Opinion: Merci!

La France et son équipe de football est Championne du Monde de Football.

Le mot «Merci» a été celui le plus utilisé dans les discours officiels, dans la presse et par le peuple français en général. Merci à l’équipe de France pour ce qu’elle a accomplie et pour le bonheur qu’elle a donné.

Voilà l’idée qui nous a conduit à écrire cet article sur le mot Merci.

Merci… cinq lettres… un simple mot – peut-être avec le mot Bonjour – l’un des plus utilisés, des plus usés de notre planète.

Mot trop usé? Peut-être pas, ou peut-être pas suffisamment. Peut-être pas le plus utilisé à bon escient.

C’est un mot à la fois galvaudé et intense.

Dans notre vie personnelle il y a des mots qui nous paraissent essentiels d’utiliser et d’en abuser, tels que: Bonjour, Bonsoir, Comment ça va… Merci, fait partie de la liste.

Même si nous avons tendance à l’utiliser solvente, nous nous posons la question si cela n’est pas un signe de faiblesse, le fait d’être tout le temps en train de remercier.

Ne nous cache-t-on pas derrière un Merci? N’est-il pas le signe de quelqu’un qui veut couper une conversation, un dialogue, un approfondissement d’un sujet?

Autres questions: dit-on Merci dans toutes les civilisations? Le dit-on avec un mot, des mots ou par la gestuelle? De façon directe ou de façon indirecte?

J’ai tendance à penser qu’en fin de journée, nous devrions nous concentrer sur nous, sur notre respiration, mais se demander, aussi, combien de fois on a dit Merci dans la journée.

Ça ne nous coûte rien de le prononcer, et pourtant il peut faire du bien à celui qui est en face, que nous croisons, que nous contactons.

L’écrivain Jacques Chardonne nous pose la question: «Dieu t’a offert 86.400 secondes aujourd’hui. En as-tu utilisé une pour dire ‘Merci’»?

Albert Einstein parle ainsi du mot Merci: «Un seul mot, usé, mais qui brille comme une vieille pièce de monnaie».

Plus proche de nous, Valérie Trierweiler, remercie, va-t-on savoir, François Hollande, peut-être! Un remerciement en forme de critique, pour les 9 ans passées en sa compagnie, avec son livre vendu à 442 mille exemplaires en seize jours, sous le titre: «Merci pour ce moment».

L’histoire du mot Merci

Voyons d’abord quelles traces trouve-t-on dans le passé, au sujet du mot Merci et qu’elles sont ses origines.

Le mot Merci ‘écouté’, vient étymologiquement du latin Mercedem. Il signifie aussi bien le «salaire» que la «récompense», la «solde», que «l’intérêt» ou le «rapport».

En bas latin, le mot s’enrichit de significations supplémentaires comme le «prix», la «faveur», et la «grâce qu’on accorde à quelqu’un, en l’épargnant», d’où par extension, la «rançon» payée pour le rachat d’un otage. C’est de cette dernière acception que naîtra le nom de l’Ordre de Notre Dame-de-la-Merci.

En 881, dans la Cantilène de Sainte Eulalie, Merci dénote la «grâce», la «miséricorde» et la «pitié».

En 1135, dans Le Couronnement de Louis, l’expression, «Crier Merci» signifie «demander grâce».

Vers 1190, «Sans Merci» est attesté dans le sens de «sans pitié» (Perceval ou le Conte du Graal).

Par dérivation amoureuse, à partir de 1200 la «Merci» dénote la «faveur qu’un amoureux obtient de la femme qu’il aime» (Chansons du Châtelain de Coucy) et le don de Mercy, «les dernières faveurs d’une dame» (Cent Nouvelles Nouvelles). Jean de La Fontaine utilise encore en 1666 le don d’amoureuse, Merci (Contes et Nouvelles).

Dans le registre religieux en 1100, dans La Chanson de Roland, «Dieu Merci» veut dire «comme le veut Dieu».

L’Ordre des Mercédaires, encore appelé Ordre de Notre Dame-de-la-Merci, est un Ordre religieux catholique fondé par le languedocien Pierre Nolasque pour racheter les chrétiens captifs des pirates maures et réduits en esclavage.

C’est l’un des deux ordres dont la mission principale était de délivrer des mains des pirates barbaresques les chrétiens en captivité.

Aujourd’hui, les deux ordres aident tous les captifs au sens large, visitant notamment les prisonniers et les malades.

De nos jours: Quelle signification donne-t-on à ce mot?

Merci, est une formule de politesse utilisée pour témoigner sa gratitude («merci de votre aide») ou pour signifier un refus, poliment («non, merci»).

Il y a bien d’expressions où l’on utilise le mot. Citons ici, par exemple: «accorder merci», «à votre merci», «Dieu merci», «être à la merci», «sans merci»…

Utilisé pour remercier quelqu’un, il peut être une simple formalitée, une marque de politesse que l’on emploie de nombreuses fois par jour. Pourtant, il peut aussi délivrer toute la gratitude que l’on ressent. Parfois difficile à prononcer, à admettre, il résume souvent mieux que n’importe quel mot ou long discours toute la reconnaissance qui nous habite.

