Opinião: Adeus Zé, José Marreiro

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Que dire, qu’écrire ? Et pourtant il y a tant à dire, tant à écrire sur toi Zé, sur toi José Marreiro.

Habituellement nous nous mettons devant la feuille blanche et les idées, les dires à écrire… sortent.

Là, tout se mélange, alors que tu viens de partir, alors que tu avais encore tant à dire, tant à écrire, tant à partager, tant à peindre.

À peindre le monde, à peindre le Portugal, grâce aux arts que tu pratiquais…

Merci, merci, merci Zé, d’avoir accepté que je sois ton ami, merci de tes discussions par mail, messages, oralement. Merci de ce que tu m’as fait connaître et mieux fait comprendre.

À chaque fois qu’on se contactait on refaisait le monde, on refaisait notre Portugal, même si par ailleurs les mots «diaspora» et «portugalité» ne te convenaient pas.

Même si tu es parti du Portugal à, à peine quelques années, tu aimais le Portugal, tu souffrais pour ton Portugal, notre Portugal… Zé Algarvio c’était toi, Serra de Monchique et abords de sa mer, tes lieux privilégiés pour rêver, partager, construire des souvenirs, lieux d’inspirations.

Grande était ton amitié, grand était ton talent de peintre, de poète.

Que de beaux souvenirs de ton exposition à Lille (lire ICI) à laquelle tu as donné le nom : «Lille entre un Fa et un Do». On était en septembre 2017 et personne ne parlait encore du centenaire de la Bataille de La Lys. On a voulu donner un «coup de pied dans la fourmilière» pour dire : «on est à quelques mois du centenaire de la Bataille de La Lys, personne n’en parle, personne ne bouge»… ça été ta contribution, comme que le début des cérémonies du centenaire.

Le jour du Centenaire tu étais là, le 9 avril 2018 tu étais au Cimetière militaire Portugais de Richebourg pour remettre symboliquement à LusoJornal un tableau représentant un «cardo» accompagné de ta poésie : «Les grands hommes ne meurent jamais (Grande Guerre 14/18)» (lire ICI). Tu as été étonné que le Président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, vienne l’embrasser ce jour-là, à ce moment-là, en ce lieux-là.

Zé, ces dernières années ta santé a été en se dégradant, de souffrance en opération, d’opération en traitement, de traitement en souffrance… quelques mois, quelques années… Quel courage de tant supporter ! Accepter ? Probablement pas, toutefois l’espérance de meilleurs jours, de meilleures périodes, te tenait débout. Quelques forces t’ont permis de construire, malgré tout, quelques tableaux, quelques poésies, là-haut, dans ton atelier jusqu’à ce que l’énergie t’abandonne.

Dans tes derniers poèmes, les mots expriment, entre les lignes, les maux, tes maux.

La lecture régulière de LusoJornal provoquait en toi des réactions souvent commentées, des ajouts pleins de bons-sens, tu étais un homme cultivé, on se cultivait à ton contact, à ta lecture.

Ces dernières semaines tes commentaires n’étaient plus là. A notre question : «Bonjour Zé, comment ça va ? Des nouvelles ?», tu nous répondais : «Bonjour Antho… C’est même pire… gros Bizous», des… qui en disaient long.

Beaucoup aurait à dire, à écrire…

Zé, tu nous manques déjà.

Nous garderons de toi, les souvenirs : de ton intégrité, ton amitié, tes conversations, tes conseils, ton empathie, ta peinture, ta poésie, ton amour de la France, du Portugal…

Ton départ définitif est arrivé, ton dernier tableau, ta dernière poésie. C’est bien de toi, le poème: «Les grands hommes ne meurent jamais».

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«Lille entre un Fa et un Do»

Sur les rives de mon âme, survie une espérance…

Un certain espoir, un retour au pays…!

Cette carence immuable me ronge depuis l’enfance.

Il me manque cette sève pour être épanoui…

Mais où est tu Portugal, qui fait mon bonheur!?

Mais où est tu Portugal, cher à mon cœur!?

La solitude est une compagne amère…

Derrière une passion il y a toujours un désert.

Le lierre qui parcoure et s’enroule en mon cœur…

Détruit de jour en jour le fil de mon bonheur.

Mais où est tu Portugal, qui fait mon bonheur!?

Mais où est tu Portugal, cher à mon cœur!?

D’avancées phénoménales en marches arrière…

De soleils merveilleux, en neige d’hiver.

Traversée cet océan où parfois je me perds…

De vent en poupe en vent de travers.

Mais où est tu Portugal, qui fait mon bonheur!?

Mais où est tu Portugal, cher à mon cœur!?

Mais d’où me vient cette douleur polaire…

Qui marque ma vie, qui marque ma chair.

Qui ne tue pas mais qui me fait souffrir…

Qui ne tue pas mais qui me fait mourir.

Mais où est tu Portugal, qui fait mon bonheur!?

Mais où est tu Portugal, cher à mon cœur!?

José Marreiro

Les grands hommes ne meurent jamais (Grande Guerre 14/18)

Tomber au champ du départ, tomber comme par hasard, tomber à l’âge indu, c’était peut-être hier, je ne sais plus…

Sans les définir, je les sens en moi…

Tomber au temps des doutes, tomber sous le poids des voûtes, tomber sans en avoir le choix, c’était peut-être hier, enfin je crois…

Oser l’écrire, c’est les faire vivre deux fois…

Tomber sous le poids de nos maux, tomber sous la charge des fardeaux, tomber de nos peurs, c’est peut-être la fin, le crépuscule de nos valeurs…

Tomber pour la patrie, tomber dans les tranchés sans un tri, tomber sous la bannière, sans autre forme de prière…

Fou de les éclaircir, de les montrer du doigt…

Oser les mentionner, c’est les vivre deux fois…

Tomber sous les balles, tomber sous la mitraille, survivre vaille que vaille, tomber dans l’oubli c’est mourir sans un cri…

Tomber pour le Portugal, tomber sous un voile, tomber dans ce brouillard, dans ces dédales de notre histoire,

C’est mourir et mourir cent fois…

Oser les honorer, c’est les faire revivre mille fois…

José Marreiro

Là où le sang et les larmes ont coulés, l’arbre de l’oubli ne peut survivre…

La pierre survit à la mémoire de celui qui la cisèle et doit être toujours aussi vivace dans nos cœurs…

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