Les prisonniers portugais de la Bataille de La Lys, dans les photographies de propagande allemande en 1918

Des photographies, prises lors de la I Guerre mondiale par des soldats photographes officiels allemands, donnent des informations concernant les soldats portugais faits prisonniers lors de la Bataille de La Lys d’avril 1918. Une enquête est menée à la suite d’une vue de prisonniers dans le Journal ‘Ilustração portuguesa’ du printemps 1918. Une photo de propagande allemande ? Dans la presse portugaise ? Avant l’Armistice ? Cela interroge.

Cette photo montre des prisonniers portugais gardés par des soldats allemands, probablement amenés vers un camp de regroupement du Nord de la France, après le 9 avril 1918.

Le lieu est identifié, il s’agit de la commune de Fournes-en-Weppes, secteur allemand du Nord de la France pendant la Grande guerre.

L’occasion est donnée de parler des sections photographiques des pays belligérants.

Les sections photographiques des armées recueillaient et diffusaient les vues prises par des opérateurs photographiques et cinématographiques (parfois en binômes). Ils se déplaçaient sur les fronts et à l’arrière. Des échanges de documents s’effectuaient entre sections alliées et par achat provenant des agences de presse des ennemis. Les documents publiés dans les illustrés du monde entier permettaient de couvrir des reportages qui faisaient défaut.

Le Bild und Film Amt (BUFA), bureau dédié à la propagande visuelle, photographies et films, de l’armée allemande, est fondée en janvier 1917. Il est apparu après les efforts similaires de la Grande-Bretagne et de la France.

On retrouve des photos identifiées BUFA aux Archives nationales de nombreux pays, américaines, anglaises, australiennes, danoises, espagnoles, etc. Ceci est lié au fait qu’après la I Guerre mondiale, des programmes d’échange ont eu lieu entre gouvernements étrangers.

Pour exemple, des images américaines ont été envoyées au Reichsarchiv, qui a envoyé en retour des photographies officielles allemandes de la Grande Guerre, numérotées et archivées.

Les photographies couvrent les phases de l’activité militaire allemande sur tous les fronts. Les légendes comprennent généralement une date et un lieu approximatifs. Une série de photos d’avril 1918 permet donc de suivre en images des prisonniers portugais, capturés lors de la Bataille de La Lys d’avril 1918.

Dans cet article, sont joints des documents des fonds d’Archives espagnoles, localisés dans le Nord, près de la commune de Fournes.

On visualise des soldats portugais et britanniques, dans des camps de prisonniers. La différence de nationalité peut se faire par la couleur de l’uniforme et la taille des soldats.

Des prisonniers portugais et leurs gardiens allemands, les pieds dans la boue, sont photographiés devant une brasserie à Fournes-en-Weppes (lire ICI), secteur allemand en 14-18. Des sépultures de soldats portugais ont d’ailleurs été nouvellement identifiées dans les communes voisines de Wavrin (lire ICI) et Beaucamps-Ligny (lire ICI), celles de prisonniers faits lors de la Bataille de La Lys.

Les objets et masques à gaz portugais sont confisqués par les soldats allemands. Le repos des soldats portugais se fait à même le sol. Les vêtements déchirés, l’absence de chaussures, peuvent expliquer la survenue de maladies et leur mort dans les hôpitaux ennemis en France.

Toujours dans ce même secteur allemand du Nord, un document datant de 1923, des Archives historiques militaires portugaises, signale que la Commission Portugaise des Sépultures de guerre (lire ICI) a exhumé 3 corps portugais du cimetière de Sainghin-en-Weppes et les a réinhumés au cimetière de Vieille-Chapelle (Pas-de-Calais). Avant une inhumation définitive à Richebourg ?

Parmi les 3 corps, figure un soldat du 30ème Régiment d’infanterie, Armindo José Ferreira. Il apparait avec une mention ‘nom inconnu’ dans une liste allemande de prisonniers, mais il est identifié grâce à sa plaque numérotée et son bulletin militaire. Natif de Parada de Cunhos, Vila Real. Il est mort des suites de blessures, au poste de secours de Marquillies, le 29 mai 1918. Le lieu de sépulture est non connu aujourd’hui.

Les prisonniers de guerre portugais, de la I Guerre mondiale en France, n’ont pas tous été envoyés dans des camps allemands.