J’ai trouvé intéressant de vous transcrire quelques citations:

Boris Vian: «Je suis athée, Dieu merci».

Philippe Sollers: «La réalité est cachée. Dieu merci».

Marc-Gilbert Sauvageon: «Un homme parti de zéro pour n’arriver à rien, n’a de merci à dire à personne».

Y-a-t-il une seule façon de dire Merci?

Ou n’y a-t-il pas autant… que de personnes, que le disent?

La modernité, les systèmes de communications actuels permettent d’élargir le panel des moyens utilisés pour dire merci. Forcement on ne dit pas de la même façon un Merci dit en direct, avec l’interlocuteur en face, qu’au téléphone, par SMS, avec une carte ou par e-mail.

De nous jours, on passe de plus en plus de temps au téléphone. Je ne le fais peut-être pas moi-même, toutefois je le rappelle assez souvent à mes collègues de travail, je leur dis: «Souriez au téléphone, ça ne se voit pas, mais ça s’entend. Dire un Merci au téléphone en souriant cela prend tout une autre valeur».

Il faut sourire en disant Merci, mais avant tout, et peut-être règle première, il faut être sincère en disant Merci et penser vraiment à ce qu’on dit et pourquoi on le dit: «Merci de…», «Merci pour…». Il ne faut pas dire Merci par simple obligation.

Souvenons-nous… de toujours sourire. Cela aidera la personne à voir si notre gratitude est sincère.

Il vaut parfois mieux ne pas dire Merci, que de dire un mauvais Merci.

Le Merci est parole. Le Merci est gestuel. Notre corps transmet un langage, des messages. Maintenir le contact visuel, être face à l’autre, le toucher par le geste… en prononçant le mot Merci, a tout un autre impact.

Dire Merci au téléphone requière quelques petites attentions par rapport au présentiel. Il faut parler clairement et assez lentement. Il faut qu’on entende le «Merci» distinctement.

Avec notre jouet préféré – notre téléphone portable – il faut rester simple, dire Merci en utilisant le prénom de l’autre, toute en évitant d’en faire ou d’en écrire de trop.

Les événements de la vie, les cérémonies sont autant d’occasions de dire Merci avec une carte. C’est une façon de dire Merci «vieille école». Pour autant il faut choisir une carte pleine de sens et l’envoyer aussi rapidement qu’on le peut. Remercier un invité de son mariage un an après, par carte postale, par exemple, n’a plus de sens.

A l’image de la carte postale, si nous voulons dire Merci par e-mail, faisons-le vite, soyons également sincères, clairs et honnêtes. Pourquoi ne pas mettre comme sujet du mail, le mot Merci? Cela a selon nous, tout un autre impact.

Y a-t-il une manière différente de dire Merci, selon les pays ou civilisations?

C’est l’un des mots les plus importants à savoir quand on voyage! C’est encore mieux quand on connaît la réponse qui va avec: «de rien» en espagnol ou «vous êtes le bienvenu» en turc et en anglais.

Dire Merci en japonais n’est vraiment pas une mince affaire! En effet, suivant les cas de figures, la personne à qui vous vous adressez et votre niveau de connaissances et d’éducation, dire Merci est une opération qui peut prendre bien des visages différents.

Un Chinois ne remercie pas quelqu’un qui le complimente. Il répond par exemple: «ce n’est rien» ou «j’ai fait ce que je pouvais», «Oh, je vous en prie!». En Chine, il faut se montrer humble et modeste en toute occasion.

À la fin d’un repas turc en famille, on remercie l’hôtesse, c’est-à-dire la femme la plus âgée, car même si elle n’a pas cuisiné, c’est elle qui a présidé au choix des plats et à leur élaboration. La réponse à un «Merci» est «birşey değil» (prononcé «birché dil») que l’on peut traduire par «vous êtes le bienvenu».

Sur la plage, les Brésiliens applaudissent un coucher de soleil lorsqu’ils l’apprécient, et remercient l’astre pour lequel ils ont beaucoup de considération.

À Hong Kong et dans le sud de la Chine, on remercie la personne qui vient de servir le thé en tapotant deux fois sur la table du bout des doigts.

En français, après un Merci on peut répondre «de rien» ou «je vous en prie». L’équivalent anglais est «you’re welcome», alors qu’un Espagnol répondra «de nada» et un Italien, «prego». Si un Allemand dit «danke schön» («merci beaucoup»), il faut répondre «bitte schön» («je vous en prie»).

Le Portugal serait un des pays avec l’un des plus gros dictionnaires de la planète. Nous avons presque partout le masculin et le féminin. Pour dire Merci, une dame dit «obrigada» et si c’est un monsieur, il dit «obrigado».

Au Portugal dans certaines circonstances, on dit «de obrigado está o mundo cheio», que je traduirai par «de mercis le monde en est rempli». Autrement dit: «on demande des actes et pas que des mercis», c’est ce que j’aurai envie de dire à certains de nos dirigeants.

Merci à LusoJornal et à son Directeur, Carlos Pereira, de nous permettre de nous exprimer, en partageant des idées avec vous, chers lecteurs.

Merci à vous de m’avoir lu.