De vos livres, vous dites qu’ils ne sont pas «un passe-temps», mais «un gagne temps»… Nous passons beaucoup de temps à lire une histoire qui nous divertit, et c’est un passe-temps, mais en même temps, nous apprenons des choses vraies, nous apprenons à mieux connaître notre monde et cela nous fait gagner du temps. . Vos livres sont, quelque part, votre opinion basée dans des faits réels ? Les faits sont les faits, mon imagination comble les lacunes. . A-t-il été important pour vous de venir sur le terrain occupé par le CEP pendant la I Guerre mondiale et d’avoir même logé au quartier général du CEP, à Saint Venant (au Manoir de la Peylouse) pour écrire le livre ? (*) Oui, il est important de visiter les lieux de l’action, car ils nous permettent d’en apprendre davantage sur l’histoire. Pour le lecteur, après avoir lu «Oubliés», il serait très enrichissant de se rendre en Flandre et visiter les lieux où se trouvaient les Portugais du Corps Expéditionnaire Portugais. . Pensez-vous que la Bataille de La Lys a été une défaite et l’utilisation du terme «Alcacer Quibir du XXème siècle» soit correct ? Chaque bataille a son propre profil. Un pays se définit par ses victoires, mais aussi par ses défaites. En fait, les défaites sont plus importantes que les victoires. . Comment la participation du CEP a été traitée dans l’histoire du Portugal depuis 106 ans, selon vous ? Pas très bien. Il existe plusieurs études, mais rien à la hauteur de l’ampleur de l’événement. Pire encore, les écrivains de fiction ont presque ignoré cet événement qui a marqué la vie de presque toutes les familles portugaises de l’époque. . Le thème est aujourd’hui mieux traité ? Je ne pense pas. . Des 55 mille soldats du CEP, à peu près 2 mille sont restés et ont fait vie en France et beaucoup dans cette région, ayant été mineurs essentiellement. Dans nos recherches nous concluons que quelques-uns de ces membres du CEP, mineurs, ont été (ou alors leurs enfants) des Résistants. Y en a qui ont été fusillés, déportés, morts en déportation… Ne faudrait-il pas parler aussi de ceux-là ? Peut-être une idée de nouveau romain, non ? Pourquoi pas. . On n’est pas loin des lieux foulés par les soldats du CEP et où se passe l’histoire de votre livre. Ça vous touche ? Vous continuez à visiter ces lieux de mémoire portugais et d’autres nationalités ? Non. J’ai écrit «Oubliés» pour éviter de laisser cette histoire tomber dans l’oubli, mais je considère que j’ai fait mon devoir. D’autres histoires m’attendent. . En septembre 2023, le Cimetière militaire portugais de Richebourg, avec d’autres lieux du front, ont été désignés Patrimoine de l’UNESCO. Est-ce important ? Le Portugal est-il conscient de cette désignation ? Votre livre ne viendrait-il pas contribuer à nous rappeler tout cela et à contribuer à ce qu’on appelle le «tourisme de mémoire» ? Je l’espère. Mais, sans les «Oubliés», la vérité est que la littérature portugaise continuerait d’ignorer l’histoire des soldats portugais qui sont venus en France pendant la I Guerre mondiale. C’est une histoire que tout le monde… a oublié ! . Vous qui parcourez le monde, parfois pour des reportages sur des lieux de guerre, quels jugements portez-vous sur notre monde ? A-t-on su tirer des leçons du conflit dont vous parlez dans votre ouvrage, et de la II Guerre mondiale ? Oui, il y a beaucoup de leçons. C’est le thème de mon nouveau roman, «The Chaos Protocol». Les dictatures tentent de détruire l’Occident, à l’existence duquel les Portugais ont contribué de manière décisive. Va-t-on accepter, abandonner ? . Sur la dédicace de son livre, José Rodrigues dos Santos écrira : «Lire, c’est savoir».. (*) En 2006, José Rodrigues dos Santos a accompagné des lecteurs portugais sur les lieux du roman et a participé aux cérémonies de la Bataille de La Lys.